Il est fréquent que les enquêtes statistiques réalisées au Cambodge ne rendent pas suffisamment compte de l’activité économique des hommes, des femmes et des enfants. Les enquêteurs et les sondés ont tendance à considérer à tort que le «travail» s’entend uniquement des activités génératrices de revenus (en espèces ou en nature) et n’admettent pas que le «travail» recouvre de nombreuses activités non rémunérées qui font partie des obligations ménagères normales (notamment les travaux à la ferme, la collecte du bois de feu et de l’eau, le tissage au foyer, etc.).
Par ailleurs, il est important, cela va de soi, de disposer de statistiques reflétant correctement le travail des femmes. Aussi longtemps que les femmes resteront statistiquement invisibles, leur travail, leur vie et leurs désavantages resteront invisibles aux décideurs et aux dirigeants. Les mots ont besoin de chiffres pour influencer une intervention dans le développement. Il est clair que, si aucune mesure n’est prise pour faire figurer correctement les femmes dans les livres, la productivité de la moitié de la main-d’œuvre restera dans l’ombre. L’approche stratégique qui permet une planification plus intégrée du développement, avec prise en compte des questions de parité hommes-femmes, consiste à améliorer les statistiques sur la problématique hommes-femmes. Nous développons ce sujet dans le point qui suit.
Il ressort de l’enquête sur la main-d’œuvre au Cambodge (NIS, labour force survey) que la disponibilité d’informations relatives à la force de travail, répartie entre secteurs de production ou catégories socio-professionnelles, ne peut pas donner une réponse satisfaisante quant au fonctionnement du marché du travail. Dans ce contexte, les statistiques officielles du Cambodge ne font pas la classification distinguant de manière précise les employeurs, les travailleurs indépendants (à leur propre compte), les travailleurs familiaux et les salariés. Par ailleurs, en l’absence de distinction entre le secteur moderne et le secteur informel, la prise en compte des critères de régularité, d’autonomie et de protection peut conduire à rapprocher des catégories d’emplois des secteurs informel et moderne. Par exemple, de ce point de vue, les agents subalternes du secteur moderne ne sont pas différents de certains travailleurs du secteur informel.
Il faut noter que les problèmes de définitions et de statistiques du travail au Cambodge sont des entraves à l’élaboration de politiques du marché du travail adaptées. Sans statistiques pertinentes, les mesures sur le marché du travail ne sont sans doute pas efficaces.