A l’échelle locale, les environs de la station

Le territoire de vie du missionnaire est, rappelons-le, le sujet le moins représenté. Il existe néanmoins quelques exceptions. Celle de Mandéra, au Zanguébar, mérite une attention toute particulière car sa représentation en 1886 correspond exactement à la manière qu’ont les missionnaires de traiter leur station dans les lettres218.(cf :   Mandera  ) La carte circulaire est centrée sur la station proprement dite et son titre annonce le point de vue : « autour de Mandéra ». Elle invite à parcourir les alentours selon le regard du missionnaire, comme le fait généralement la description dans la correspondance. Tout l’espace est uniformément renseigné et encadré de tout côté par des collines boisées juste avant la limite de la carte. Un fleuve traverse le territoire d’Est en Ouest et fixe quelques toponymes de localités. Plusieurs noms de peuples, au nord et au sud, confirment la densité humaine. Ces éléments donnent l’image d’un territoire cohérent et relativement équilibré. Protégé par les collines mais en même temps irrigué par la voie de communication fluviale, le site peuplé multiplie donc tous les avantages et promet des succès219. En les réunissant, la carte évite une longue description et c’est toute l’aventure de la mission qui se trouve racontée ici à Mandéra. Cette économie permet en outre à son auteur de consacrer son texte à des observations plus scientifiques sur la flore de la région.

Cette première approche de l’espace que nous dévoilent les cartes missionnaires reste finalement assez décevante. L’originalité qui caractérise la situation exceptionnelle que connaissent ces Européens au contact des autres populations n’aboutit qu’à peu de documents ou bien des plans modèles souvent repris. Il s’agit donc de continuer la lecture de ces cartes en changeant d’échelle : pensé à une échelle plus petite, l’espace offre d’autres enjeux, notamment celui de l’organisation. C’est le domaine de l’espace parcouru.

Notes
218.

«  Mandera   », MC-1886-188. Carte du RPLe Roy, d’après le RP Picarda, Supérieur de la mission de Mandera, de 1881 à 1885.

219.

Une seconde station, installée à quelques kilomètres seulement de celle de Mandéra, porte le nom de St-Cado, sans doute en hommage au Supérieur Picarda disparu quelques mois auparavant.