Conclusion

En dépit des progrès sensibles réalisés en vue de la création d’un environnement favorable pour le développement du marché du travail et surtout du secteur privé, il reste de nombreux défis à relever avant de mettre en place l’infrastructure physique, juridique et financière indispensable à la promotion d’un secteur privé dynamique. Jusqu’à ce jour, la proportion de la population active employée dans le secteur formel (emplois salariés) reste faible. En 1999, seuls 15 % de la population active – moyenne nationale – étaient employés dans le secteur formel. Cette proportion est de 53 % à Phnom Penh et seulement 11 % dans les zones rurales. Le chômage et le sous-emploi sont importants, et le faible revenu de ceux qui ont un emploi constitue un problème. Les salariés gagnent en moyenne 43 dollars US par mois. Une grande partie de la population active – environ 46 % du marché du travail – se considère comme travailleurs familiaux non rémunérés. Dans les communautés rurales, plus de deux tiers des femmes se disent travailleurs familiaux non rémunérés, tandis qu’à Phnom Penh, seulement un cinquième des femmes sur le marché du travail se présentent ainsi. En raison du taux élevé de croissance démographique, les effectifs de la population active – estimé à 5,1 millions en 1998 – devraient augmenter, chaque année, d’environ 228 000 nouveaux demandeurs d’emploi, dont la plupart ne posséderont qu’un très faible niveau de compétence. Or, offrir des emplois productifs à ces nouveaux arrivants, aux soldats démobilisés et aux fonctionnaires licenciés pour cause de suppression d’emploi, sans compter les sans-emploi et les travailleurs sous-employés, sera une tâche très difficile, et nécessitera une expansion rapide de la demande de main-d’œuvre dans le secteur privé (à la fois formel et informel). Les efforts consentis par le gouvernement en vue de faciliter le développement axé sur le secteur privé et la mise en valeur des ressources humaines revêtent donc une importance cruciale.

La croissance favorable en emploi repose donc plus ou moins sur une dynamique accrue du secteur privé et des actions adaptées en sa faveur (par exemple, à travers, une législation ou un système de financement de micro crédit adaptée).

En somme, les contraintes du développement du marché du travail et du secteur privé au Cambodge peuvent être résumées de manière suivante :

Bref, il apparaît que le développement du marché du travail et du secteur privé a longtemps été ralenti par un formidable ensemble de contraintes structurelles et de blocages résultant de politiques économiques inadaptées aux exigences du monde moderne. Ces contraintes et ces blocages sont d’autant plus redoutables qu’il est presque impossible d’attaquer simultanément tous les problèmes. En pourtant, à long terme, seule une stratégie globale de développement intégré (les politiques conjoncturelles, structurelles, voire sectorielles) permettra de créer un environnement favorable à l’expansion de l’initiative privée et publiques. Cette stratégie de développement est à la base des politiques économiques cambodgiennes que nous essayerons de développer dans le chapitre suivant.