L’évangélisation face aux autres religions

L’absence de concurrents

« Les missionnaires connaissaient bien le pays qu’ils abordaient (..) C’était vraiment le royaume du démon ; c’était lui que représentaient ces hideux fétiches (..) d’où des jugements hâtifs et sommaires qui supprimèrent des choses qu’on aurait pu utiliser en pratiquant les adaptations nécessaires »510.

Ce jugement de J. Bouchaud en 1958 se vérifie dans les cartes. Considérant les religions autochtones comme autant de signes de paganisme, croyances primitives plutôt que véritables religions, leurs auteurs ne les ont pas fait apparaître, à quelques rares exceptions près511. (cf : Oggoué et Ngounié , Congo )Pourtant, idoles, fétiches et sorciers sont présents partout. Leur absence sur la carte conforte l’image d’une Afrique vierge, prête à recevoir l’Evangile. De même, dans les pays où il progresse, au nord, comme sur la côte orientale, l’Islam fait l’objet du même traitement : il est masqué. Cette fois pourtant, il est question d’une religion organisée concurrente du christianisme et qui dispose d’édifices visibles pour le rite. La principale raison provient de la réalité de cette compétition qui n’en est pas vraiment une. Communautés chrétienne et musulmane cohabitent sans jamais s’entamer l’une de l’autre et c’est l’impression d’un partage de terrain plus que d’une conquête qui l’emporte. Ce partage est encore plus net à l’échelle du continent : même si chacune connaît une expansion, les régions musulmanes sont peu pénétrées par le christianisme et les positions chrétiennes résistent aux poussées de l’islam512. C’est auprès des croyances autochtones, animistes, que la mission baptise de nouveaux fidèles, pas auprès des musulmans. Les représenter n’apporte donc aucun intérêt. Pourtant, là aussi, l’islam est très présent513.

Les protestants, considérés comme les concurrents directs, sont traités de manière identique et l’attitude générale est de les ignorer. Or, leur présence est attestée par de nombreuses autres sources, comme les rapports annuels qui dénoncent sans cesse leur infiltration. Après 1920, quelques cartes internes réservées aux congrégations localisent les stations protestantes pour mieux établir le plan de bataille514.(cf : Carte du V.A. du Loango , Carte de la Haute Sangha, Mission de Berberati   ) D’autres cartes dressées par des laïcs dévoilent franchement la très grande proximité entre protestants et catholiques, notamment dans les sites de passage que cherchent habituellement à occuper toutes les églises515 (cf : Shem-Shem Ozange-Nenge (île)) et plus généralement les voies de pénétration vers l’intérieur de l’Afrique516.(cf :  Das Gebiet der internationalen Kongo-Gesellscahft ) L’absence des concurrents protestants sur les cartes confirme l’idée d’une cartographie sélective, qui vise à ne montrer que les missionnaires catholiques face à la nature africaine. Pourtant, les protestants sont établis parfois depuis bien plus longtemps dans ces régions517.( Cf. die Sudwestlichen Kafer-Missionsgebiete ) La Mission de Paris étudiée par Jean-François Zorn y a rejoint d’autres sociétés venues d’Europe et d’Amérique, notamment au Gabon, à Madagascar et au Zambèze518 (cf : die Corisco und Gabun Missionnen ). Les atlas spécialisés de l’époque confirment cette universalité519 et n’hésitent pas à signaler la présence des missions catholiques520 (cf : Madagascar ). Les cartes protestantes paraissent dans des revues comme les Annales de Géographie ou le Bulletin de la société de géographie de Paris ; elles attestent de leur déploiement ainsi que de l’expérience de terrain acquise par l’apostolat521 (cf : Le bas- Ogooué ). Les revues de géographie comme les atlas réunissent sans les distinguer Catholiques et Protestants sous l’appellation générique de « missionnaires », au nom d’une neutralité à l’égard des religions et pour une recherche scientifique universelle. En effet, le débat sur la provenance des travaux scientifiques porte surtout sur la nationalité de leur auteur, plus que sur leur Eglise522. Dans les atlas, certains les distinguent à l’aide d’un figuré différent ; mais toutes les missions sont présentes523.(cf : Congo (feuillle Sud) , Congo (feuille nord) )

