Lesdifférents paradoxes que nous avons pu observer comme une des propriétés définissant l'espace représenté dans les trois œuvres, qu'il s'agisse des espaces naturels environnementaux, ou des espaces architecturaux ou intérieurs tout à la fois fortifiés en défense et ouverts sur le monde extérieur 510 caractérisent aussi, on s'en souvient, la configuration du temps. Pour ne reprendre que l'exemple du Rivage déjà analysé, la configuration temporelle s'y organise, en effet, selon une logique tout aussi paradoxale, celle d'un récit prospectif délibérément orienté vers le futur, quand l'avenir annoncé par la prolepse narrative est celui d'un dénouement tragique et catastrophique. Pour ce qui concerne les variations thématiques de l'attente, ne sont-elles pas, elles-mêmes, réparties selon deux postulations contradictoires, l'objet de l'attente étant tour à tour un motif de désir et de répulsion? Quant aux figures actorielles liées aux thématiques de l'attente et de la déception, on se souvient qu'elles s'organisent selon des pôles eux aussi contradictoires: les personnages évolutifs et contre-évolutifs. Se peut-il que ces différents paradoxes soient des figures ou des structures spécifiques aux seuls domaines particuliers que sont les coordonnées spatiotemporelles, les configurations thématiques et la composante narrative des trois œuvres ou, inversement, faut-il admettre que la figure paradoxale puisse être homologuée à une sorte de système plus englobant au principe de l'œuvre fictionnelle de J. Gracq? Dans quelle mesure les structures génériques et formelles des trois récits reproduisent-elles identiquement la figure d'un paradoxe et sont-elles précisément conçues et composées, d'une part, pour susciter et stimuler des attentes chez le lecteur et, d'autre part, pour décevoir ces mêmes attentes, spécialement dans leurs formes terminatives?
Consulter, sur ce point, la section II du chapitre I consacrée à l'analyse de l'espace.