III. Les "Voie[s] ouverte[s]" 978 , ou le paradoxe de la fin.

La question de la fin du récit était centrale, on s'en souvient, dans les jugements critiques portés par J. Gracq sur les auteurs antérieurs ou contemporains. Il suffit de rappeler pour cela les reproches adressés à l'œuvre romanesque de Proust, coupable aux yeux de Gracq, d'être orientée vers une fin enfermante ("Proust considéré comme terminus" 979 ). Il s'ensuit que les choix narratifs opérés par J. Gracq dans ses propres récits, ne sauraient être qu'opposés à de tels dispositifs, dans lesquels il pense reconnaître les facteurs ou les motifs essentiels d'une crise du récit. Si l'on adopte à nouveau l'ordre chronologique de production des œuvres, en quoi l'inaboutissement paradoxal de l'action dramatique et celui des deux récits de notre corpus est-il de nature à réhabiliter et à rénover le modèle narratif jugé obsolète? Quelle interprétation l'inachèvement de l'action dramatique et la suspension du récit et de la référence appellent-ils et exigent-ils, de la part du spectateur ou du lecteur, pour que, dans le temps de la refiguration qui est celui de la lecture, ces récits soient reçus et soient compris comme des récits ouverts?

Notes
978.

Ibid.

979.

Gracq (Julien), En lisant en écrivant (1980), in Œuvres complètes, II, Bibl. de la Pléiade, Paris, 1995, p. 621.