Pour analyser cet extrait, il nous faut d’abord reconnaître dans cette séance un chevauchement des rêves partagés dans lesquels la question de la mort apparaît comme un signal de l’angoisse de castration où la séparation avec les psychothérapeutes s’exprime de façon mortifère. En effet, notre absence pendant les vacances a été vécue comme un abandon. Le groupe éprouvait un besoin de destruction des thérapeutes ainsi qu’une volonté de disparition du groupe lui-même. Ce désir parricide nous renvoie à recréer une scène à celle de l’horde primitive et à l’alliance fraternelle qui s’en suivit pour en assassiner le Père.
Les destinataires des rêves sont constitués par l’équipe psychothérapeutique aussi le rêve est-il interprété comme une figuration possible du passage à l’acte du groupe, c’est-à-dire comme un symptôme.
S. Freud fait référence à ce concept de rêve comme symptôme :
‘“Mes patients que j´avais engagés à me communiquer tous leurs mots d’esprits et leurs pensées qui pouvaient leurs arriver vis-à-vis d’un sujet en particulier, me racontaient leurs rêves et de cette façon ils m’ont appris qu’un rêve peut s’insérer dans un enchaînement psychique qui devra être poursuivi, reculant dans le souvenir à partir d’une idée pathologique. Cela m’a conduit à aborder le rêve en lui-même comme un symptôme et à lui appliquer la méthode d’interprétation élaborée pour les symptômes” 52 ’Lorsque le groupe décide le changement d’horaire, il s’agit aussi d’un symptôme du groupe et le rêve vient le souligner. C’est pour cela que cette décision étonna les psychothérapeutes de façon telle qu’avant l’apparition des rêves, nos remarques étaient rejetées par le groupe et le travail était paralysé par ce rejet et notre propre perplexité.
Notre contre-transfert était envahi par un sentiment d’impuissance, d’anéantissement et de danger. La crainte de dissolution du groupe qui semblait imminente ainsi que notre sentiment d’exclusion du groupe, empêchaient toute analyse préalable à cette deuxième séance.
Freud, S., 1900, La interpretación de los sueños, Amorrortu, TT IV y V, Buenos Aires, p.122 (la traduction est à moi)