Ainsi sur le sujet des religions, les cartes missionnaires tranchent radicalement avec les correspondances et les rapports habituels qui insistent sur la gravité de la situation : jugée préoccupante, périlleuse et souvent conflictuelle, elle dénonce les invasions, la survivance ou, pire peut-être, l’amalgame avec d’autres religions. Chaque situation est pourtant une menace pour la mission. Les cartes missionnaires ne représentent pas non plus l’enfer africain. Peut-on alors les considérer comme une cartographie religieuse ? La réponse est négative si on s’attend à une répartition des croyances et des religions. En revanche, le manque d’objectivité de leur auteur en fait de vraies cartes engagées pour la foi catholique, seule religion digne de figurer. C’est sans doute leur caractère fondamental. Occultant païens, infidèles et hérétiques, le missionnaire peut se consacrer au véritable enjeu de l’évangélisation : la progression du message chrétien, à la fois numérique et spatiale, dont il s’applique à montrer les marques.

Les marques de l’évangélisation

Au même titre que la description ou les statistiques, la carte permet de rendre des comptes. Elle présente les progrès visibles de l’apostolat et aboutit à un bilan spatial de la mission. Elle doit prouver que la mission prospère. Il est donc difficile de démêler la part de réalité de l’exagération dans la situation décrite par le document. Mais en général, les cartes sont un très bon indicateur de l’avancée du christianisme, comme de ses replis. De 1870 à 1900, celles-ci connaissent une évolution de leur sujet et de leur contenu, selon trois étapes ; au départ générales, elles se spécialisent sur le fait missionnaire pour montrer les progrès de l’évangélisation, qui devient leur principal motif.

Les premiers documents de la décennie 1870 plantent le décor. L’environnement assez peu connu laisse se développer tous les mythes. Seule, souvent figurée par une simple croix, l’unique station se détache du sol africain. Elle est rivée au littoral ; mais une seconde semble se profiler, à l’intérieur, objectif d’un voyage d’exploration. C’est l’installation originelle : le christianisme a posé le pied en terre africaine. La croix est porteuse de promesses, mais elle est bien seule. L’image qui lui correspond est celle d’une poignée de missionnaires perdus au milieu de millions d’habitants, assimilés à l’espace immense et encore inexploré524. (cf : Oukami (Afrique orientale)* , De Bagamoyo à Mondha* , Du Gabon au Congo  ; Ogooue et Ngounie ). Cette image est récurrente dans le discours de l’Eglise sur la défense de la mission, comme le montre encore la brochure éditée par la Propagande en 1928 après l’Exposition des missions525. La mission n’a pas de limites clairement établies. Elles sont indécises, peu connues du missionnaire ou bien elles lui semblent peu pertinentes. L’espace cartographié n’a donc aucune limite en dehors de celle du cadre ; il est polarisé par la mission à partir de laquelle se diffuse l’évangélisation. Ce type de carte est conforme aux descriptions de brousse, de solitude et d’immensité, mais il gêne la Propagation de la Foi qui réclame des limites claires et fixes sur les cartes.

