Dresser des plans d’évangélisation

L’expérience jésuite en Chine et au Canada

L’expérience jésuite en Chine au XVIIè peut servir de modèle par son antériorité et sa publicité qu’assurent les Lettres édifiantes et curieuses. L’essentiel consiste en une évangélisation par le haut : en s’adressant aux couches supérieures de la société chinoise, l’élite lettrée, et éventuellement l’empereur, les Jésuites espèrent convertir tout le peuple, par rayonnement. C’est là que les compétences scientifiques du missionnaires sont mises à contribution. Les travaux physiques, astronomiques et cartographiques sont utilisés pour séduire l’élite chinoise et concourir à la promotion du christianisme.Pour cette raison, le RP Mattéo Ricci avait tenu à s’entourer de missionnaires éveillés à ces connaissances. Ce choix de l’élite détermine l’implantation de la mission en milieu urbain, de préférence dans le centre administratif de la capitale qui concentre la communauté des lettrés. Si la méthode est arrêtée dans les Constitutions de la congrégation, elle connaît des adaptations, comme le fait remarquer Nicolas Standaert : l’autre, le Chinois, est intervenu dans les choix missionnaires, et une histoire de la mission chrétienne en Chine ne peut plus, selon lui, faire l’économie de sa réception auprès de la population locale359. La mission n’est plus un mouvement unidirectionnel du missionnaire vers le païen. Le modèle jésuite a très certainement inspiré les hommes du XIXè. Mais il n’est pas directement transposable car la Chine présentait déjà une société organisée, un réseau administratif complet, dirigé par un Etat centralisé. Ces conditions ne sont pas réunies dans l’Afrique du XIXè, ce qui a donné lieu à des adaptations. Henri Koren note par exemple que vers 1880, les modalités de l’apostolat donnaient lieu à débat chez les Spiritains et « il fallait trouver un compromis entre une action sur les élites et le souci du plus grand nombre »360, comme en témoigne la carte de Duparquet sur l’Okavango361.

Contrairement à la Chine, le Canada partage avec l’Afrique de nombreux points communs : l’absence d’autorité centralisée, une densité de population relativement faible, répartie en ethnies, un territoire inconnu difficile à parcourir. Avec certaines populations, les missionnaires ont fait le choix du nomadisme. Ce sont des excurrens, qui s’éloignent d’un modèle traditionnel sédentaire pour suivre les tribus qu’ils évangélisent. Olivier Servais362 montre à propos des Ojibwas comment les missionnaires se sont adaptés à l’éclatement des tribus amérindiennes en inversant le modèle d’apostolat : au lieu de plier la réalité du terrain à la logique sédentaire de la réduction jésuite, telle qu’elle fut pratiquée en Amérique du Sud, il s’agit de plier la logique sédentaire du catholicisme à la réalité amérindienne. Ainsi, à partir d’une résidence, des missionnaires parcourent lors de longues courses apostoliques tout l’espace fréquenté par la tribu. Les premiers commencent en 1845. Rapidement et parce que l’évangélisation nécessite des infrastructures, est créé un réseau de stations, les camps, situées à 10 journées de marche les unes des autres pour jalonner cette mission itinérante363. Ainsi, les missionnaires adoptent un modèle d’apostolat « hybride »364 : il combine l’approche sédentaire de la mission recherchant contrôle et domination territoriale avec l’approche nomade des Indiens qui cherche à vivre des richesses de la nature et du sol. Dans ce cas, le rapport à l’espace, fondamental, a déterminé les choix missionnaires. Et l’expérience montre que la sédentarisation n’est pas la condition à toute évangélisation. La formule est reprise avec d’autres missionnaires excurrens. A Madagascar par exemple, c’est le statut qui est réservé au RP Désiré Roblet. Il dispose d’une liberté de mouvement et parcourt d’immenses territoires, dans le Betsileo et l’Imerina, qu’il représente en utilisant des compétences scientifiques personnelles. Cette situation le désigne comme meilleur cartographe de la mission, et même de l’île.

Les modèles des nouvelles congrégations pour l’Afrique au XIXè

En 1845, Libermann explique avoir choisi « un plan différent de celui qu’on suit dans les autres missions (..) destiné à procurer l’instruction religieuse et la civilisation des peuples par l’éducation de la jeunesse »365. Il prévoit la formation dans deux établissements, un à Gorée et l’autre en Europe, à Rome de préférence, où seront reçus de jeunes Noirs. Une fois formés à l’agriculture, les arts et métiers ou au sacerdoce pour les plus capables, ils retourneront dans leur pays et se fixeront dans les stations des prêtres missionnaires. Le plan brossé dans le Mémoire adressé à la Propagande de 1846 confirme cette priorité à l’enseignement et prône la formation d’un clergé indigène et de maîtres d’école locaux, « pour répandre parmi les peuples les connaissances utiles à la vie »366. Libermann est conscient des faiblesses des ressources missionnaires et assiste, impuissant, depuis l’Europe, à la disparition de ses premiers hommes envoyés sur le continent africain. « Il ne suffit pas d’aller au hasard avec la pensée générale de convertir les fidèles. Il faut fixer une somme de moyens » parmi lesquels l’instruction dispensée dans des écoles, la formation d’un clergé indigène et surtout l’indépendance du missionnaire à l’égard de la hiérarchie ordinaire de l’Evêque.

