Chapitre VI : L’espace du missionnaire

Il est séduisant de voir à travers les cartes missionnaires des documents dressés par des hommes fraîchement arrivés d’Europe et découvrant l’Afrique en même temps que leur mission et parfois leur métier. Pour l’historien à la recherche du contact de civilisation qui travaille sur les images et les représentations, le document prend alors une valeur fondamentale, à plus forte raison si il traite du territoire et de son peuple. Selon Claude Prudhomme, un missionnaire arrivant dans sa mission commence par en dresser la carte. Pour la déchiffrer, il convient d’utiliser les questionnements habituels propres à la géographie culturelle et, plus particulièrement, ceux des cartes mentales. Car en l’absence de modèle et d’autres documents, les missionnaires ont couché sur le papier des représentations de l’espace directement inspirées par leur perception. A partir de là, il est possible d’adapter le schéma que propose Jean Pierre Paulet à la situation de mission. Il distingue trois niveaux dans la perception de l’espace : celui de l’expérience ou espace vécu, celui de la connaissance ponctuelle ou espace parcouru et celui des stéréotypes ou espace imaginé195. Accroître la distance permet de passer de l’un à l’autre, ce qui se traduit par une échelle de plus en plus petite.

Notes
195.

PAULET Jean Pierre, Les représentations mentales en géographie, Anthropos, Paris, Economica, 2002, p.47. Le schéma originel distingue respectivement le quartier, la ville et le monde.