III. Résultats de la recherche

C’est à partir de notre implication en tant qu’analystes de groupe et du travail sur l’imaginaire social que l’on peut évaluer les résultats de cette recherche. L’analyste lui-même se trouve dans le même carrefour que ses patients en tant que sujet assujetti à son inconscient, et à l’intérieur de groupes d’appartenance du champ « psy ». Analyser un groupe nous sollicite l’analyse de nos traversées groupales au niveau de notre groupe interne et des institutions qui légitiment notre pratique.

Cette recherche s’appuie et suit le parcours des divers psychanalystes de groupe qui se sont consacrés à la psychothérapie groupale dans des situations traumatiques (R. Kaës, E. Aguiar, B. Duez…) que je lie à l’étude des groupes que j’anime pour illustrer une méthodologie théorico-clinique où les traces traumatiques sont travaillées par rapport à l’histoire du sujet et du groupe.

La psychanalyse groupale, le travail des rêves et le psychodrame psychanalytique conforment un cadre privilégié pour travailler la tendance du groupe à reproduire par la mise en scène groupale l’impact traumatique de l’environnement. C’est l’un des résultats obtenus par cette recherche qui essaie de donner des réponses sur l’élaboration des traumas au sein des groupes thérapeutiques et d’affiner les théories relatives aux effets de vécus traumatiques. Ces résultats ouvrent la voie à d’autres recherches sur d’autres moyens théoriques et dispositifs possibles pour avancer sur une clinique psychosociale du trauma.

Par ailleurs, cette thèse m’a conduit à la exploration de la dimension trans-onirique qui n’est pas celle d’un « héritage collectif » mais d’un effet qui déclenche chaque lien et chaque collectif sur la psyché des sujets du fait de l’interconnexion des espaces oniriques et partagés, concept que je reprends de R. Kaës (2001).

La différence primordiale par rapport à la notion de Jung d’inconscient collectif réside dans le point de départ même, parce que cette communication entre les inconscients en jeu ne forment pas à mon sens un autre inconscient collectif mais plutôt, une dimension communautaire qui donne lieu aux rites, aux mythes et à la constitution de l’imaginaire social, tel que je l’ai expliqué par l’exemple du Che Guevara et dans la notion de communauté des rêves.

Ces résultats ouvrent la voie à des tissages des conceptualisations entre la psychanalyse, la psychologie, la sociologie, l’anthropologie pour continuer à explorer les multiples dimensions qui traversent le sujet. La subjectivité et les espaces oniriques partagés des sujets conforment une dimension dont les processus sont bien loin de l’instinctuel et d’une loi universelle C’est dans ce sens que j’ai travaillé plutôt sur une dimension produite selon la particularité de chaque sujet et de chaque groupe que sur un inconscient collectif qui préexiste ce lien comme « mémoire de l’humanité ». La dimension trans-onirique est donc une construction groupale où se tressent les trois espaces psychiques (intra, inter et transpsychique) à l’espace onirique et partagé des sujets d’un groupe ou d’une culture.

Pour valider cette hypothèse il m’a fallu travailler sur des recherches réalisées sur la culture dreams en suivant la ligne de la pensée de P. Rivière d’intégrer une vision globale permettant de tisser une interscience ou une perspective pluridicsiplinaire.

Sous cette perspective, les principaux résultats de mon travail nous indiquent qu'il est nécessaire de prendre en compte les espaces psychiques qui se nouent simultanément chez le sujet et d’envisager une théorie et une clinique groupale qui puissent s’élargir vers d’autres champs des sciences humaines pour embrasser ces dimensions psychiques de l’être humain.

La question de la transmission psychique me semblait au début de la thèse le sujet le plus insaisissable et mystérieux. Cependant, elle est devenue notre toile de fond à la fin de ce travail, non point du côté de « l’occulte» mais plutôt de tout ce qui est « l’observable » de l’univers figural.

Nous pouvons penser que la transmission psychique, sujet qui appartenait à l’ordre de « l’occulte » à l’époque de Freud, devient « visible » dans le processus du groupe et du rêve par la dramatique et la potentialité scénique.

Nous avons pu dévoiler en grande partie, certaines énigmes qui semblaient surnaturelles du temps de Freud et leur donner un fondements dans le champ de la psychanalyse.