Les Missionnaires d’Afrique observent les Instructions du Cardinal Lavigerie. Lues et relues, elles deviennent la référence dans la conduite de l’apostolat en Afrique équatoriale. Pour le cardinal, la priorité est de « gagner l’esprit des chefs (..), en gagnant un seul chef, on fera plus pour l’avancement de la mission qu’en gagnant isolément des centaines de pauvres noirs. Une fois les chefs convertis, ils entraîneront tout le reste après eux ». Mais l’archevêque d’Alger met en garde « de  ne s’adresser qu’aux chefs et aux tribus dont on sera moralement certain de trouver un accueil favorable, afin de faire une brèche plus rapide dans la grande masse indigène ». Et, plus loin : la transformation de l’Afrique équatoriale sera possible..

« par le moyen de jeunes indigènes que l’on élèverait de façon à en faire de bons chrétiens et à les former à l’art de la médecine. Il faudra saisir les occasions favorables de recueillir ou de racheter de jeunes enfants en observant des conditions : d’abord qu’ils aient une douzaine d’années, et ensuite qu’ils aient une intelligence plus qu’ordinaire afin que leur double éducation, morale et scientifique, ne soit pas trop difficile »367.

Ces principes ont inspiré les missionnaires qui ont développé une pastorale en conformité avec la règle de leur congrégation. Le plan d’évangélisation naît d’une adaptation de ces principes aux conditions quotidiennes de la mission.

Les grands plans d’évangélisation pour l’Afrique

Les archives de l’Œuvre de la Propagation de la Foi sont particulièrement riches en « plans » car les missionnaires veulent montrer que leur mission est gérée avec raison et économie, et qu’elle poursuit une logique sans gaspiller les moyens mis à leur disposition. Dans un souci d’explication, ils insistent sur la fiabilité de leur plan qui sera inévitablement couronné de succès. En un mot, plus le plan paraît réalisable, plus la mission attire sur elle de l’argent. Il est toutefois délicat d’établir une typologie de ces plans car les modèles peuvent s’inspirer mutuellement et donner lieu à différents scénarii. De même, la distinction par congrégation est déjà largement rapportée dans des monographies qui décrivent avec précision chaque stratégie missionnaire. Il est donc préférable de distinguer deux approches : une porte sur les habitants, l’autre sur le territoire.

- Une approche de la mission par les populations : l’exemple des villages chrétiens

La formation de villages chrétiens est la méthode officielle des Spiritains, approuvée par les Constitutions en 1878. La première expérience est celle du RP Briot, au Gabon en 1845 : autour de la mission catholique s’établissent de jeunes couples. Ils cultivent des parcelles, confiées par les missionnaires, ce qui constitue un village. Vers 1866, ils se gouvernent seuls avec un chef de village et une police qui veille au règlement intérieur368. Le modèle est appliqué au Zanguebar, comme le présente le RP Le Roy en 1884 :

« Les premiers missionnaires ont cru qu’ils assureraient plus de succès à leur apostolat en s’occupant d’abord et surtout des enfants. Des enfants, on en trouvait alors par centaines, tous les jours, sur le marché de Zanzibar ; on en trouve encore sur mer (..) sur le continent entre les mains des marchands de chair humaine (..).

Autant que les ressources de la mission peuvent le permettre, ces malheureux sont ramassés, rachetés, rassemblés dans nos maisons. Sous la direction des Frères, ils apprennent à lire, à écrire, à chanter, à prier, à travailler. On en fait des forgerons, des charpentiers, des menuisiers, des maçons, des jardiniers, des agriculteurs, des hommes enfin capables de faire donner à la terre ce qu’il leur faut pour s’assurer une existence libre et aisée.

Et lorsque, ainsi élevés, ces enfants sont devenus des hommes, le missionnaire prend quinze ou vingt d’entre eux et s’en va chercher dans l’intérieur une tribu amie, un sol fertile, un canton salubre et peuplé. On s’établit là, on défriche la forêt, on construit des cases, et, lorsque tout est prêt, les jeunes hommes dont l’ardeur a déjà transformé un coin de cette terre, reviennent à la côte chercher leurs fiancées. Ils n’ont rien, mais ils ne sont point pauvres ; car ils savent travailler, et, comme aux premiers jours du monde, ils ont la terre devant eux.

Crescite et multiplicamini. – Peu à peu, sous l’œil du missionnaire, le village chrétien prospère et grandit ; des relations s’établissent avec les indigènes, des échanges se font, des soins sont donnés aux malades, de petits cadeaux font naître ou entretiennent l’amitié ; en quelque temps, ces noirs, voyant que leurs semblables n’ont rien perdu à s’attacher au blanc, s’approchent à leur tour du missionnaire (..)

Depuis quinze jours, le RP Etienne était donc parti pour Mrogoro afin d’y établir un de ces villages chrétiens369 ».

Cette méthode utilise la résidence de Bagamoyo : on y élève de jeunes enfants rachetés à l’esclavage pour les former en familles chrétiennes destinées à l’intérieur du continent. Trois ans plus tard, le même missionnaire note que la station fonctionne comme une ruche : «  à mesure qu’un autre essaim s’apprête à partir, il faut chercher plus loin, toujours plus loin370 ». En 1894, le Zanguebar-Nord se compose de 11 stations devenues des centres de mission autour desquelles s’établissent progressivement de nouveaux villages chrétiens, qui atteignent le nombre de 21. Tous les deux ans, une fondation nouvelle est nécessaire pour établir les jeunes gens et les jeunes filles venues des orphelinats de Zanzibar et Bagamoyo371. Si le v.ap. Mgr de Courmont affirme que c’est « un mode excellent de propagation de l’Evangile dans les provinces intérieures du continent », il admet plus discrètement ses inconvénients372.

