II. 2. "Pour que l'attente ne s'accomplît point"…

Dans Le Rivage des Syrtes, comme dans Le roi pêcheur, la thématique de l'attente revêt, parmi d'autres caractères, celui d'un attrait profond pour le changement, qui est désir d'une tout autre vie. Un tel changement n'est pas seulement celui qu'appelle de ses vœux, à l'égal de Kundry, la troublante Vanessa, il sollicite aussi au plus haut point l'imagination du narrateur Aldo, exaspéré devant l'inertie de la situation. Est-ce à dire qu'on peut y observer les mêmes caractéristiques déceptives que dans la pièce et que l'auteur s'y emploie à déterminer, là aussi, les conditions de la déception du lecteur, sous la forme d'un récit refusant de combler ses attentes? Si l'orientation déceptive du nouveau récit se trouve confirmée, dans quelle mesure la nature romanesque de celui-ci et, en particulier, la place qu'y prend la narration modifient-elles les modalités de l'opération déceptive exercée par l'auteur sur le récepteur? En réalité, contrairement au schéma sous-jacent à l'œuvre précédente, où la déception finale résultait d'un refus d'agir de la part du sujet évolutif, Le Rivage des Syrtes aboutit à une situation terminative apparaissant comme le résultat de l'action entreprise par le même personnage évolutif et des conséquences inattendues qui découlent de cette action. À partir de ce constat, et si l'on veut comprendre la nature du nouveau modèle déceptif à l'œuvre, il importe d'observer de près les différents "processus d'influence" 566 par lesquels le narrateur Aldo choisit d'expliciter, a posteriori, les raisons et les motivations qui l'ont conduit à l'acte qui va entraîner de telles conséquences. S'il est vrai que c'est de l'acte accompli par le protagoniste que découlent la catastrophe et "le voile de cauchemar qui monte pour [lui] du rougeoiement de [sa] patrie détruite" 567 , comment se peut-il qu'Aldo, qui est aussi le narrateur du récit, ait pu être aveugle au point de ne pas voir "l'enchaînement vraisemblable des causes et des effets, tel qu'on pouvait normalement le prévoir au moment de la décision" 568 , aboutir à ruiner totalement ses espérances au lieu de les combler? Nous aurons l'occasion d'observer, à travers ces situations, comment le narrateur prend quelquefois ses distances avec le protagoniste qu'il fut, pour montrer comment les incitations, qui engagent quelquefois simultanément l'agent à redouter et à espérer l'événement, ne sont pas exemptes d'ambiguïtés, à moins que l'ambivalence de ces influences ne soit déjà le signe annonciateur du paradoxe que constitue le récit déceptif lui-même...

En dehors du discours séducteur de Vanessa qui, sans trop de scrupules, détermine Aldo à passer à l'acte, un autre "processus d'influence" évident va être déterminant pour sa motivation: c'est le sermon qu'il entend en l'église de Saint Damase, pour la veillée de Noël, date symbolique qui nous place, après le temps liturgique de l'Avent, dans celui de l'Avènement. Le désir du protagoniste, déjà passablement embrasé par les propos de Vanessa, ne peut que se renouveler et s'enfiévrer au contact des accents visionnaires et prophétiques du prédicateur. Le discours de l'officiant, qui évoque d'abord le "profond mystère de la Naissance" 569 en soulignant le caractère fortement paradoxal de cette nativité ("C'est au plus noir de l'hiver, et c'est au cœur même de la nuit que nous a été remis le gage de notre Espérance"), en vient à rappeler les circonstances tragiques du massacre des innocents:

‘"En cette nuit même, il y a des siècles, des hommes veillaient, et l'angoisse les serrait aux tempes; de porte en porte ils allaient, étouffant les nouveau-nés à peine sortis du sein de leur mère. Ils veillaient pour que l'attente ne s'accomplît point, ne laissant rien au hasard afin que le repos ne fût point troublé et que la pierre ne fût point descellée." 570

Le paradoxe n'est, en effet, pas mince d'observer combien l'attitude de veille, qui apparaît habituellement dans l'œuvre, et dans ce roman, comme une posture liée à l'attente et au désir, puisse être ici pervertie et détournée de ses buts: une phrase comme "ils veillaient pour que l'attente ne s'accomplît point" ne constitue-t-elle pas, dans cette perspective, et en particulier aux yeux d'Aldo, une antilogie ou un non-sens? Les "veilleurs" auraient-ils donc changé de camp et adopté la position contre-évolutive qu'incarne, dans le contexte de l'Amirauté, le capitaine Marino? Mais le discours, célébrant la Nativité sur fond de tragique et de meurtre, en poursuivant sur le ton de l'ironie amère, pousse plus loin encore le paradoxe:

