III. Variations chronologiques de l'attente.

La singularité de l'univers imaginaire gracquien tient aussi à la manière dont le texte organise le récit dans le temps. En tenant compte des variations liées aux spécificités génériques des trois œuvres, en quoi "l'organisation du "temps du récit" distinct, comme on sait, du "temps de la chose racontée" 112 (ou temps de l'histoire) favorise-t-elle une perception de l'attente par le spectateur ou par le lecteur? Même si, comme l'affirme Hans Robert Jauss, "la relation du texte singulier avec la série de textes constituant le genre apparaît comme un processus de création et de modification continue d'un horizon" 113 , le concept de genre ne peut être complètement évacué, en particulier lorsque l'on s'interroge sur les formes narratives de la représentation temporelle. L'observation des modalités de cette représentation va donc s'appliquer à chacune des trois œuvres et à la manière dont la temporalité détermine, dans chacun des trois récits, un certain investissement du lecteur, ou du spectateur.

Notes
112.

Nous adoptons ici la distinction établie notamment par Christian Metz dans Essais sur la signification au cinéma, Paris, Klincksieck, (1968) et reprise par Gérard Genette dans Figures III , Paris,Le Seuil, 1972.

113.

Jauss (Hans Robert) "Littérature médiévale et théorie des genres", in Poétique, I, 1970, pp. 85-86.