En devenant le Supérieur de sa congrégation, le RP Le Roy s’emploiera à généraliser un modèle qui a fait ses preuves à l’ensemble des missions. Au Bas-Congo par exemple, le RP Magalhaes note en 1905 que ces villages chrétiens, « chaque année plus nombreux et plus étendus, portent les peuples environnants à les imiter » ; ils comptent d’ailleurs parmi les raisons du succès de la mission, placés juste après l’église de Landana, mais avant les catéchistes, les séminaristes et les missionnaires, cités humblement à la fin373. Ce plan d’évangélisation est reproduisible. Mais il correspond surtout à la situation délicate d’une Afrique orientale où sévit l’esclavage. Les sociétés, déstructurées par le trafic, trouvent refuge dans la mission qui offre le lieu où se compose une nouvelle société. Dans ce type de plan, les populations ciblées par l’évangélisateur sont placées au centre. C’est elles qui font l’objet d’une attention, d’une éducation et d’un contrôle. Ensuite, c’est grâce à elles que peut être relayé le message du Christ à l’intérieur des terres, par imprégnation ou mimétisme auprès d’autres populations. La localisation des ethnies, ainsi que leur effectif revêtent un intérêt fondamental pour la direction générale de la mission.

- Une approche de la mission par le territoire : le réseau de station

Dans l’approche suivante, les missionnaires dévoilent leur plan, souvent qualifié « de campagne » en s’inspirant du vocabulaire militaire. Le contrôle du territoire constitue son objectif, grâce à l’établissement d’un réseau de stations. La mission est envisagée dans sa totalité spatiale, même si de larges zones sont encore inexplorées. Plus que les populations, c’est le territoire qui est le sujet de la carte. Il n’est pas le seul cadre de l’apostolat. Il devient son objet.

La pénétration missionnaire progresse par de nouvelles stations qui sont liées entre elles, à l’image des lignes de communication militaire pour acheminer renforts et matériel depuis l’arrière jusqu’au front. Le front s’apparente à la station la plus lointaine, caractérisée par l’isolement le plus complet et dans laquelle le missionnaire mène « une vie de cordon ombilical374 ». Au Congo, une ligne de stations sur le long fleuve relie la côte atlantique à la mission la plus récente située au plus profond du continent : Loango, Banane, Mboma, Linzolo, St-Paul de Kassaï et St-Roch sont disposées à intervalles réguliers, correspondant à plusieurs journées de marche ou de navigation. La mémoire de la congrégation associe les RRPP Carrie375 (cf : De Loango à l’Ubanguhi ) et surtout Augouard à ce réseau, mais l’idée date plutôt de la fin des années 1870, quand se dessine la voie de pénétration par l’Ogooué376. Le même chaînage est envisagé dans la mission de Cunène comme l’explique le RP Antunès en 1894 :

« Nous avons adopté comme règle de fonder nos missions à très peu de distance les unes des autres, de manière à pouvoir avancer avec plus de sécurité vers l’intérieur (..) Dans toutes nos œuvres, nous comptons en ce moment un nombre d’enfants des deux sexes supérieurs à 600. De là, il résulte que dès maintenant nous ouvrons chaque année six à dix ménages chrétiens pouvant sortir de nos missions pour aller au loin en compagnie d’un missionnaire bâtir une nouvelle station. Ainsi, d’ici à deux ans, nous espérons avoir une ligne de missions qui s’étendra sur une parcours de 220 à 250 lieues à l’intérieur c’est-à-dire jusqu’au centre de l’Afrique, entre les deux côtes occidentales et orientales377 ».

Dans le rapport adressé à l’Œuvre, la distance prévue entre deux stations est de 80 km378. A propos du projet d’établir une chaîne de station, il faut rappeler qu’il existe un équivalent auprès de missionnaires protestants, mais qui nourrissent le dessein plus vaste de relier un océan à l’autre379 : très tôt, les RRPP Krapf et Rebmann, projettent de relier la mission anglicane du Nigeria à celle du Kenya et d’élever une digue face à l’islamisation380. Georges Grenfell tente avant 1890 de souder le Congo à la mission anglicane d’Alexandre MacKay en Ouganda ; le méthodiste Héli Chatelain prévoît de relier Benguela à la mission du Zambèze où œuvre François Coillard depuis 1884381. L’idée très séduisante d’enserrer l’Afrique a sans doute animé les esprits entreprenants, mais il est rendu quasiment impossible pour les missionnaires catholiques, dont les projets restent cantonnés à leur mission. En ce qui concerne Cunène, la limite orientale est dans un premier temps le Zambèze, confié aux Jésuites ; après 1900, le territoire est réduit par la Cimbébasie supérieure, limitant aussitôt tous les projets de chaînage. Néanmoins, un an plus tard, le projet initial se précise encore :

« Le plan d’évangélisation que nous nous étions tracé depuis de longues années consistait à établir une ligne de missions partant du plateau supérieur de Huilla et allant par étapes jusqu’au fleuve Cunène, en suivant la vallée de la rivière Caculovar. Des missions établies sur cette ligne centrale devraient partir des missions à établir sur des lignes latérales pour évangéliser les pays situés à l’Est et à l’Ouest de la ligne moyenne382 ».