‘"Car il est des hommes pour qui c'est chose toujours mal venue que la naissance; chose ruineuse et dérangeante, sang et cris, douleur et appauvrissement, un terrible remue-ménage – l'heure qu'on n'a point fixée, les projets qu'elle traverse, la fin du repos, les nuits blanches, toute une tornade de hasards autour d'une boîte minuscule, comme si l'outre même de la fable venait de se rompre où l'on avait enfermé les vents." 571

Ce qui apparaît, d'entrée de jeu, dans l'extrait ici isolé, c'est l'ambiguïté de la formulation prêtée par J. Gracq à l'orateur sacré: après l'évocation du massacre des innocents, la mention des termes "sang et cris" qui, au premier abord, renvoie aux conditions biologiques inhérentes à tout enfantement, fait, de toute évidence, également écho à l'extermination meurtrière des enfants de Judée qui a, selon la tradition évangélique 572 , accompagné tragiquement l'avènement du Messie. De telles références ont pour effet immédiat de renforcer Aldo dans ses motivations à engager une action. En se livrant, en effet, à une réfutation en règle des mobiles qui animent l'agent contre-évolutif, ici assimilé aux hommes de main d'Hérode massacrant sur ordre les enfants de Judée, le sermon réalise, d'évidence, une incitation éthique à entreprendre l'action contraire. Par delà le contexte liturgique qui justifie les références évangéliques, et par delà les valeurs morales et religieuses qui participent à la dénonciation, la diatribe prononcée par le prédicateur s'emploie à discréditer une telle attitude si délibérément fermée à l'esprit, aux valeurs et aux risques de l'aventure. Quant à l'outre de la fable "où l'on avait enfermé les vents", image qui se substitue à la "boîte minuscule" désignant métaphoriquement le berceau où l'enfant est appelé à paraître, elle est une manière de célébrer la vie comme une aventure en faisant, bien évidemment, référence au début du chant X de l'Odyssée d'Homère, où le personnage d'Ulysse, à qui le dieu Éole avait fait don d'une outre enfermant les vents impétueux, connaît quelques déboires pour s'être laissé lui-même gagner par le sommeil 573 . Ainsi ce que reçoit comme leçon le jeune Aldo, entendant ce passage du sermon de Noël, c'est surtout une leçon de vie et d'aventure l'incitant à disposer son cœur à l'éventuel et à s'ouvrir lui-même à l'imprévisible de l'avenir et du hasard... Mais ce discours n'a pas seulement une fonction incitatrice auprès de son récepteur immédiat, Aldo. Le paradoxe étonnant qu'il contient, en mêlant les vagissements du nouveau-né aux cris et au sang d'un affreux carnage, n'est-il pas aussi annonciateur d'un dénouement déceptif de l'œuvre?

Un peu plus avant dans ce même sermon, le discours du prédicateur va d'ailleurs porter l'état d'exaltation du narrateur jusqu'au séjour d'étranges Béatitudes:

‘"Heureux qui sait se réjouir au cœur de la nuit, de cela seulement qu'il sait qu'elle est grosse, car les ténèbres lui porteront fruit, car la lumière lui sera prodiguée. Heureux qui laisse tout derrière lui et se prête sans gage; et qui entend au fond de son cœur et de son ventre l'appel de la délivrance obscure, car le monde sèchera sous son regard, pour renaître. Heureux qui abandonne sa barque au fort du courant, car il abordera sur l'autre rive. Heureux qui se déserte et s'abdique lui-même, et dans le cœur même des ténèbres n'adore plus rien que le profond accomplissement…" 574

