2 – La santé de la population

Il faut noter tout d’abord que les infrastructures médicales et le personnel médical formé ont été décimés par les Khmers rouges : des mille médecins formés avant 1975, moins de 50 ont survécu à ce régime. Les professions juridiques ont connu une situation similaire, ce qui représente un obstacle majeur à la mise en oeuvre du programme de réformes juridiques et judiciaires. Aujourd’hui, environ 47% de la population ne bénéficie pas d’un accès adéquat aux services de santé, à cause du nombre insuffisant et de l’éloignement des centres de soins dans les zones rurales (certains centres de soins se situent à une distance d’environ 3 km des villages). Malgré les progrès importants qui ont été enregistrés, le Cambodge est toujours classé au bas de l’échelle dans la région du Pacifique Ouest. Les principales causes de mortalité et de morbidité infantiles et post-infantiles au Cambodge sont l’infection par le VIH/sida, les maladies diarrhéiques, les infections respiratoires aiguës, les maladies pouvant être prévenues par un vaccin, la dengue hémorragique et le paludisme. La malnutrition protéocalorique et les carences en oligo-éléments, notamment le fer, l’iode et la vitamine A, sont également courantes. Environ 56 % des enfants de moins de 5 ans souffrent d’une malnutrition chronique. À l’heure actuelle, seuls 63 % des enfants âgés de 1 an bénéficient de vaccinations contre la tuberculose, la polio et la rougeole. Le taux d’infection par le VIH/sida qui ne cesse de croître met en péril la poursuite d’une croissance économique soutenue, celle-ci devant suivre un rythme permettant de mettre en œuvre et de maintenir les initiatives de lutte contre la pauvreté envisagées par le gouvernement. Les femmes souffrent d’un accès limité aux services de santé de la reproduction, surtout dans les zones rurales, là où les besoins se font le plus sentir. L’anémie est une cause importante mais évitable de mortalité et de morbidité maternelles au Cambodge. Il faut élargir la prestation de services d’hygiène sexuelle s’agissant de la propagation du VIH, afin de protéger les femmes et les enfants 281 .

Les coûts liés à la santé et à l’éducation imposent un lourd fardeau à la population, surtout les démunis. Le coût des soins médicaux, qui représente environ 30% des dépenses familiales, a été incriminé comme étant l’une des principales causes de dette chez les groupes pauvres et vulnérables. De l’ensemble des dépenses effectuées pour des services de santé, soit environ 12 % du PIB en 1995-01, les menues dépenses de la famille représentaient 82 % du total, et l’aide officielle des bailleurs de fonds et des financements directs du côté des ONG (réunis) 14 %. De même, le coût des services d’enseignement est supporté de manière disproportionnée par les pauvres. Le coût afférent à l’envoi d’un seul enfant à l’école primaire représente un quart de toutes les dépenses non alimentaires par habitant dans le quintile regroupant les plus pauvres, tandis qu’un enfant qui fréquente l’école intermédiaire absorbera 57 % des dépenses non alimentaires 282 .

La nourriture est le besoin humain le plus fondamental, et le riz est l’aliment de première nécessité pour tous les Cambodgiens. En 2001, le Cambodge a enregistré son premier surplus (ne serait-ce que modeste) depuis la veille de la guerre civile à la fin des années 1980, et un excédent de production a été enregistré chaque année depuis. Cependant, de nombreux Cambodgiens n’ont pas accès à cette alimentation de base en raison d’un pouvoir d’achat insuffisant (le riz étant vendu en Thaïlande et au Viêt-nam à des prix plus élevés que ne peuvent se permettre les Cambodgiens les plus pauvres), ainsi qu’en raison des systèmes de transport et de commercialisation inadaptés. De plus, le système de production agricole reste très vulnérable aux catastrophes naturelles et à des dégâts causés par les nuisibles, d’où d’importantes variations dans le rendement. En dépit du surplus actuel, près de la moitié des 24 provinces sont des zones en déficit vivrier, et une tranche considérable de la population n’est pas en mesure de satisfaire ses besoins minimaux en matière de riz ; les périodes critiques se situant généralement entre mi-juillet et mi-octobre. Les groupes composés de personnes déplacées ou de réfugiés rapatriés sont tout particulièrement susceptibles de souffrir d’un manque de nourriture. Outre la pénurie de riz pour de nombreuses personnes, la consommation de cette céréale seule n’assure pas un apport diététique suffisant. Pour une grande partie de la population, le riz représente plus de 70 % de la ration calorique quotidienne et environ 40 % des dépenses liées à l’alimentation 283 .

Parmi les contraintes dont nous venons de parler et qui font obstacle au fonctionnement du marché du travail cambodgien, il faut signaler que le droit du travail n’a fait son apparition que très tardivement dans la société Khmère et que son application reste encore aléatoire.

Notes
281.

CDC (2002), « Priorité de développement socio-économique et le besoin d’aide publique pour le développement », Phnom Penh, Cambodge, page 4.

282.

Idem, page 5.

283.

Idem.