2 – Politique de mise en valeur des ressources humaines

La rapidité de la mondialisation et de la libéralisation a entraîné une intensification de la concurrence internationale et, de ce fait, la mise en valeur des ressources humaines a acquis une importance considérable. La conception traditionnelle de la politique de l’emploi consiste à promouvoir des secteurs de production pouvant absorber une main-d’œuvre nombreuse. Toutefois, cette stratégie fait en grande partie appel à une main-d’œuvre non qualifiée et risque d’être battue en brèche par les changements technologiques et organiques opérés au sein des entreprises multinationales.

Dans une stratégie de mise en valeur des ressources humaines, l’avantage concurrentiel de l’économie ne réside ni dans les produits de base ni dans les faibles salaires de la main-d’œuvre, mais dans les qualifications, l’esprit d’entreprise et la recherche. L’efficacité de la politique de mise en valeur des ressources humaines est attestée par le fait que la transformation structurelle de l’économie est facilitée par la qualité croissante de l’offre de main-d’œuvre et non plus essentiellement par la demande de main-d’œuvre non qualifiée.

Les politiques de mise en valeur des ressources humaines sont désormais au centre des préoccupations touchant le développement économique et social du Cambodge. L’impact énorme de ces politiques non seulement sur la productivité de la main-d’œuvre (et, partant, sur la compétitivité internationale), mais également sur la qualité de vie (eu égard à leurs effets favorables pour ce qui est de l’exclusion sociale, de l’atténuation de la pauvreté et de l’égalité) est de plus en plus ressenti.

Ces dernières années, les systèmes d’enseignement et de formation professionnelle du Cambodge ont fait l’objet d’un examen critique. Le pays a mis en œuvre des réformes globales. L’attention s’est surtout portée sur le décalage entre l’emploi d’une part, et l’enseignement et la formation professionnelle d’autre part, c’est-à-dire sur l’adéquation des programmes. Au sein du Cambodge, nous notons la coexistence d’un assez grand nombre de chômeurs associée à une pénurie de travailleurs possédant les qualifications particulières requises par le marché du travail. On observe en outre que des travailleurs en surnombre ne possèdent pas la qualification tout juste suffisante pour leur emploi (cf. MPDF 2004). Dans ces conditions, le défi ne consiste pas seulement à augmenter les qualifications des travailleurs, mais également à sélectionner les qualifications demandées. Un enjeu connexe consiste à accroître les compétences du personnel enseignant grâce à des programmes de formation mieux adaptés accordant davantage d’importance aux liaisons avec le monde professionnel.

Un autre problème se pose à propos de l’adéquation de la formation, c’est celui de la réceptivité des travailleurs à la formation. Le Cambodge réoriente de plus en plus ses systèmes d’enseignement et de formation professionnelle en élargissant leurs bases de façon à renforcer les compétences essentielles des participants et à leur permettre de suivre le progrès technique.

Un autre facteur important est celui du transfert des qualifications. D’une façon générale, le système d’équivalences entre les qualifications délivrées par des institutions d’enseignement du pays et au-delà est bien appliqué. Par conséquent, les travailleurs ne rencontrent guère de difficultés pour faire reconnaître leurs compétences sur la base des diplômes et certificats obtenus, ce qui est particulièrement important dans un contexte de la mondialisation et de migrations transfrontières. Pourtant, au Cambodge, il reste encore beaucoup à faire en matière de normalisation des qualifications. L’harmonisation des normes de qualification contribuerait largement à l’amélioration des conditions de travail.

L’examen des systèmes de formation au Cambodge a mis en évidence la nécessité de vouer une attention particulière aux problèmes de qualification. Des efforts ciblés devront être déployés pour accroître les possibilités de formation des travailleurs (notamment des femmes, des travailleurs du secteur non structuré ou informel, des travailleurs âgés et des travailleurs handicapés).

Les efforts d’amélioration des systèmes d’enseignement et de formation professionnelle visent à faire en sorte que ces systèmes s’adaptent plus rapidement aux nouvelles possibilités d’emploi. En même temps, les planificateurs politiques cambodgiens ont reconnu la nécessité de viser certains objectifs à plus long terme compte tenu du fait que le marché du travail pourrait accepter des méthodes de production moins efficaces et des travailleurs moins qualifiés en cas de pénurie de travailleurs mieux formés. Etant donné les délais nécessaires pour mettre en valeur les ressources humaines, et notamment pour répondre à la demande des industries de pointe (qui peuvent être bientôt créées), le cadre politique et réglementaire doit être réorganisé afin de mieux soutenir la formation et le perfectionnement des travailleurs de ces secteurs, l’accent étant mis particulièrement sur une participation accrue des femmes. Les entreprises et les organisations internationales devraient participer et soutenir les efforts déployés par les autorités nationales.

Etant donné les limites du financement public et la demande croissante dans le domaine de la formation professionnelle au Cambodge, il a fallu trouver d’urgence d’autres sources de financement. Il en est résulté un processus de décentralisation de la planification et de la mise en valeur des programmes de formation professionnelle. Parallèlement, une approche participative et communautaire de la formation professionnelle était adoptée, mettant l’accent sur l’utilisation des ressources locales, ce qui a donné une grande impulsion aux programmes de formation professionnelle du pays, notamment dans les campagnes.

Parmi les efforts déployés par les autorités nationales pour développer les ressources humaines, il faut noter le rôle constructif des organisations d’employeurs et de travailleurs. Ces organisations ont non seulement participé à la réalisation des programmes de perfectionnement des travailleurs, mais elles ont également contribué de façon significative à renforcer le rôle de formation des entreprises.

L’éducation et la formation sont donc un moyen de sortir du chômage, du sous-emploi et de la pauvreté. A cette fin, le Cambodge doit investir davantage dans ces domaines. Les politiques et les stratégies de mise en valeur des ressources humai­nes sont indispensables pour répondre aux besoins changeants du marché du travail. Assurer l’employabilité dans le contexte d’une éco­nomie en mutation qui requiert des compétences nouvelles et plus élevées, tel est l’objectif vital d’une révision des systèmes d’éducation et de formation.

Parmi les défis actuels, il y a ceux qui découlent du rythme sou­tenu de la mondialisation et de la compétitivité internationale ainsi que de l’impact de plus en plus général des technologies de l’information et de la communication. En outre, l’éducation et la formation doivent répondre à l’évolution de l’organisation du travail et aux im­pératifs découlant du vieillissement de la population. Comme l’a montré le nombre préoccupant de diplômés de l’université se trouvent sans em­ploi en Inde, l’éducation et la formation ne peuvent être le seul vecteur de la création d’emplois. Elles doivent aller de paire avec d’autres politiques, notamment le développement économique et la promotion de l’emploi. Mais une éducation et une formation de qualité sont le meilleur moyen d’améliorer les conditions socioéconomiques et d’empêcher et de combattre l’exclusion et la discrimina­tion, notamment en matière d’emploi.

Conscientes de cette nécessité, les autorités cambodgiennes doivent réorienter leurs systèmes d’éducation et de formation de manière à dé­velopper les capacités pertinentes pour exploiter les possibilités of­fertes par une économie mondiale de la communication. Les efforts du gouvernement cambodgien sont nécessaires pour accroître l’efficacité des sys­tèmes nationaux d’éducation et de formation et ainsi promouvoir l’emploi et la cohésion sociale. Une telle approche recouvre toutes les possibilités d’éducation et de formation au Cambodge : écoles, institutions, domicile, travail et communauté.