4 – Améliorer la qualité de l’intermédiation financière

Les difficultés d’accès au crédit pour les entreprises restent un problème crucial qui mérite un traitement approprié dont la responsabilité incombe à toutes les parties concernées, Etat et entreprises.

Au Cambodge, les difficultés d’accès au crédit constituent la contrainte la plus importante parmi celles que rencontre le secteur privé. Cette contrainte se décline différemment d’une entreprise à l’autre, mais elle se traduit généralement par l’impossibilité pour les PME de présenter les garanties exigées ou de réunir des capitaux propres à court terme (besoin ponctuel de trésorerie pour répondre à un marché) ou à plus long terme (fonds de roulement permanent, besoin d’investissements pour les équipements…). Les entreprises regrettent aussi la lenteur avec laquelle les demandes sont parfois examinées.

La qualité des dossiers présentés, l’absence d’états financiers ou de références suffisantes (en particulier pour les nouvelles entreprises) et la méconnaissance ou la réputation de secteurs dits « à risque » motivent aussi de nombreux rejets.

En tout état de cause, afin de promouvoir les nouvelles entreprises, les conditions d’accès au crédit devraient être facilitées tant pour financer le cycle d’exploitation (fond de roulement) que les investissements. Les mesures suivantes nous semblent indispensables :

Le financement demeure le problème majeur du créateur d’entreprise. Toutes les mesures (dans le domaine légal ou réglementaire) qui pourraient contribuer à l’émergence de capitaux à risque (qui favorisent et accélère le développement des entreprises) devraient être examinées. La difficulté de financement affectant principalement les petits projets, un accès privilégié à ce fonds devrait être établi pour ces derniers.

En somme, après plus de six ans de réforme, le Cambodge qui a fait la preuve de sa stabilité, montre qu’il est capable de rester fidèle au système d’économie de marché et aux impératifs de sa nouvelle stratégie de développement et qu’aucun changement majeur dans la situation politique et sociale du pays ne mettra en danger les acquis et les grandes orientations de l’action gouvernementale. Le gouvernement a bien l’intention de lever des contraintes pesant sur le secteur privé. Il pense que la plupart des réformes formelles nécessaires à l’amélioration du climat des affaires ont été prises ou sont en cours de préparation. Certes, un dialogue de plus en plus étroit et confiant entre le secteur public et le privé, comme d’ailleurs entre le gouvernement et ses partenaires, est indispensable pour corriger d’éventuelles erreurs, réviser des politiques, redresser des programmes, remanier des textes de lois et décrets d’application et moderniser constamment le cadre juridique et réglementaire. Mais désormais l’essentiel n’est plus là. Le grand défi des prochaines années sera moins d’inventer de nouvelles réformes, que d’appliquer rigoureusement et efficacement celles qui ont déjà été décidées. C’est donc de plus en plus sur la fermeté de ses politiques, la continuité de ses stratégies, l’application fidèle des règles établies, la rigueur de la gestion et l’exécution efficace des programmes, que sera jugée la performance du gouvernement et sa capacité d’attirer des flux croissants d’investissement national et étranger.

Bref, les perspectives du développement du secteur privé au Cambodge peuvent être résumées de manière suivante :

Bien que la solution à long terme du problème de l’emploi consiste à retrouver un taux élevé de croissance de l’emploi dans le secteur moderne, le développement du secteur informel présente, lui aussi, des avantages indéniables. Tout d’abord, la plupart des activités de ce secteur sont des activités à fort coefficient de main-d’œuvre. Le secteur informel permet donc de créer des emplois assez facilement et il constitue une source de moyens d’existence ou un «filet de sécurité» pour les ménages pauvres. De surcroît, les expériences réussies des petites entreprises, essentiellement urbaines, fonctionnant dans le secteur informel au Cambodge ont montré que, grâce à leurs interactions et à leur concurrence avec le secteur formel, ces activités parallèles ou à petite échelle permettent non seulement d’absorber l’excédent de main-d’œuvre mais également d’assurer une croissance rapide 347 .

C’est ainsi que le secteur informel est devenu un thème d’étude privilégié pour comprendre les dynamismes économiques spécifiques, les stratégies de vie et de survie des acteurs urbains 348 .

Notes
346.

Les mesures pour identifier et sanctionner la fraude et la corruption signaleront la volonté d’un changement radical dans la politique et les pratiques des autorités cambodgiennes, qui ne toléreront plus l’enrichissement illicite.

347.

World Bank, Toward a Private Sector Led Growth Strategy for Cambodia, Volume 1 Value Chain Analysis, prepared by Global Development Solutions, June 2003.

348.

Des organismes internationaux tels que la Banque Mondiale, le Fond Monétaire International, la Banque Asiatique de Développement, le Bureau International de Travail ainsi que d’autres institutions de recherche en économie, s’intéressent au secteur informel en raison de son expansion et du rôle effectif qu’il joue (rôle positif d’amortisseur des chocs en périodes de crise en absorbant l’excédent de main-d’œuvre).