La traversée de la mission ne constitue donc qu’une première étape, à laquelle succède une seconde visant à quadriller l’ensemble du territoire, par des lignes perpendiculaires à la première. Ce plan s’applique dans d’autres champs d’apostolat, comme au Congo383 (cf : De Loango à l’Ubanghi ) ou au Gabon384. (cf : Gabon )Une troisième étape peut-être envisagée pour combler les interstices entre les stations, en utilisant par exemple des catéchistes ou des missions volantes385. Cette conception plutôt géométrique de l’apostolat pose toutefois une question : désigne-t-elle un véritable plan d’évangélisation ou bien ne sert-elle qu’à rassurer les conseils de l’Œuvre ? Pour Cunène par exemple, la carte que lui consacrent les Spiritains vers 1902386,(cf : Angola ) atteste d’une densité plutôt forte de stations, fruit d’un désir d’occupation. Mais elle montre aussi une mission qui tait son existence, car le Portugal conciliant n’a jamais voulu la reconnaître, en pleine terre du padroado, comme relevant de la Propagande. D’ailleurs, les limites orientales ne sont pas fixées. Dans ces conditions, l’insistance des missionnaires sur leur plan peut être comprise comme la volonté redoublée d’attirer sur eux la bienveillance de l’Œuvre, à un moment où le moindre changement politique à Lisbonne remet en cause l’existence même de toute la mission387. Ainsi, développer un plan géométrique, mathématiquement infaillible, assurerait la confiance de la Propagation de la Foi. En revanche, la simultanéité des « plans d’évangélisation » à travers les rapports adressés à l’Œuvre, vers 1900, témoigne d’une direction générale qui, depuis l’Europe, insuffle directives et principes à ses missions d’Afrique. Le Supérieur de l’ordre du St-Esprit est Mgr Le Roy depuis 1896. Il s’est inspiré du successeur de Libermann, le RP Schwindenhammer, qui, de 1852 à 1882, a uniformisé et centralisé la congrégation388.

Finalement, la ligne de stations ne traverse pas encore l’Afrique, mais sa progression a suivi un plan conçu à partir d’une carte389.(cf : Cunène ) L’établissement de cette ligne de stations doit aboutir au quadrillage complet du territoire. Le même objectif est fixé pour le V.A.du Tanganyka. Dès 1888, les Missionnaires d’Afrique projettent d’y fonder cinq nouvelles stations. Avec les résidences existantes et « espacées comme elles le sont, c’est la salutaire influence de l’Evangile rayonnant dans tout le vicariat390 ». Ils estiment que « le cercle d’action d’une station n’est pas restreint aux catéchumènes qui l’entourent et qu’après quelques années d’existence, la station rayonnera loin dans les contrées environnantes ». Trois ans plus tard, le v.ap. Mgr Lechaptois prévoit d’échelonner les stations le long du lac pour assurer la prédication sur une étendue de côte de près de 200 km391. En 1903, l’occupation du terrain paraît maîtrisée :

«  Le V.A. du Tanganyka compte actuellement huit stations ou centres de mission dont trois possèdent un établissement de religieuses missionnaires. Autour de ces stations à une distance d’une ou de deux journées de marche sont établis des postes secondaires392 ».

Un an plus tard, le rapport explique qu’une deuxième ligne de stations double celle existante sur le lac.

« Les différentes tribus comprises entre les deux lignes de stations sont bientôt s’il plaît à Dieu complètement évangélisées, grâce à des postes intermédiaires393.

Chaque année, une nouvelle station vient renforcer le quadrillage. En 1912, la mission en compte déjà treize394. Pourtant, aucune carte ne résume la belle progression395. Seuls les documents sur le lac proprement dit396 (cf : Lac Tanganyka ) ou le Haut-Congo voisin397, (cf : Haut-Congo ) permettent au lecteur d’imaginer les progrès.

La même démarche s’observe en Cimbébasie, où le RP Lecomte explique en 1897..

« Avec nos 6 missions actuelles, nous embrassons un immense cercle de plus de 2000 km de tour renfermant des millions d’infidèles. Tout ce territoire a été divisé en 5 districts et chaque chef-lieu doit fonder successivement plusieurs succursales de façon à relier entre eux les districts. On finira de les occuper totalement par de simples stations. Tel est le plan suivi398 ».

Ce découpage, qui prouve une présence missionnaire plus importante, traduit la volonté des responsables de couvrir tout l’espace que leur a confié la Propagande. Le même plan est prévu pour Madagascar-Nord :

« La mission compte actuellement douze stations où les missionnaires résident à poste fixe. Chaque station a son église et son presbytère, en outre une chapelle au moins. Les trois principales stations sont situées sur la côte. Ce sont Diego-Suarez, Majunga et Nossi-bé. A coté de chacune se trouve un village malgache important et un missionnaire au moins est chargé spécialement de ces indigènes. Dans l’intérieur, les stations où se trouvent l’église et où résident les missionnaires sont généralement entourées de beaucoup de villages (..), de vraies paroisses ». Mais « il faudra trois ou quatre missionnaires par station car deux ne sont pas suffisants pour visiter chaque village399 ».

