II – Les mesures envisageables pour le Cambodge : le développement des infrastructures physiques comme enjeu à long terme

Depuis le renouveau de sa politique économique en 1998, le Gouvernement Cambodgien accorde aux infrastructures une place centrale dans sa stratégie de développement national et d’ouverture à l’économie mondiale. Cette orientation a été confirmée dans le Plan Stratégique de Réduction de la Pauvreté (PSRP) adopté par le Cambodge en 1999, et révisé tous les deux ans, en 2002 et 2004. Cependant, s’il est intuitif et proche du truisme, le lien entre l’équipement en infrastructures et la croissance en emplois mérite une analyse plus approfondie. A l’évidence, une croissance économique durable et équitable suppose bien d’autres choses encore : un environnement favorable au développement du secteur privé, un cadre juridique stable, une concurrence saine entre opérateurs économiques, une gouvernance et une administration publiques efficaces, un ensemble de protections sociales, etc. Mais ces diverses conditions ne sauraient se substituer à une politique active d’investissement public dont elles sont précisément susceptibles de renforcer l’utilité et l’efficacité.

L’histoire de l’Aide Publique au Développement (APD) 376 est aussi celle d’une relative déception des bailleurs de fonds devant l’impact souvent insuffisant des ambitieux projets d’équipement en infrastructures qu’ils finançaient au Cambodge et qui n’ont souvent laissé comme seul héritage que celui d’un excès d’endettement. Les échecs répétés de très grands projets de réforme économique du Gouvernement Cambodgien ont laissé entendre que les investissements lourds en capital physique constituaient une approche peu efficace, davantage quantitative que qualitative, de l’aide. Les financements massifs à destination du Cambodge ne se sont pas traduits par la mise en place d’une croissance en emplois. Ils ont laissé pour héritage une dette excessive dont le service a absorbé les ressources financières disponibles, qu’il s’agisse de l’épargne locale ou même des apports extérieurs d’APD dans le cadre de l’ajustement structurel. Déception et contrainte financière expliquent la réelle désaffection qu’ont connue les infrastructures au Cambodge, avec une chute très sensible de leur financement au cours de ces dernières années.

Notes
376.

Pour le détail voir : CDC (2002), « Priorité de développement socio-économique et le besoin d’aide publique pour le développement », Phnom Penh, Cambodge, page 93.