Un tel discours, est totalement ambigu et, comme tel, susceptible de susciter tout autant la crainte de l'événement que l'espoir de celui-ci. Car si la renaissance promise à l'élu passe par la destruction préalable du monde appelé à sécher "sous son regard", que peut bien avoir de bénéfique et de béatifique l'événement annoncé par ce discours? Et, si ce pastiche des Béatitudes, qui puise tout son pouvoir incitatif et inhibiteur dans ses accents religieux, suscite un tel écho chez le récepteur et parvient à renforcer l'implication du sujet opérateur en le poussant à se projeter en avant de lui-même, pour accomplir sa tâche et pour s'accomplir, c'est précisément lorsqu'il met en avant ce qu'il peut y avoir de nécessairement subversif et de fatalement dévastateur dans cette "délivrance obscure". Il est vrai qu'un tel discours, paradoxal s'il en est, ne prophétise pas seulement un avenir éventuellement tragique; il pourrait aussi annoncer un au-delà de l'action, et s'adresser tout autant au narrateur, considéré dans sa fonction quasi auctoriale d'opérateur du récit, qu'au sujet du faire pragmatique qu'est aussi l'Observateur. S'il est vrai, en effet, que l'évènement qu'appelle de ses vœux le sermonnaire exalté prend la dimension sotériologique d'un avènement et constitue, pour le sujet opérateur lui-même, une incitation décisive à "passer à l'acte pour le faire advenir" 575 , le "processus d'influence" exercé par ce discours et son pouvoir de persuasion auprès d'Aldo ne peuvent être, en l'occurrence, limités à la seule fonction actorielle de celui-ci. En vérité, ce sont les deux fonctions qu'il assume simultanément (celle de sujet opérateur de l'agir et, au-delà, celle d'instance quasi auctoriale du récit) que ce sermon "à la manière de" 576 a pour effet de remobiliser ou de mobiliser. Aldo, ou le narrateur qu'il deviendra, se voit, en effet, rappeler que le monde phénoménal, sans nécessairement obéir à l'homme et à ses déterminations propres, "requiert cependant son intervention pour lui donner sens et signification." 577 Comme on le voit par la suite du parcours narratif, l'effet d'un tel discours sur l'action du protagoniste, est quasi instantané, puisque le chapitre IX du roman intitulé "une croisière" où va se réaliser l'acte décisif qui précipitera la tragédie, suit de peu ce sermon de Saint Damase. Et le fait que l'acte du sujet opérateur s'accomplisse importe moins, en l'occurrence, que les conséquences tragiques qui vont en résulter. En effet, loin d'aboutir à un accomplissement de ses attentes, l'action d'Aldo ne fait que déclencher le processus connu des "machines infernales montées par les dieux pour l'anéantissement mathématique d'un mortel" 578 . Une telle tragédie ne se trouve-t-elle pas, du reste, déjà préfigurée par le discours du sermonnaire, comme le veut la loi du genre tragique? Et, dans la mesure où le "processus d'influence" insinue, chez Aldo, un mobile d'une autre portée que l'action pragmatique, en suggérant qu'il sera lui-même appelé à entreprendre l'écriture de ce futur récit plus tard, l'orientation apocalyptique de la tragédie qui s'annonce n'est-elle pas, elle aussi, de mauvais augure pour l'ouvrage en question, ou pour la paternité qu'en revendiquera le supposé auteur?

Si le propos du sermon entendu en l'église de Saint Damase a quelque chose de complexe et d'ambigu, comme nous venons de le voir, en revanche, la rencontre qu'Aldo va faire au domaine d'Ortello, où il se rend pour percevoir "un reliquat de solde de[s] équipages récupérés" 579 est l'occasion de dissiper l'équivoque aux yeux du protagoniste, sans offrir pour autant un moindre paradoxe. Le discours du vieux Carlo montre, en effet, un homme fini:

‘" – ... Si tu savais comme on est ligoté là dedans! – J'ai accroché mes fils partout, et me voilà roulé dans mon cocon, voila ce qui est. Amarré, ligoté, empaqueté. Me voilà là, à ne plus pouvoir remuer bras ni jambes; crois-tu que c'est la maladie, Aldo? [...] Voilà ce que c'est de vieillir, Aldo; ce que j'ai fait retombe sur moi, je ne peux plus le soulever... Il répéta d'un air pénétré: – ... Quand on ne peut plus soulever ce qu'on a fait, voilà le couvercle de la tombe." 580

