3 – Les mesures de promotion du secteur informel

Pour promouvoir ce secteur, un certain nombre d’entrepreneurs importants du secteur informel du Cambodge devraient s’organiser en coopératives ou en groupes auto-assistés 355 . Les syndicats, eux aussi, devraient se préoccuper davantage des problèmes des travailleurs du secteur informel. Ils devraient mettre au point des programmes d’action, comme aux Philippines par exemple 356 , pour aider les travailleurs du secteur informel et leurs familles. C’est incontestable que les initiatives des autorités cambodgiennes sont encore limitées et sporadiques. Des approches novatrices établies par l’OIT 357 , fondées surtout sur l’autorégulation et une amélioration des conditions de travail liées à l’essor et à la productivité des entreprises, visent à sensibiliser les entrepreneurs du secteur informel au fait qu’il est possible de réaliser des améliorations simples d’un faible coût et que l’amélioration des conditions de travail peut permettre d’obtenir de meilleurs résultats, un meilleur revenu et un plus grand bien-être.

Les responsables politiques du Cambodge sont de plus en plus conscients de la nécessité de promouvoir activement la croissance du secteur informel. Une action gouvernementale est nécessaire à cet effet, notamment au niveau local, pour supprimer les règlements non indispensables qui s’opposent à la création et à la croissance des entreprises. En effet, une réglementation trop restrictive favorise le développement d’un secteur illégal qui nuit à l’activité du secteur informel. Toutefois, la suppression de ces obstacles doit s’accompagner d’une protection des droits fondamentaux, de mesures de protection de la santé et de la sécurité des travailleurs, et de l’amélioration progressive des conditions générales de travail 358 . Etant donné que le secteur informel comprend à la fois des activités de simple subsistance et des activités à petite échelle ayant un potentiel de croissance et de progrès technique, les politiques pertinentes devront viser essentiellement à favoriser la modernisation du secteur. Cela exige, selon le BIT 359 , une amélioration de l’accès aux capitaux, à la technologie, aux qualifications et aux infrastructures nécessaires, ainsi que de meilleures liaisons entre les entreprises, les fournisseurs et les producteurs, et entre les autorités locales et les associations d’entreprises. Les entreprises du secteur informel doivent faire face à de nombreux obstacles dans l’accès au crédit au même titre que le secteur moderne, et cela en raison du manque de garanties. Un bon système de crédit doit permettre de contourner les exigences normales en matière de garanties et de mettre en place d’autres solutions telles que les garanties de groupe, comme cela a été fait avec succès au Bangladesh par la banque Grameen 360 .

Il est difficile d’assurer la promotion des activités informelles. Cependant, la politique en ce domaine peut-être résumée dans trois directions (recommandation de l’OIT pendant le 78ème session de Conférence International du Travail) 361  :

Toutes ces initiatives peuvent avoir des effets favorables sur le développement, mais leur effet sur l’emploi sont plus incertains.

En rapprochant la gestion des activités informelles de celles des activités modernes, les améliorations introduites peuvent également restreindre les débouchés et empêcher les activités modernes de jouer leur rôle dans la résorption du chômage. Il est certain en effet que l’amélioration qualitative des activités informelles rendra plus difficile l’insertion d’individus non formés et dépourvus de capitaux 362 .

L’action en ce domaine doit donc être prudente et nuancée sous peine de produire des effets inverses à ceux qui sont attendus.

Notes
355.

Ces mesures ont été mises en place dans certains pays africains (Sénégal, Congo, Burkina Faso, Malie…) pendant les années 1990, suite à la recommandation de l’OIT.

BIT (1991), « Le dilemme du secteur non structuré », Conférence Internationale du Travail, 78ème session, Genève.

356.

OIT, (2003), « Le secteur informel aux Philippines », Genève.

357.

Bertrand Gaufryau et Carlos Maldonado, (2002), « Politique de l’Etat envers le secteur informel : Burkina Faso », Bureau International du Travail, document de recherche.

358.

BIT (1991), « Le dilemme du secteur non structuré », Conférence Internationale du Travail, 78ème session, Genève.

359.

Idem.

360.

Bertrand Gaufryau et Carlos Maldonado (2002), « Secteur informel : Fonctions macroéconomiques et Politiques gouvernementales : le cas du Bangladesh », Bureau International du Travail, Document de recherche.

361.

BIT (1991), « Le dilemme du secteur non structuré », Conférence Internationale du Travail, 78ème session, Genève.

362.

Bertrand Gaufryau et Carlos Maldonado, « Secteur informel : Fonctions macroéconomiques et Politiques gouvernementales : le cas du Bangladesh », Bureau International du Travail, Document de recherche, 2002.