1 – Le renforcement du secteur primaire

Le secteur primaire cambodgien traverse une période difficile. En effet, il est confronté à certaines tendances lourdes et plusieurs contraintes qui continuent de peser sur ses performances. Ces tendances lourdes sont aujourd’hui : les calamités naturelles, la baisse constante des investissements publics et privés et le nombre croissant des paysans sans terre. Les contraintes technologiques viennent à leur tour aggraver la situation, un faible niveau voire l’absence d’encadrement des populations, la dégradation des sols, la faible disponibilité de semences de qualité. Il faut constater par ailleurs que le secteur subit également des contraintes financières et économiques, la faiblesse de l’épargne et de l’investissement en milieu rural, la détérioration des termes de l’échange et des prix des produits agricoles, l’endettement des producteurs, les coûts élevés des facteurs de production, l’inadaptation du crédit agricole…etc.

Conjuguées à d’autres facteurs, (mauvaise organisation des circuits de commercialisation, mauvaise qualité des pistes de production, manque d’infrastructures de stockage et de transformation…), ces faiblesses sont à l’origine du déséquilibre financier et de l’absence de compétitivité des filières à l’exportation et de la très forte prévalence de la pauvreté en milieu rural.

Comme le Cambodge est encore un pays agricole et rural, nous pensons que la dynamisation du secteur primaire devrait avoir un double impact positif sur le développement économique. Le premier est d’ordre structurel, sachant que les ressources agricoles permettraient un renforcement de la structure de l’économie via la transformation industrielle des produits agricoles et leur exportation, permettant ainsi l’équilibrage de la balance des paiements et le développement des activités industrielles. Le deuxième effet positif réside dans le fait que la croissance de ce secteur va permettre une amélioration immédiate des revenus moyens des paysans et donc une réduction de la pauvreté.

Vu l’importance de ce secteur, nous croyons que des mesures immédiates de développement devraient être mises en place et surtout celles-ci devraient être examinées à niveau national :

  • Mise en place une infrastructure rurale : celle-ci contribuera à la viabilité des économies rurales. Il s’agira de réseaux routiers, de structures de stockage et de fourniture d’eau pour la culture irriguée, d’une offre de services sociaux, tout en permettant d’attirer et de créer les ressources humaines qualifiées nécessaires au développement des économies rurales.
  • Améliorer les activités agro-industrielles : le but est de fournir des matières premières, des intrants et des services agricoles aux communautés rurales, ainsi que des entreprises agro-industrielles de stockage, de conditionnement, de transformation et de commercialisation des produits agricoles tout en assurant plus efficacement le lien entre les entreprises privées et les ménages ruraux.
  • Renforcer le financement agricole : une mobilisation de l’épargne et une facilitation de l’accès au crédit pour les paysans et les communautés rurales vont avoir des effets certains sur le développement agricole. Il s’agit là d’améliorer les investissements dans le domaine agricole de manière à favoriser et maintenir la croissance économique rurale.
  • Le renforcement des capacités internes est indispensable et consistera à : renforcer la capacité des institutions gouvernementales par la décentralisation de tous les services gouvernementaux en faveur de la population rurale ; renforcer la capacité des communautés de base pour permettre aux population rurale de fixer leurs priorités et d’accéder à l’aide correspondant à leurs besoins ; renforcer la capacité des paysans à travers un système efficace d’éducation générale et agricole ; enfin, apporter un appui institutionnel aux organismes professionnels émergeants en assurant la promotion du développement du secteur agricole.
  • enforcer l’intégration régionale des marchés de produits agricole en augmentant la compétitivité nationale sur la scène internationale.
  • Réduire la vulnérabilité des activités agricole : longtemps les performances agricoles cambodgiennes ont été dépendantes du niveau de pluviométrie. La promotion de l’hydraulique rurale va constituer une des clés de la stratégie de croissance.
  • Améliorer la productivité et diversifier l’agriculture : transformer l’état présent d’une agriculture traditionnelle familiale vers une agriculture plus intensive en augmentant les surfaces cultivables ; créer un environnement favorable à la participation du secteur privé dans le domaine agricole dans le cadre de la concession foncière sociale ; apporter de nouvelles technologies ; renforcer le système d’approvisionnement des intrants et mettre en place des conseils agricoles.