2 – Poursuivre la réforme des services publics

Le Cambodge doit penser à de nouvelles façons de gérer ses services publics. Les travailleurs (surtout la population la plus défavorisée) sont en effet trop souvent privés d’un accès aux infrastructures publiques de base ; et même lorsque ces dernières sont présentes, elles sont généralement d’une faible qualité. C’est donc par nécessité qu’un esprit de réforme doit être diffusé à travers le pays, avec plus ou moins de force selon les provinces. Nous pouvons noter les principales lignes directrices : le fractionnement de services jusque-là intégrés verticalement (production, distribution, facturation…), la privatisation de certaines unités ainsi créées, leur mise en concurrence, l’établissement de mécanismes de régulation davantage autonomes et indépendants des autorités politiques, la décentralisation au bénéfice d’une prise en charge des investissement publics par les autorités locales, la participation active des citoyens, notamment les plus pauvres, aux choix d’investissements et au contrôle de leur efficacité.

Au Cambodge, l’accroissement rapide de la population, des revenus et des attentes sociales se traduit par une très forte croissance de la demande de services publics. L’Etat seul ne peut y faire face durablement, ni en ce qui concerne la capacité de gestion, ni en termes de ressources financières. La programmation des investissements publics se heurte d’ailleurs à une contrainte budgétaire sensible, puisque le déficit public atteint 6,14% du PIB. Plus généralement, l’épargne nationale a fait un progrès, mais ne suffit pas à financer le besoin d’investissements du pays (ce qui se traduit par un accroissement du déficit des paiements courants). Le gouvernement doit entreprendre de mobiliser les ressources financières locales et étrangères, d’ouvrir certains services au secteur privé. Considérons par exemple les secteurs de la santé et de l’éducation. Dès les années 1980, un nombre croissant de prestations sociales, totalement gratuites auparavant, ­ont fait l’objet du processus dit de « socialisation » par lequel elles sont désormais en partie facturées aux bénéficiaires, alimentant ainsi le budget des institutions publiques. Ecoles privées et hôpitaux privés sont quant à eux apparus au milieu des années 1990 pour une clientèle aisée. Cette évolution a répondu à l’explosion des besoins en soulageant le fardeau administratif et financier des autorités publiques. Les secteurs sociaux devraient s’ouvrir dès aujourd’hui aux investisseurs étrangers, à l’exemple de l’Hôpital franco-cambodgien de Phnom Penh (Calmette).

Bien au-delà des seuls secteurs sociaux, le Cambodge est appelé à faire évoluer la gestion et les modes de financement de la quasi-totalité de ses infrastructures et services publics.