Quant au MadagascarCentral, confié aux Pères de la Salette, une carte de 1909 montre que le quadrillage est complet, avec un réseau hiérarchisé très dense qui couvre la totalité de l’espace : aucun village n’échappe à l’évangélisation400 (cf : Madagascar-Central ). L’objectif, assez récent, de vouloir occuper tout le territoire s’explique par la double concurrence qu’exercent la présence protestante et la proximité des autres instituts catholiques, avec lesquels il faut rappeler les limites de juridiction. La situation a bien changé : au XIXè, le manque d’hommes expliquait des objectifs limités, comme s’implanter sur le littoral, contacter une population ou évangéliser une contrée. Au XXè, les missionnaires apprennent à délimiter leur champ d’apostolat, parfois avant même de le parcourir. Une fois le territoire circonscrit, l’évangélisation peut alors commencer.

Les cartes nées d’une tournée apostolique constituent un type particulier. Avec la nécessité de couvrir toute la mission, elles visent la plupart du temps à montrer que les missionnaires sur place tiennent bien le champ qui a été confié, que tout le territoire est contrôlé. Le missionnaire visite alors les points les plus reculés et les plus distants, parfois pour la première fois, précédé de son catéchiste, ce qui donne l’impression d’une vaste emprise sur l’espace401. (cf : Congo , Environs de Stanley-falls , Loango , De Konakry à Freetown ).Parce que le centre de la mission est souvent délaissé, l’expression « tournée » prend alors toute sa signification. Cette habitude s’explique par le contexte de compétition avec les missionnaires des congrégations voisines, prompts à alerter la Propagande au sujet d’un espace laissé à l’abandon. Ce type de cartes confirme une fois encore que l’approche spatiale de la mission doit être relativisée : elle reste intimement liée à une argumentation pro domo. Dévoilant des plans dont la géométrie ou le développement logique assurent une certaine fiabilité, elle n’est peut-être partagée que par une poignée de missionnaires. Mais ceux-ci sont des dirigeants qui ont diffusé leur conception de l’apostolat.

L’approche géométrique de la Propagande dans les années 1920

Le thème de la représentation de la mission comme support à l’évangélisation est repris par une brochure éditée par la Propagande après l’exposition missionnaire vaticane de 1925. L’auteur, le RP Robert Streit, OMI, est d’ailleurs le spécialiste de la documentation dans la congrégation pontificale402. Un croquis portant sur la station principale d’une mission de Capucins au Chili (Cf. Annexe 13 : la station, centre du modèle d'évangélisation ) recense tous les postes religieux pour montrer quelle doit être l’organisation interne d’une mission type. Dépourvu de noms géographique, l’exemple sert de modèle universel, reproductible dans n’importe quelle condition. Le choix du Chili avec ses fondations récentes, postérieures à 1900, traduit la volonté de rapporter les initiatives les plus modernes de l’évangélisation. De nombreuses congrégations ont déjà adopté cette approche spatiale par la station, comme le montrent les missions africaines des Spiritains ou des Pères Blancs. Pour les autres, elle est devenue le modèle à suivre.

« C’est par les stations de mission que l’on peut mesurer les progrès de l’activité missionnaire : la ligne avancée qui marque la progression des stations indique aussi la marche en avant de l’armée missionnaire. La fondation d’une station signifie la prise de possession stable d’un pays : c’est prendre pied chez un peuple, et y commencer une action méthodique (..)

Les stations expriment aussi la véritable valeur et la situation des Missions. Cependant il faut moins les compter que les peser, car ce n’est pas leur nombre, mais leur état qui est significatif et décisif pour l’œuvre missionnaire. On doit les étudier non pas dans les chiffres des statistiques mais sur les cartes géographiques, et c’est dans la distribution et la place des stations que se découvre la stratégie des chefs de la mission. Les stations sont les nœuds du grand filet de la Mission, elles forment le contour de son organisation, l’ossature de son plan, le terrain où l’Eglise naissante prend racine403.

Cette brochure révèle deux nouveautés : la première marque un changement d’échelle : la station, dorénavant considérée comme « centre de lumière et de force », est préférée à la mission proprement dite, sans doute jugée trop vaste ou trop institutionnelle. Elle est devenue le cadre, plus restreint mais plus proche de la réalité, pour conduire l’évangélisation. La seconde indique un nouvel état d’esprit, pragmatique : la station célèbre l’approche méthodique de la mission, dont la réussite n’est plus liée à la Providence mais à la Raison. Elle utilise davantage la géométrie que la géographie. En effet, la distance des stations secondaires à la station principale est évaluée en ligne directe, exprimée en km, alors que l’appréciation traditionnelle reste la journée de marche, surtout dans les zones les plus reculées qui ne bénéficient pas de route404. D’ailleurs, les voies de communication sont absentes en dehors du réseau hydrographique. L’objectif reste le rayonnement de la station principale, qui couvre toute la région et dont l’autorité est relayée par des stations secondaires sur les chapelles ou les autres lieux de messe. Ainsi, quelque soit le terrain, une mission peut reproduire ce dispositif, hiérarchisé et centralisateur.

Cette représentation constitue la reconnaissance par la Propagande de l’approche spatiale et valide les lignes et les réseaux de station. C’est l’adoption de la missiologie qui est à l’origine de cette reconnaissance. La mission doit dorénavant être menée selon une stratégie à base géographique, comme l’expose l’encyclique Rerum Ecclesiae en 1926 :

« Vous aurez donc à cœur de répartir votre personnel de telle manière qu’aucune partie de votre territoire ne reste en dehors de la prédication de l’Evangile, ou soit réservée pour plus tard. Allez plus loin toujours, avançant par étapes, établissant les vôtres dans un lieu choisi pour devenir le centre de nombreuses stations plus petites que vous confierez à un catéchiste au moins et que vous doterez d’un lieu de culte. De leur résidence les missionnaires rayonneront sans cesse à travers ces stations pour y accomplir à date fixe leur ministère et pour les surveiller »405.

