III. La déception en acte, ou manipulation.

La déception a pu être définie 426 , entre autres, comme l'action manipulatoire exercée par un agent extérieur sur un autre sujet et visant, le plus souvent par intérêt propre, à maintenir ce deuxième sujet en situation de disjonction avec un objet de valeur. Une telle définition correspond, de toute évidence, à plus d'une situation représentée dans Le roi pêcheur, dans Le Rivage des Syrtes et dans Un balcon en forêt. L'analyse qui va suivre se propose d'abord d'en préciser les contours en décrivant l'épreuve déceptive, sous la forme d'une performance manipulatoire. Cette description, en quelque sorte définitoire, se fera sur la première œuvre du corpus, dans laquelle la déception entendue comme opération rejoint l'action dramatique, ce qui devrait permettre une clarification des enjeux. Au-delà de cette analyse de l'opération d'un décepteur qui n'est pourtant pas réductible à un manipulateur, nous chercherons à rendre compte de la complexité romanesque du Rivage des Syrtes où action et narration mettent en œuvre différentes instances de manipulation, lesquelles instances constituent autant d'opérateurs déceptifs, au sens étymologique, ou classique, du terme. Une troisième approche enfin abordera les formes plus "réfléchies" de l'expérience déceptive, en s'appuyant, pour l'essentiel, sur Un balcon en forêt, étant donné l'expression plus intériorisée de ce récit, comme il a pu être observé dans le chapitre précédent.

Notes
426.

Voir, au début du présent chapitre, les définitions du mot "déception".