c) Effet sur le narcissisme groupal 

Généralement, ces rêves produisent une satisfaction en elle-même dans le groupe du fait de la facilité apparente de son sens. Dans ce cas-là, J. Pontalis observe que les associations du rêve sont rares ou inexistants, ce qui lui fait penser que le sens peut rester fermé et que l’interprétation ne sera jamais pleinement atteinte.Depuis cet effet narcissique des rêves de groupe, J Pontalis suggère qu’il n’est pas possible d’interpréter ces rêves puisqu’ils obturent ces associations.

Ce point de vue de J. Pontalis, ne serait-il pas à son tour obturateur de l’analyse de ces rêves ? En effet, de même que l’auteur observe un plaisir paralysant du groupe à rester enfermé dans une figure qui lui convient, accepter de la part de l’analyste cet état de faits, ne serait-il pas aussi de l’ordre de la paralysie et du renoncement à l’analyse ? Pontalis comme pionnier de la psychanalyse groupale, a bien observé un certain nombre de phénomènes groupaux, mais a peut-être manqué d’outils à l’époque pour penser comment contourner les obstacles de certaines situations figées. Si nous nous appuyons sur Kaës qui a mis en évidence deux pôles dans les groupes, isomorphique et homomorphique, ces deux tendances s’alternent naturellement, bien qu’il existe le risque d’une cristallisation du pole isomorphique. La sortie de l’isomorphisme dépendra donc en partie aussi de la stratégie de l’analyste.

Cependant, pourra-t-il interpréter un rêve sans les associations du rêveur ?

J-B Pontalis considère qu’il est improbable d’interpréter un rêve sans associations parce que nous courrons le risque de rester à la place « d’un expert en décodification », d’un traducteur du langage du rêve. Les rêves ne constitueraient donc aucunement un matériel privilégié pour l’analyse du groupe.

Certes, le groupe n’émet parfois aucune association à la suite du récit d’un rêve de groupe. Il convient pourtant d’après nous de ne pas limiter l’idée d’association à la prise de parole et à la réflexion. En effet, l’analyste pourra sans doute compter sur l’interprétation des silences, des attitudes, des mimiques…, qu’il restituera à la chaîne associative du groupe pour réactiver une dynamique analytique.

Est-il possible d’interpréter alors le rêve d’un sujet en tenant compte de la chaîne associative verbale ou non verbale qui implique plusieurs membres du groupe, tel que je viens de le proposer?