Comme le souligne André Rétif, l’occupation du territoire doit se faire selon une progression géométrique, et non plus arithmétique. La brochure de Streit appelle à « moins les compter que les peser », dévoilant alors une critique aux congrégations qui s’empressent de porter sur les statistiques le nombre des nouvelles fondations. Le plan arrêté adopte une stratégie à base géographique : un foyer génère des stations, espacées selon un rythme, qui deviennent à leur tour des centres de rayonnement. La Propagande se range donc aux expériences missionnaires de terrain, théorisées et modélisées par la missiologie. Enfin, pour combler les interstices entre les stations et gagner toute la population et couvrir l’ensemble du territoire, elle prévoit de recourir aux catéchistes. C’est la dernière étape du plan, que les congrégations ont déjà expérimentée depuis longtemps dans leur mission406.

Notes
359.

STANDAERT Nicolas, L’autre dans la mission ; leçons à partir de la Chine, éd. Lessius, Cerf, Bruxelles, 2003, 135 p. L’auteur relativise l’évangélisation par le haut en précisant que la mission, une fois cristallisée, s’adressait aux plus pauvres, les lettrés et l’élite rassemblant moins de 10 % de la population chrétienne. Les communautés de rite effectif assurèrent la diffusion du message chrétien auprès du reste de la population. Quant aux connaissances scientifiques des missionnaires, c’est sur l’insistance des Chinois qu’elles furent sollicitées. Ainsi, la démonstration scientifique, qui a permis l’échange culturel, a été possible car elle était demandée et acceptée par l’élite chinoise.

360.

KOREN Henri, Les spiritains. Trois siècles d’histoire religieuse missionnaire, Paris, Beauchesne, 1982, pp.508-509.

361.

«  Okavango   », MC-1880-451. Le document mentionne la localisation de huit rois et reines dans les villages qui bordent la rivière Okavango. Cette géographie politique est délivrée comme un sésame à tout missionnaire qui veut installer une station dans la région.

362.

SERVAIS Olivier, Des jésuites chez les Amérindiens Ojibwas, coll. Mémoires d’églises, Paris, Karthala, 2005, 662 p.

363.

I bid. Les déplacements des missionnaires, consignés dans les archives des stations sont connus. Ceux du RP Ranquet, de 1853 à 1858, montrent un évangélisateur en perpétuel mouvement. Le missionnaire est hors de sa résidence plus de la moitié de son temps. Les distances parcourues sont immenses et atteignent un millier de km par an. Des cartes sur les itinéraires empruntés permettent de les suivre et d’établir les zones d’influence des résidences respectives, principales ou secondaires, sur les simples stations. Voir les figures 13, 14, 29 et 31.

364.

SERVAIS Olivier, « Espace nomade et espace sédentaire ; opposition entre missionnaires excurrens et sédentaires dans les missions jésuites chez les Ojibwas, 1842-1909 », pp.209-222, in PIROTTE Jean (dir.), Les conditions matérielles de la mission, Actes du colloque conjoint du CREDIC, de l’AFOM et du Centre Vincent Lebbe, Belley du 31 août au 3 septembre 2004, Paris, Karthala, 2005, 511 p.

365.

« Lettre de François Libermann au Ministère de la Marine, le 7 mai 1845 » in LIBERMANN, Notes et documents relatifs à la vie et à l’œuvre du vénérable François-Marie-Paul Libermann, Paris, 1929, vol. 7, pp.165-169.

366.

Mémoire adressé à la Propagande, op. cit.

367.

Réunis plus tard dans un institut spécial, ils recevront une formation. Cardinal LAVIGERIE, Premières instructions aux Pères Blancs de l’Afrique équatoriale, mars 1878, pp.154-156, Ecrits d’Afrique, Paris, Bernard Grasset, 1966.

368.

KOREN Henri, Les spiritains. Trois siècles d’histoire religieuse missionnaire, Paris, Beauchesne, 1982, p. 516.

369.

RP Le Roy, « A travers le Zanguebar », in MC¸ n°762, 11 janvier 1884, p.17.

370.

RP Le Roy, « A la découverte », in MC¸ n°942, 24 juin 1887, p.293.

371.

Archives OPM G-132 Zanguebar-Nord, « Rapport général des recettes et dépenses », 1894, G 08981.

372.

L’excessive dépendance de ces communautés à l’égard de la mission nuit à l’initiative personnelle et à l’esprit d’entreprise. Les chrétiens, de plus, restent ensemble au lieu de s’installer n’importe où, ce que préférait la Propagande, selon KOREN Henri, Les spiritains , op. cit., p. 519.

373.

Archives OPM G-36 Bas-Congo, « Rapport général des recettes et dépenses », 1905, G 02935.

374.

MAURIER Henri, Les missions ; religions et civilisations confrontées à l’universalisme, éd. du Cerf, Paris, 1993, p.182.

375.