Au temps des premières installations succède celui des stations, figurées par des croix latines. Ensemble, elles dévoilent l’ébauche d’un réseau et implicitement d’un plan d’évangélisation. Il est question des lignes de stations au Congo526,(cf : Congo (Embouchure au Stanley Pool ), Congo (Stanley Pool à Equateur) ) au Gabon527,(cf : Estuaire du Gabon , Gabon ) en Cimbébasie528(cf : Haute-Cimbébasie , Cunène ), près des Grands Lacs529, (cf :  Lac Tanganyka  )au Zambèze530(cf : Bas-Zambèze ). Au figuré chrétien s’ajoute un nom européen, celui de la chapelle ou de l’église autour de laquelle s’organise chaque station. Baptiser un lieu, c’est l’extirper de l’idolâtrie et l’intégrer dans le monde chrétien. La succession de noms français sur une carte d’Afrique produit un effet saisissant : ils tranchent avec les toponymes locaux et affirment la propriété chrétienne. Ils sont une double marque, à la fois d’évangélisation et d’appropriation. Ils peuvent désigner une station531 (cf : Kikouyou ) ou parfois ne renvoyer qu’à de simples postes de catéchistes532.(cf : Bas-Ogooué , M. Des Falls ), Pour le lecteur qui parcourt le document, ces noms sont autant de jalons qui montrent une évangélisation qui progresse en gagnant du terrain. Ainsi, la multiplication des croix latines et des vocables chrétiens présentent ensemble un christianisme dynamique, conquérant, qui tranche résolument avec celui d’Europe, de France particulièrement, caractérisé par le repli. En Afrique, la croix avance et gagne du terrain ; en France, elle est menacée et elle régresse, sous l’effet d’une active IIIè République anticléricale. Certaines régions ont été davantage cartographiées, comme le Gabon. Comparées les unes aux autres, les six cartes produites entre 1881 et 1896 permettent d’évaluer le rythme de l’apostolat, que le lecteur peut mesurer en comptant le nombre de croix (Cf. Annexe 16 : les progrès de l'évangélisation au Gabon ). Il faut constater que l’espace couvert par la carte se rétrécit et que le nombre de stations augmente. Cette tendance à la densification de la présence missionnaire, se produit grâce à de nouveaux renforts, mais aussi à la réduction des champs d’apostolat533. A mesure que progresse l’évangélisation, l’Afrique est parcellisée et les grandes missions du milieu du XIXè se divisent en de nombreux territoires. Ainsi, délaissant tout l’intérieur jusqu’au fleuve à la mission voisine, le V.A. du Congo français créé en 1890, la mission du Gabon connaît un recentrage sur le littoral et ses estuaires, que montrent très bien les cartes. Densification de l’évangélisation, division du territoire et recentrage cartographique s’observent aussi dans les mêmes conditions sur la côte orientale au Zanguebar534 (cf : Oukami , de Bagamoyo à Mondha , Zanguebar central   à travers le Zanguebar , Zanguebar )ou au pays Kikouyou535.(cf : Kikouyou , Kikouyou )

A partir des années 1900, les cartes se concentrent sur la hiérarchie ecclésiastique. La légende s’est étoffée depuis le très générique « mission » ou « poste de missionnaire ». Il est question dorénavant du siège du VA ou de la PA, des centres d’évangélisation ou station principale, des résidences des missionnaires, auxquels certains rajoutent les postes de catéchistes. L’objectif de la carte n’est plus de livrer le plus grand nombre d’information sur l’espace de la mission mais de montrer son état d’avancement, en un mot sa maturité. Celle-ci se mesure grâce au nombre et à la répartition de ses stations ainsi qu’à son organisation générale. Le tableau ci-dessous montre le recours à la figuration pour distinguer les autorités de la mission.

Tableau 19 : Quelques figurés de la hiérarchie missionnaire

Oubangui


MC-1906-225

Stanley Falls


MC-1907-491

Madagascar

MC-1909-293

Mandchourie méridionale

MC-1895-187

Centre
d’évangéli-sation

Résidence
des
missionnaires

Résidence
des
missionnaires



Capitale ou résidence épiscopale

Résidence
des
missionnaires

Résidence
des
catéchistes

Chapelle importante

Résidence
des
missionnaires
     


Chapelle


Chrétienté

Ces exemples prouvent qu’il n’existe pas de figuré type pour désigner la mission ; chaque missionnaire dessine comme il le désire, mais ses figurés ne sont que des déclinaisons de la croix latine, identification du christianisme536. Ces légendes montrent la distinction entre les différents lieux de la mission, selon s’ils désignent les auxiliaires, les prêtres ou le siège du v.ap. Elles prouvent l’existence d’une hiérarchie dans la mission, même si les rapports entre les stations s’établissent sur un pied d’égalité. L’exemple asiatique qu’offre la Mandchourie orientale permet de généraliser la remarque537.(cf : Mandchourie orientale )

