3 – Dollarisation

Dans d’importantes parties du Cambodge, le dollar US et la monnaie nationale (le riel), coexistent harmonieusement. À Phnom Penh, l’une ou l’autre des devises est généralement acceptée pour les transactions de la vie courante. Les transactions commerciales importantes et l’établissement d’actifs sont toujours réalisés en dollars US. À la campagne, les transactions de la vie courante sont plutôt effectuées en riels. Dans les zones frontalières, le baht thaïlandais est également largement utilisé. La dollarisation de l’économie est une conséquence directe de la destruction des institutions économiques et financières après 1975, de la mauvaise gestion économique dans les années 80 et des flux d’entrée importants de dollars US dans les années 90. Il existe un marché des changes très actif, géré par des changeurs habilités et il n’y a aucune restriction sur les transactions internationales.

L’empressement à accepter le dollar comme monnaie a apporté de nombreux avantages. Ce choix a permis de soutenir la reconstruction à ses débuts, a aidé le Cambodge à faire face à la crise asiatique et a également protégé les producteurs et les négociants des risques liés au taux de change. Cependant, le fait de compter sur une autre devise signifie que la possibilité d’utiliser la politique monétaire comme instrument de régulation est réduite, ainsi que le moyen pour l’État de toucher des revenus provenant du seigneuriage, ou du droit d’émettre une devise étrangère. La prolongation de la dollarisation soulève d’importantes questions concernant la compétitivité des exportations, en particulier dans le cadre d’une réglementation du salaire minimum. C’est ce que nous verrons dans la discussion qui suit, dans la partie concernant les réglementations du marché du travail, où les salaires minima doivent se situent largement au-dessus des salaires du marché.

La « dé-dollarisation » serait en effet une possibilité de produire des recettes de seigneuriage. Toutefois, étant donné l’étendue de la dollarisation, le changement est rendu difficile. Les critères nécessaires à la « dé-dollarisation » sont : une stabilité économique globale, un système bancaire efficacement restructuré incluant un réseau dans l’ensemble du pays et un marché des valeurs publiques. Un arrangement monétaire entraînant la parité du riel et du dollar serait difficile à maintenir avec un système bancaire non encore réformé et une situation fiscale encore fragile.