C'est pourtant paradoxalement cet homme empêtré dans ses liens et empêché de se mouvoir qui va déterminer Aldo à entreprendre l'action qu'il pense libératrice. Car, à travers la figure de l'homme attaché au moyen d'une corde, ou à travers celle du navire fixé par une amarre, se profilent, à ses yeux, dans l'instant où il reçoit ce discours, l'image de l'homme libre, et celle du "Bateau ivre" qui vont servir de modèles à l'acte qu'il accomplira dans le chapitre suivant intitulé "une croisière". Mais, plus que tout autre chose, c'est la métaphore du ver à soie enfermé dans le cocon qu'il a filé qui semble non seulement déterminer le sujet opérateur à s'engager dans l'agir en déchirant, comme par procuration, l'enveloppe dans laquelle il se croit lui-même emprisonné et où frémit déjà l'homme nouveau, mais qui semble aussi pousser le narrateur qu'il est à éviter de se laisser enfermer dans le seul agir. Car, si Aldo identifie dans le vieux Carlo une image achevée de lui-même, cette représentation ne lui renvoie pas uniquement le reflet de son actuelle inaction, mais aussi celui de son action future déjà entrevue et saisie dans son achèvement mortifère. Et les propos qui suivent, dans lesquels le vieux Carlo confronte la position de Marino et la sienne propre, ne peuvent que lever les dernières objections chez son destinataire et lui communiquer le plein désir de l'évènement:

‘"Le vieillard sembla réfléchir avec difficulté. – ... Je pense que c'est énervant, les gens qui croient trop dur que les choses seront toujours comme elles sont. Il ferma à demi les yeux, et se mit à hocher la tête, comme s'il allait s'endormir. – ... Et peut-être ce n'est pas une bonne chose, que les choses restent toujours comme elles sont." 581

En effet, si la première réplique de Carlo vise, sans le nommer, le capitaine Marino et sa propension toute personnelle à considérer que "les choses seront [ou doivent être] toujours comme elles sont", sa deuxième réplique, si elle ne concerne pas exclusivement sa propre situation de vieillard dans l'attente de sa fin, ne l'exclut pas non plus, tout au moins aux yeux de l'observateur extérieur qu'est Aldo, comme le suggère l'incise narrative: "Il ferma à demi les yeux, et se mit à hocher la tête, comme s'il allait s'endormir". Que l'on puisse envisager ainsi sa propre disparition comme inéluctable et même comme nécessaire représente, sans aucun doute, l'encouragement décisif dont avait besoin le narrateur pour s'engager dans l'action. Mais la figure et le discours du vieux Carlo en passe de s'endormir ont encore ceci de paradoxal qu'ils peuvent rappeler l'image ou l'attitude d'un gisant, lequel, figuré dans la posture du sommeil, semblait, dans le contexte culturel de la statuaire médiévale, attendre le réveil de la résurrection, tout en étant, en même temps, symbole de mort. A tel point que la deuxième réplique du vieillard ("Et peut-être ce n'est pas une bonne chose, que les choses restent toujours comme elles sont") peut être interprétée de deux manières contradictoires: ou bien il peut s'agir du propos improbable d'un homme se projetant dans l'état mortel sous les traits du gisant et exprimant, dans l'état projeté, le souhait de sortir de la nouvelle impasse dans laquelle il gît; ou bien, il s'agit, inversement, du même homme assumant l'attente de sa fin de manière lucide et reconnaissant, sans drame, la nécessité de sa propre disparition. Comme on le voit, la figure du paradoxe est fortement constitutive du Rivage des Syrtes, lequel paradoxe est à l'image de la syntaxe narrative qui, comme il apparaît désormais évident, organise le roman comme un récit fondamentalement déceptif.