Dans cette dernière étape, seul l’espace évangélisé compte, avec ses noms, soulignés ou en majuscules pour insister sur leurs différences538 (cf : Ounynanyembé ). Les vocables européens se détachent davantage et les zones moins couvertes s’effacent, faute de toponyme et de croix latine539. Cette fois, les limites du VA ou de la PA sont portées, ce qui démontre que la mission est pensée davantage en tant qu’institution. L’échelle devient plus petite540 et les catéchistes, sans doute trop nombreux pour que l’image reste lisible, disparaissent. Finalement, seuls les endroits occupés par des missionnaires européens sont retenus. C’est donc de la mission institutionnelle, entière et clairement délimitée qu’il est question. Comme pour l’évaluer, elle est résumée à son organisation, sur le modèle de la cartographie ecclésiastique habituelle qui présente de manière systématique et semblable tous les diocèses de la chrétienté, avec leurs découpages intérieurs qui correspondent ici aux limites de stations541.(cf : P..A.. du Bas-Niger ) Quand ils apparaissent, ces découpages portent le nom de district, selon la dénomination adoptée par la Propagande et les congrégations542. Comme chaque mission a pour objectif de se transformer en diocèse, cette manière de la représenter accrédite son état d’avancement. Cette troisième étape est bien marquée par la spécialisation : déclassées par le plus grand nombre de documents sur l’Afrique produits par la colonisation, les cartes missionnaires ne sont plus aussi insolites et il faut leur trouver d’autres qualités. La réaction est de proposer des cartes qui portent sur un espace limité représenté à grande échelle543(cf : Loango ) ou bien exclusivement sur le thème de l’apostolat. Ce recentrage sur les marques de l’évangélisation caractérise les documents dorénavant et fait apparaître encore plus clairement l’état du réseau missionnaire.

Parfois, même la toponymie locale est mobilisée pour montrer les progrès. C’est le rôle que jouent les localités sur certaines cartes. A propos de la population Banyabungu dans le Haut-Congo belge, le Père Blanc n’a porté sur sa carte de 1915 que les sept localités qu’il a traversées lors de son expédition dans les montagnes544.(cf : Haut-Congo ) Comme il l’explique, il a systématiquement « planté la croix » dans chacune d’entre elles. Cette désignation les isole du reste du territoire, laissé vide sur le document mais pourtant tout aussi peuplé dans ses alentours, et les identifie comme une terre chrétienne nommée au sein d’un espace païen muet et laissé en blanc. Ce choix offre une représentation minimaliste de la mission, réduite aux seuls villages parcourus par le missionnaire. Ce pourrait être une définition de la mission effective, c’est-à-dire le territoire sur lequel le missionnaire a exercé une action. Ainsi, par extension, toutes les localités quand elles figurent sur une carte marqueraient donc l’étendue exacte de la mission, et les absences les endroits évités ou inconnus. Attention toutefois à ne pas généraliser, car tous les villages mentionnés sur une carte ne font pas forcément l’objet d’un investissement par le missionnaire, au nom d’une gestion économique des moyens. Cet exemple montre qu’il est difficile d’établir un type cartographique et que le recours au texte est parfois nécessaire car il renseigne sur l’interprétation du document.

Notes
510.

BOUCHAUD J., in Mgr DELACROIX (dir.), op. cit., p 302.

