II. L'espace de l'attente.

La singularité de l'univers imaginaire gracquien tient, dans une large mesure, à l'importance que le texte confère à l'espace environnant. Nul doute, et la remarque en a été faite très tôt 63 , que certains lieux, extérieurs ou intérieurs, mobilisent plus que d'autres l'intérêt de l'auteur, de son narrateur, ou de ses protagonistes. Quelles particularités ces différents lieux privilégiés offrent-ils au regard du lecteur? Dans quelle mesure, au-delà des aspects proprement descriptifs et au-delà du spectacle singulier ou des effets de surprise qu'ils sont susceptibles de fournir à ce même lecteur, ces espaces déploient-ils un véritable décor donnant prise à l'événement? En quoi, par leur propre configuration et par l'accumulation des traits qui les caractérise, appellent-ils une véritable posture de veille et d'attente?

Notes
63.

Voir, sur ce point, les études concernant "L'œuvre" figurant dans l'ouvrage collectif paru aux Cahiers de l'Herne (n° 20, 1972), sous la direction de Jean-Louis Leutrat.