La logique de la ligne de stations est évoquée par Carrie dans « Voyage dans le Haut-Congo et l’Oubangui », in MC, 1888, p.342, qu’accompagne la carte «  De Loango à l’Ubanguhi   », MC-1888-344. Carrie est chargé de fonder de nouvelles stations toujours plus loin. Mais, il estime préférable de concentrer les efforts sur une position antérieure, Linzolo près de Stanley-Pool, plutôt que de s’aventurer au-delà de St-Roch. La carte montre aussi d’autres projets : si son titre met en valeur le fleuve, elle reste centrée sur le territoire qui s’étend sur sa rive droite, au nord. Pour l’évangéliser, les stations au sud pourraient servir de point de départ. Cette carte traduit donc le changement opéré dans l’apostolat au Congo français : à une pénétration linéaire le long du Congo succède une autre, terrestre et ponctuelle en direction du Nord.

376.

En 1883, Dutreuil de Rhins, explorateur et lieutenant de Brazza, développe dans un rapport sur l’Ouest africain un plan analogue. Un règlement strict vise à pourvoir le fleuve de stations qui ressembleraient aux factoreries déjà présentes, avec des agents civils dévoués à la France, chargés d’exercer la police et l’autorité. Pour ce projet, l’explorateur a pu s’inspirer du réseau missionnaire en formation sur l’Ogooué, de la côte à Lambaréné. OPM, Fonds Augouard, Boîte XI, Dossier 26, Paris, « Rapport du 9 novembre 1883 ».

377.

Archives OPM, G-44 Cunène, « Lettre du RP Antunès », 15 octobre 1894, G 03361.

378.

« Suivant un plan tracé depuis longtemps, nous continuons toujours à avancer vers l’Est en fondant des stations à 80 km les unes des autres », Archives OPM, G-44 Cunène, « Rapport général des recettes et dépenses », 1894, G 03363.

379.

L’idée de relier les deux côtes de l’Afrique est dans l’air du temps. Le voyage de Cameron qui termine sa traversée de l’Afrique en novembre 1875 a donné lieu à un récit célèbre :CAMERON Verney Lovett, A travers l’Afrique ; voyage de Zanzibar à Benguela, traduit de l’anglais, Paris, Hachette, 1878. Dès lors naissent plusieurs projets visant tous à enlacer l’Afrique et la parcourir complètement. Le cardinal Lavigerie retient l’intérêt de l’exploration pour l’évangélisation et reprend à son compte les souhaits de l’Association Internationale de Bruxelles de voir s’installer des stations à l’intérieur du continent. LAVIGERIE, Œuvres choisies, pp.24-25.

380.

BLANDENIER Jacques, L’essor des missions protestantes, Vol.2 Précis d’histoire des missions, Ed. de l’institut biblique de Nogent, 2003, p.415, p.457.

381.

I bidem. Le premier, envoyé de la mission baptiste, y parvient presque : à l’aide de son bateau, le Peace, il remonte le Congo, puis la rivière Aruwimi en pirogue, avant d’atteindre la limite de l’Ouganda. Chatelain doit renoncer en 1907, après dixannées en Angola.

382.

Archives OPM, G-44 Cunène, « Lettre du RP Antunès », 15 janvier 1901, G 03375.

383.

«  De Loango à l’Ubanghi   », MC-1888-344. La carte montre un tournant majeur dans la conduite de la mission : si son titre met en valeur le fleuve Congo, qu’a emprunté le RP Carrie pour son voyage vers l’Oubangui, elle reste centrée sur le territoire qui s’étend sur sa rive droite, au nord, dorénavant acquis à la France. Pour l’évangéliser, les stations rivées au fleuve pourraient servir de point de départ. Cette carte traduit donc le changement opéré dans l’apostolat au Congo français : à une pénétration linéaire et fluviale le long du Congo succède une autre, terrestre, en direction du Nord.

384.

Une carte manuscrite établie par les Spiritains sur le «  Gabon   », MS-1899, est accompagnée d’une lettre, sans doute du RP Adam, responsable du V.A.depuis 1894. « Le plan d’évangélisation (..) relatif à cette partie du vicariat que j’ai conçu et que je lèguerai à mon successeur, est de garnir de missions la rive droite de la Ngounié. Chaque mission riveraine deviendra un centre de pénétration, par voie de terre, vers le nord, c’est-à-dire vers l’Ogooué », OPM, G-67 Gabon, G 05774 et G 05775.

385.

Les rapports adressés à l’Œuvre mentionnent 18 missions volantes en 1878 et 12 en 1901. Archives OPM, G-44 Cunène, « Rapport général des recettes et dépenses », 1878, G 03372 et 1901, G 033978. Ces missions volantes sont en réalité des postes de catéchistes visités par un missionnaire.

386.

« Angola », carte spiritaine, vers 1902, Archives OPM, G-44 Cunène, G 03381. Le toponyme Cunène n’apparaît pas, sans doute pour ne pas froisser les autorités portugaises. Même absence dans la correspondance du Supérieur qui utilise à partir de 1904 un papier dont l’entête évoque l’ordre du St-Esprit et le nom de Huilla, principale station de la mission.

387.

En 1910, le Supérieur général RP Bonnefoux craint des changements quand le Portugal devient à son tour républicain. Archives OPM, G-44 Cunène, « Lettre de Bonnefoux », 4 décembre 1910, G 03398. La situation s’apaise en 1921 quand la province d’Angola accepte de placer ses pays du Sud sous la juridiction du Supérieur, réalisant ainsi le vœu du fondateur, Duparquet. Archives OPM, « Rapport général des recettes et dépenses », 1921, G 03424.

388.

Voir COULON Paul et BRASSEUR Paule (dir.), Libermann (1802-1852) ; une pensée et une mystique missionnaire, Paris, éd. du Cerf, 1988, pp.161-163.

