1 – Fixer l’objectif (clair et précis) du programme de développement des infrastructures

Quelles seront les sources du succès cambodgien à l’avenir ? Comme le souligne le PNUD (1999) 377 , au cours des années 1993-1998 le principal facteur de croissance en emploi a été la croissance économique liée à l’attribution de terres aux petits paysans, à la libéralisation et à la diversification agricoles. Les cours assez favorables des prix de certains produits primaires, stratégiques pour le Cambodge, ont également participé à cette dynamique.

Toutefois, les bénéfices de cette révolution agricole sont sans doute largement épuisés. La création future des emplois au Cambodge devra probablement reposer sur d’autres mécanismes, notamment le développement des secteurs non-agricoles, aussi bien dans les villes que dans les campagnes. Pour cela, le Cambodge doit compter sur sa vaste main d’œuvre bon marché qui peut favoriser l’expansion de secteurs fortement consommateurs de travail (labour intensive sectors). Le rapport 2003 du PNUD 378 sur le développement humain du Cambodge renouvelle ce constat et cet avertissement.

C’est à la lumière de ce besoin de renouvellement des sources de la croissance cambodgienne que la réflexion sur les infrastructures doit être comprise : au croisement de la provision des services essentiels, des effets externes d’entraînement sur l’ensemble de l’économie, et de l’aménagement d’un territoire soumis à la fois à la prévalence de la pauvreté rurale et à une pression démographique importante, notamment dans des villes qui canalisent l’exode rural. Ce dernier est partie prenante de la dynamique de croissance, accompagnant à la fois les gains de productivité dans l’agriculture et le décollage d’activités industrielles dans les centres urbains.

En fait, il nous semble souhaitable que les programmes d’infrastructure envisagés n’aient pas seulement pour objectif de réduire les poches de pauvreté existantes, ce qui appelle un effort d’équipement et de désenclavement des campagnes, mais aussi d’empêcher la création et le développement des nouvelles poches de pauvreté qui caractérisent les processus d’urbanisation insuffisamment maîtrisés, ce qui nécessite d’importants investissements dans les villes, notamment en ce qui concerne la viabilisation (électricité, eau potable, assainissement, communications) et les transports. Dans le contexte d’une dynamique de croissance, la pauvreté se transforme, et les stratégies de réduction de la pauvreté et donc le développement des emplois doivent prendre en compte cette transformation.

Notes
377.

PNUD (Programme des Nations Unis pour le Développement), « Rapport sur le développement humain », 1999.

378.

PNUD, « Rapport sur le développement humain »,2003.