2 – La bureaucratie et la corruption paralysent l’activité économique

Il est évident que la corruption entrave le développement économique. Au Cambodge, la corruption est un problème d’ampleur nationale. La corruption a pour effet d’empêcher le Cambodge de surmonter ses plus grands obstacles au développement, de décourager les investissements étrangers et locaux, de saper la confiance dans les institutions publiques et d’exacerber les difficultés budgétaires en privant les gouvernements d’une part non négligeable de recettes douanières et fiscales.

Seuls les puissants peuvent parvenir à développer une affaire. On pourrait mener une enquête sur les quelques « grandes » entreprises cambodgiennes, quasiment tous leurs dirigeants ont une relation de parenté avec les membres du gouvernement. Cet état des choses est connu de tous, car ces « grandes » entreprises constituent souvent des monopoles dans des branches d’activité clés. Ainsi les grossistes en farine (appartenant au groupe des privilégiés) imposent des prix élevés (deux fois plus élevés qu’au Vietnam), contrôlent activement les importations et surtout la contrebande. Non seulement ces entreprises profitent d’avantages particuliers, mais elles imposent aux plus petites des contraintes supplémentaires qui s’ajoutent aux tracasseries administratives.

Toutes les démarches sont longues et complexes. La plupart du temps, il faut commencer souvent par avoir une autorisation, une attestation, etc. qui autorise le début des démarches.

Chaque document comprend un certain nombre de tampons qu’il faut obtenir moyennant finance. Pour accélérer le processus, il est souvent demandé à l’usager un petit supplément monétaire. Par exemple, le prix pour obtenir un passeport peut aller de 100 dollars à plus de 1000 $ selon les délais (entre 1 jour et 1 mois).

Ces pratiques bureaucratiques ne concernent pas seulement les entreprises informelles, celles du secteur moderne “ non protégées ” subissent les mêmes contraintes.

La banque mondiale dans son étude préalable en juin 2003 313 établit la liste des formalités que doivent remplir les exportateurs, par exemple, elle relève que 37 documents et 15 tampons sont nécessaires par containers. Son enquête dévoile que les exportateurs doivent payer 50% de taxes non officielles (pots de vin). Les quotas attribués aux entreprises de confection occasionnent un reversement de 60% des profits pour le gouvernement, ce qui réduit fortement la compétitivité des entreprises implantées au Cambodge.

Lorsque les ressources publiques ne sont pas utilisées de façon transparente, responsable et honnête, l’État ne parvient pas à se rendre crédible et à exercer son autorité. Une corruption omniprésente a donc pour effet de faire obstacle à la bonne gestion des affaires publiques et privées. Elle entraîne aussi, que ce soit dans le secteur public ou le secteur privé, une mauvaise utilisation des ressources déjà peu abondantes, ce qui a de lourdes conséquences pour l’ensemble de l’économie. La corruption est donc source d’une inquiétude grandissante au Cambodge. Elle est suscitée et nourrie par un ensemble complexe de phénomènes aux racines profondes, liés à la nature des systèmes social, politique, économique et administratif, notamment au rôle souvent excessif de l’État, aux méthodes bureaucratiques d’affectation des ressources, au manque de transparence et à l’insuffisance des efforts déployés pour faire respecter la loi.

Notes
313.

Banque Mondiale (2003), Towards a private sector-led growth strategy for Cambodia, Value chain analysis Vol 1, Juin.