389.

Celle du RP Lang sur «  Cunène   », MC-1899-515, n’insiste pas sur le lien entre les stations, mais plutôt sur la situation exceptionnelle dont peut jouir la mission.

390.

Archives OPM, G-119 Tanganyka, « Rapport général des recettes et dépenses », établi par le RP Josset, 2 juillet 1888, G 08016.

391.

Archives OPM, G-119 Tanganyka, « Rapport général des recettes et dépenses », 1891-1892, G 08027.

392.

Archives OPM, G-119 Tanganyka, « Rapport général des recettes et dépenses », 1903, G 08050.

393.

Archives OPM, G-119 Tanganyka, « Rapport général des recettes et dépenses », 1904, G 08052.

394.

Archives OPM, G-119 Tanganyka, « Rapport général des recettes et dépenses », de 1904 à 1913.

395.

La raison tient au découpage des missions : le lac Tanganyka est divisé entre deux V.A., tous deux confiés aux missionnaires d’Alger : le Tanganyka occupe sa rive orientale, le Haut-Congo la rive occidentale. Parce que les liaisons entre les rives sont rares et que les ethnies sont différentes, chaque groupe mène son propre plan, adossé au lac.

396.

«  Lac Tanganyka   », MC-1890-501. La carte accompagne la tournée pastorale de Mgr Bridoux effectuée en janvier 1889. Son voyage lui fait traverser le lac en passant par les stations de Kiranda, Karema, Ujiji, Lavigerieville et Mpalo. Cette carte est originale car son sujet, le lac, n’a pas de signification apostolique. Mais elle recense les ethnies qui l’entourent et dresse l’état de l’évangélisation sur ses rives. Répondant à une question du type « le lac Tanganyka est-il christianisé », elle satisfait plutôt l’envie d’exotisme des lecteurs.

397.

«  Haut-Congo   », MC-1889-378. La mission, présentée comme le « poste avancé de la civilisation chrétienne », occupe la partie la moins connue de l’Afrique. Comme ses stations sont rivées au lac, elle reste en grande majorité encore inexplorée. Mais la concurrence protestante est vive là aussi. Le RP Roelens craint que les missions anglaises et américaines profitent des engagements de Berlin quant à l’administration du Congo belge qui interdisait la proximité des missions. « Le pays sera donc au premier occupant », Archives OPM, G-30 Haut-Congo, « Lettre du v.ap. Roelens », 1er juin 1894, G 03130.

398.

Archives OPM, G-33 Cimbebasie, « Lettre du RP Lecomte », 1er novembre 1897, G 02782.

399.

Archives OPM, G-89 Madagascar-Nord, « Rapport général des recettes et dépenses », établi par Mgr Corbet, G 06536. Le rapport précédent comptait 52 villages régulièrement visités par 28 prêtres, G 06535.

400.

«  Madagascar-Central   », MC-1909-293. La carte recense 3 résidences principales : Faratsiho, Betafo, Antsirabé, une trentaine de chapelles importantes et 130 autres secondaires, la plupart nommées.

401.

La carte du RP Trilles sur le «  Congo   », MC-1902-33, correspond à ce type, mais le voyage n’a pas une vocation ecclésiastique : le missionnaire accompagne d’août 1899 à avril 1901 une société d’exploration coloniale organisée par le ministère des colonies. Les «  Environs de Stanley-falls   », MC-1907-491, rapportent la tournée apostolique du RP Grison. Le « Loango   », MC-1908-319, du RP Le Scao, est aussi montré sur son pourtour oriental. L’intérieur, délaissé, serait occupé par une « immense forêt » ou « des plaines accidentées peu peuplées à cause de la maladie du sommeil ». L’exemple le plus flagrant est l’itinéraire du RP Lerouge en Guinée française : «  De Konakry à Freetown   », MC-1914-236.

402.

Robert Streit, OMI (1875-1930) est un initiateur de la missiologie. Il dirige la Bibliotheca Missionum dès 1916 et organise la bibliothèque à l’exposition vaticane des missions en 1926, événement qui marque « le bilan de l’Eglise en marche » selon Georges Goyau. Cf . Nécrologie, Revue d’histoire des missions, 1er mars 1931, pp.46-50.

403.

STREIT Robert, Les missions catholiques ; statistiques et graphiques des missions catholiques d’après l’exposition missionnaire vaticane, Paris, Desclée de Brouwer et Cnie, 1928, p.79. L’exposition des missions a donné une publicité aux stratégies missionnaires menée sur le terrain et permis à la Propagande de les évaluer.

404.

Deux cercles sont tracés à partir de la station principale, le premier à 77 km, le second à 85 km, mais la brochure ne nous renseigne pas sur leur signification. Est-ce une étape dans le développement de la mission, une limite géomètrique difficile ? Une erreur s’est glissée dans la légende : les figurés B et C ont la même signification. Enfin chaque station porte un numéro, sans que l’on sache à quoi il renvoit. Ce manque de précision prouve l’originalité du croquis qui semble avoir été repris sans susciter plus d’explication.

405.

Rerum Ecclesiae, p.80, rapporté par RETIF A., Introduction à la doctrine pontificale des missions, Paris, éd. du Seuil, 1953, pp.73-83.

406.

Les premiers plans selon lesquels les catéchistes sont sollicités pour combler ces interstices portent sur la Cimbébasie et le Tanganyka.