3. Synthèse des hypothèses centrales

Dans la progression du premier chapitre j’ai voulu reproduire le cheminement qui m’a conduit à formuler la première hypothèse pour suivre le fil de ma pensée petit à petit et visionner le germe des futures hypothèses qui soulèveront d’autres problématiques qui se poseront par la suite.

Je postule que dans la mesure où les pratiques et les discours sociaux moulent la subjectivité, l’espace du groupe et celui onirique ouvriraient des voies privilégiées pour saisir l’entrecroisement du sujet de l’inconscient et du sujet du groupe, ce qui permettrait l’élaboration des vécus traumatiques que le groupe reproduit et met en scène à l’intérieur du groupe pour sa transformation.

Je propose donc un dispositif de groupe, utilisant l’analyse de rêves et la technique psychodramatique pour aborder les psychopathologies actuelles et les traumas découlant de situations sociales. Partant de la base que ces souffrances psychiques ne peuvent se résoudre qu’en tenant compte la conflictualisation entre aliénation primordiale et sociale, il est absolument indispensable d’envisager un cadre qui permettrait d’articuler la réalité psychique et la réalité sociale. Aussi ai-je crée un dispositif spécifique nécessaire au déploiement de la traversée de l’imaginaire social qui permet d’accéder à l’assemblage des espaces intra, inter et transpsychique. Cette simultanéité où se rattachent et se nouent ces espaces, ouvre une nouvelle dimension onirique groupale nécessaire pour aborder aussi bien les psychopathologies actuelles que la cure de patients ayant vécu des situations sociales traumatiques.

Dans le deuxième chapitre, partant du concept du rêve dont la trame onirique est intersubjective et transubjective, je formule cette hypothèse

La dimension groupale des rêves inaugurerait un nouvel espace de transition et de création potentialisé par sa double composante grégaire et onirique. Cette double appartenance stimulerait un mouvement rétroactif d’ouverture à la vie psychique intérieure et à la vie psychique partagée qui se rétroalimentent constamment. Aussi, les rêves dans les groupes seraient-il tant une production individuelle que groupale.

Le groupe et le rêve déclenchent des productions interprétatives découlant des nouveaux signifiants du rêve et de la scène psychodramatique.

Dans le troisième chapitre, j’étudierai le rêve traumatique pour travailler le rôle du foyer comme étayage psychique. A partir de la notion d’habitat intérieur d’Eiguer, nous pourrons approfondir les effets psychiques produits durant les expatriations ou les exils.

Par ailleurs, les rêves des patients expatriés et celui de l’Homme aux Loups illustreront la fonction étiologique et transformationnelle du rêve. A partir des analyses de ces rêves et des diverses fonctions des rêves par rapport à la constitution d’une psychopathologie.

Face à la rupture des habitudes, la fragmentation des liens sociaux et la perte de points de repères, j’ai constaté que les vécus traumatiques et certaines situations traumatiques peuvent mieux s’élaborer à travers les rêves.

Différentes vignettes cliniques illustrent cette hypothèse qui travaille sur la mise en figurabilité des rêves traumatiques.

Je ferai appel aussi à un rêve de Primo Levi qui fait preuve de la relation entre trauma, état d’indécidabilité (B. Duez) et le rêve comme espace de destination des pulsions, lorsque le sujet est désaffilié des groupes d’appartenance.

Ce constat me conduit à cette hypothèse :

Dans les situations de catastrophe sociale, les groupes fourniraient l’étayage manquant dans l’environnement. Le ré-étayage ou co-étayaye des psychismes qui s’en suit permettrait de libidinaliser les liens ainsi que les rêves traumatiques favoriserait le déploiement de l’analyse de l’histoire singulière, l’histoire du groupe et celle collective.

Le quatrième chapitre concerne l’intervention de la réalité psychique et sociale et la matière transubjective dans l’assemblage de l’espace du groupe et l’espace onirique.

J’essaierai donc de fournir un modèle qui rende compte de la conjonction de cette pluralité d’espaces. Pour ce faire, je me suis penchée sur les « cultures dreams », pour démontrer que la culture assoie ses fondements sur l’espace onirique de ses membres et l’espace onirique est à son tour traversé par la dimension culturelle, ce rapport concerne la constitution de l’imaginaire social.

Je travaillerai sur l’univers du figurable auquel on peut accéder dans cet assemblage en soutenant cette hypothèse :

L’univers du figurable ne serait accessible que par la concordance des trois espaces psychiques (intra, inter et transpsychique) qui se tresseraient dans l’espace onirique des sujets, ouvrant une nouvelle dimension psychique que j’appelle « trans-onirique ».

J’étudierai enfin le phénomène de rêves partagés du point de vue de cette dimension trans-onirique à l’aide de R. Kaës, A. Ciccone…, pour travailler sur cette dernière hypothèse :