Ainsi l'attente qui s'énonce, dans ce roman, d'abord et à première lecture, dans les termes d'une vision prospective ou prophétique appelant un changement favorable et un renouvellement de la vie, doit être elle-même réinterprétée et peut se révéler beaucoup plus complexe et paradoxale à partir d'une familiarité plus accrue avec le texte. Mais quoi que le lecteur ait pu percevoir comme indices annonciateurs d'un dénouement paradoxal, la trame narrative du roman aboutit, en définitive, au lieu du renouvellement espéré, à une véritable apocalypse. Que la catastrophe finale soit la conséquence plus ou moins lointaine d'une opération déclenchée inconsidérément par le protagoniste, qu'elle ait pour principal instigateur, et au plus haut niveau, Danielo qui dirige les instances gouvernementales de la Seigneurie elles-mêmes, ou qu'elle procède d'un choix extérieur dicté par l'auteur lui-même, force est de constater que le dénouement du Rivage des Syrtes présente une situation paradoxale assez proche de celle que nous avons observée à propos du Roi pêcheur, celui d'un récit déceptif. Cela étant, même si le schéma général de la pièce se trouve, dans une certaine mesure et au moins au départ, reproduit dans le roman (face à une attente transgressive et active, s'oppose une autre attente délibérément plus statique, celle de Marino qui choisit de réprimer tout désir de changement), en revanche l'action elle-même se complexifie considérablement. Non seulement, en effet, les deux fonctions que cumulait Amfortas, celle de personnage contre-évolutif et celle de manipulateur, se dissocient dans Le Rivage sous la forme de deux protagonistes distincts, Marino, assumant, sans efficacité déceptive réelle, l'emploi du personnage contre-évolutif, et Danielo à qui revient, in extremis, le rôle du manipulateur. Mais, plus fondamentalement encore, la déception finale ne résulte pas de ce que la réalisation du processus évolutif ait pu être détournée ou empêchée, comme c'était le cas dans Le roi pêcheur. Cette déception découle, bien au contraire, de l'efficacité du processus enclenché par une action que le personnage évolutif a réalisée de volonté délibérée, à défaut d'être pleinement conscient des enjeux et des conséquences de cet acte. Par ailleurs, les rôles strictement narratifs se voient finalement supplantés par les instances narratives, au point que le narrateur lui-même n'est pas seulement le jouet d'une manipulation déceptive, comme l'avait été Perceval dans Le roi pêcheur, mais se trouve aussi concurrencé dans ses fonctions narratives par un personnage plus puissant que lui, et dans lequel le lecteur n'a aucun mal à identifier un double possible de l'auteur 582 . Une telle interprétation s'impose tant il est vrai que, dans le "dernier chapitre, un mécanisme de création se trouve démonté, à propos duquel on peut songer par exemple aux Six personnages en quête d'auteur de Pirandello [,] le personnage de Danielo donn[ant] à penser au lecteur que la véritable aventure dont le récit lui a été livré ne fut peut-être que l'écriture du roman." 583

Notes
566.

Voir "En deçà des mobiles: les processus d'influence", Bremond (Claude), Logique du récit, Paris, Le Seuil, 1973, pp. 158-161

567.

Gracq (Julien), Le Rivage des Syrtes, Paris, José Corti, 1951, p. 199.

568.

Bremond (Claude), Logique du récit, Paris, Le Seuil, 1973, p. 191.

569.

Gracq (Julien), Le Rivage des Syrtes, Paris, José Corti, 1951, p. 176.

570.

Ibid. p. 177.

571.

Ibid. pp. 177-178.

572.

Évangile selon Matthieu, II, 16-18.

573.

Homère, Odyssée, (traduction par Victor Bérard), Bibl. de la Pléiade, Paris, Gallimard, 1955, p. 681: "Et voyez ce qu'il vient de recevoir encor, pour avoir su gagner le cœur de cet Éole!... Allons, vite! Il faut voir ce que sont ces cadeaux. Sitôt dit, on se range à cet avis funeste. Le sac est délié: tous les vents s'en échappent, et soudain la rafale entraîne mes vaisseaux et les ramène au large; mes gens en pleurs voyaient s'éloigner la patrie!..."

574.

Gracq (Julien), Le Rivage des Syrtes, Paris, José Corti, 1951, p. 179.

575.

Bremond (Claude), Logique du récit, Paris, Le Seuil, 1973, p. 160.

576.

Voir, sur ce point, l'analyse réalisée ci-dessus, dans le chapitre 3.

577.

Ledure (Yves), La détermination de soi, Anthropologie et religion, Paris, Desclée de Brouwer, 1997, p. 50.

578.

Gracq (Julien), Le roi pêcheur, "Avant-propos", Paris, José Corti, 1948, p. 10. La citation est empruntée, de mémoire, par J. Gracq au début de La Machine infernale de Jean Cocteau, où la Voix du prologue parlé termine son intervention en disant: "Regarde, spectateur, remontée à bloc, de telle sorte que le ressort se déroule avec lenteur tout le long d'une vie humaine, une des plus parfaites machines construites par les dieux infernaux pour l'anéantissement mathématique d'un mortel." [Cocteau (Jean), La Machine infernale (1934), in Romans, poésies, œuvres diverses, Paris, Librairie Générale Française, 1995, (La Pochothèque), p. 1124.

579.

Gracq (Julien), Le Rivage des Syrtes, Paris, José Corti, 1951, p. 186.

580.

Ibid. pp. 189-190.

581.

Ibid. p. 191.

582.

Le problème que pose, à cet égard, le roman de Gracq, c'est que le moment où se décide et celui où s'opère la narration ne sont pas précisés.

583.

Cogez (Gérard), Julien Gracq Le Rivage des Syrtes, Paris, PUF, 1995, p. 72.