c) L’idéal familial

L’anorexie de Céline exprimait la défense face à ce conflit, ainsi qu’une manière de répondre à l’idéal du père. « Mon père nous a élevés dans la culture de la volonté et de la détermination, « avoir la niac » (on retrouve dans cette expression l’écho d’un fantasme cannibalique et de dévoration qui circule dans cette famille). Au début, je voulais lui démontrer que je pouvais choisir de maigrir un peu plus que j’avais la volonté de le faire et que je le ferais pour lui montrer que j’avais la niac » Effectivement, au nom du père, au nom de cet idéal, elle aurait pu mourir.

La gémellité de Céline et Aline s’extériorise dans la dualité fraternelle : anorexie/boulimie. D’un côté, l’anorexie verbale - mutisme au départ du traitement - et physique de Céline se manifeste dans son enfermement. Elle s’offre comme dépôt de la dépression de sa mère, elle « avale » les angoisses de celle-ci sans aucune différentiation avec sa mère. De l’autre, Aline commence à imiter Céline mais passe d’un état de négation absolu de communication avec ses parents à un état d’explosion verbale de façon agressive et violente : boulimie verbale. Aline se défend fondamentalement du fantasme d’être dévorée par sa mère et commence à avoir des comportements alimentaires boulimiques (cherchant à vomir les aspects négatifs maternels).