II. La déception dans tous ses états.

Comme l'attente, la déception présente, dans les trois œuvres, une certaine diversité de formes et de manifestations. Pour la déception envisagée comme état consécutif à une action accomplie ou non, cette diversité tient, d'abord, à la variété des attentes, des élans antérieurs et des désirs présupposés par cette frustration. Elle est aussi liée au degré d'implication du sujet déçu, ainsi qu'à la conscience plus ou moins lucide ou clairvoyante qu'il peut avoir des enjeux de cette déception. S'il est hors de question de revenir sur la multiplicité des attentes, qui ont déjà fait l'objet d'amples développements dans les chapitres précédents, une liaison pourtant trop évidente existe entre le degré de la déception et celui du désir qui l'a précédée, entre espérances attendues et résultats obtenus, pour que nous puissions éviter de cerner ce lien. La relation déceptive va donc concerner tout d'abord l'état produit par l'inaccomplissement d'une action projetée, avant que ne soit envisagée la relation déceptive "inverse", soit le résultat faisant suite à la réalisation de l'action préfigurée par le projet. Puis l'expérience déceptive sera analysée, comme duperie dans la relation intersubjective qui relie le sujet d'état et d'autres agents, soit comme sanction, soit comme motivation d'une action de vengeance.