Mais peu de représentation

La situation d’un missionnaire dressant une carte dès son arrivée pour représenter les alentours de sa station a sans doute été fréquente, mais elle ne donne lieu qu’à peu de résultats dans les archives. En ce qui concerne le corpus des Missions catholiques, pratiquement aucune carte ne correspond à ce cas de figure, essentiellement pour deux raisons. Tout d’abord, il faut constater que les auteurs les plus fréquents sont souvent installés depuis longtemps dans leur mission. Cette remarque pose la question de la valeur de la première carte. Jugée sans doute peu intéressante par son auteur, appelée à être modifiée à la moindre excursion, elle ressemble plutôt à une ébauche de carte en construction permanente, à mesure que progresse la connaissance des environs. La valeur très relative que lui concède le missionnaire est donc sans commune mesure avec celle que lui confère l’historien. Cette première image disparaît rapidement sous les modifications qui la transforment petit à petit en une vraie carte sur laquelle vont pouvoir être portés de véritables plans d’évangélisation. Il faut imaginer une carte murale, griffonnée, aux nombreux toponymes, enrichie par l’ensemble des missionnaires de la station. Quelques photographies prises à l’intérieur de la demeure des prêtres trahissent la présence d’un tel document et prouvent son utilisation. Cette approche spatiale du territoire africain rapproche les missionnaires des militaires, pour lesquels le contrôle du terrain compte.

L’autre explication concerne le sujet proprement dit. Les cartes adressées à l’arrière sont établies à deux occasions : soit elles offrent une synthèse de la mission, après des années d’exploration et de relevés d’excursion, c’est-à-dire qu’elles comportent suffisamment d’informations pour être dignes d’être expédiées et gardées par les archivistes dans les congrégations ; soit elles traitent à chaud d’un voyage accompli dans une partie de la mission, le plus souvent en vue de bâtir une nouvelle station. Dans d’autres cas, ce voyage vise à circonscrire la mission dans sa totalité, en joignant ses limites connues les plus extrêmes

Ainsi, les cartes nous renseignent assez peu sur le « premier contact » et encore moins sur l’espace effectivement vécu quotidiennement par le missionnaire, car ces voyages sont la plupart du temps exceptionnels, ou bien ils relèvent de quelques figures de la mission itinérante. En définitive, l’espace missionnaire est le plus souvent représenté à petite échelle : une carte générale, montre la mission institutionnalisée, c’est-à-dire dans les limites que lui a fixées la Propagande, soit un très vaste territoire que le missionnaire ne peut parcourir complètement chaque jour. Les cartes sont plus rares à mesure que l’échelle grandit jusqu’à celle du plan pour laquelle les documents sont de nouveau importants. Il faut donc constater l’absence de documents à un niveau intermédiaire situé entre 1/100.000è et 1/1.000è204.(cf :   Ile Ozange-Ninge Gorée Shem-Shem   )

Notes
204.

Quelques exceptions existent : elles correspondent le plus souvent à des îles ou des espaces naturellement circonscrits : «  Ile Ozange-Ninge   », MC-1900-210 au 1/15.000è ; « Nossi-Vey », MC-1893-380 au 1/4.000è ; les croquis de «  Gorée », MC-1879-599 et de «  Shem-Shem   », MC-1885-191 relèvent plus du plan.