511.

Quelques endroits remarquables sur les fleuves, comme des virages brusques, des îles ou des sites de confluences, sont parfois qualifiés de pointe, d’île ou de pierre du fétiche : «  Oggoué et Ngounié   », MC-1882-583 ; «  Congo   », MC-1882-HT. Si le nom est admis par tous les navigateurs, ceux-ci ne leur accordent pas de pouvoir particulier pour autant.

512.

Voir la carte de l’Islam et du christianisme de Kevin Shillington, History of Africa, London, Mac Millan1995, rapportée par COQUERY-VIDROVITCH Catherine, L’Afrique et les Africains au XIX è  ; mutations, révolutions, crises, Paris, A. Colin, 1999, carte 14.

513.

Voir KI-ZERBO Joseph, Histoire de l’Afrique noire, Hatier, 1978. L’auteur évoque les hégémonies musulmanes peul et toucouleur du Soudan occidental et central , ainsi que le déploiement sur la côte orientale, de Zanzibar aux grands lacs, le long des routes commerciales.

514.

«  Carte du V.A. du Loango   », MS-1920, 17 novembre, Archives spiritaines, Dossier Congo, 3J1.8.a.1. «  Carte de la Haute Sangha, Mission de Berberati   », MS-1927, 7 octobre, Archives spiritaines, Dossier Oubangui-Chari, 5J1.2.a.2.

515.

«  Shem-Shem   », MC-1885-191 : la péninsule d’Aden offre côte à côte deux temples protestants et deux églises catholiques, ainsi qu’un cimetière juif et un autre musulman. «  Ozange-Nenge (île)   », MC-1900-210. La carte du sergent Gueneau mentionne trois édifices sur la rive opposée à celle de Lambaréné, à 2 km de la mission catholique : une mission américaine, un temple et une maison des dames protestantes.

516.

La carte consacrée par Petermann aux possessions de la Société Internationale du Congo dévoile le nombre et la proximité des stations missionnaires protestantes anglaises et belges avec les stations catholiques françaises : «  Das Gebiet der internationalen Kongo-Gesellscahft », in Petermann’s Mitteilungen, 1884, Tafel 12.

517.

Les premiers missionnaires dont on rapporte les premiers voyages d’exploration en Afrique équatoriale et australe sont souvent protestants : Krapf, Rebmann, Erhardt, Livingstone. La revue Petermann’s Mitteilungen publie leurs découvertes : « Barth’s Karte im Zentral-Afrika », 1858, Tafel 19 ; « Livingstone Entdeckung », 1861, Tafel 9 ; « Livingstone’s Reisen in inner Afrika », 1875. En Cafrerie, les sept missions protestantes sont les seules à la fin des années 1860 : Cf.« die Sudwestlichen Kafer-Missionsgebiete » in GRUNDEMANN Dr R, Allgemeiner Missions-Atlas, Gotha, Justhus Perthes, 1867-1871. 

518.

Au Zambèze, François Coillard explore la région dès 1877. Voir COILLARD François, Sur le haut-Zambèze, Berger-levrault et Cie, Paris, 1899, 694 p. ; les protestants français réussissent à s’installer durablement malgré l’autorité coloniale britannique. Au Gabon, la société profite des voyages de Brazza qui encourage aussi le protestantisme pour reprendre le réseau de stations établies par une société américaine le long de l’Ogooué. Cf . «  die Corisco und Gabun Missionnen   », Afrika n°8 in GRUNDEMANN Dr R, Allgemeiner Missions-Atlas, Gotha, Justhus Perthes, 1867-1871. A Madagascar, c’est après l’appel du sous-secrétaire Félix Faure, le 13 octobre 1884 que la société envoie ses pasteurs. ZORN Jean-François, Le grand siècle d’une mission protestante ; la mission de Paris de 1822 à 1914, Paris, Karthala, les bergers et les mages, 1993, 791 p.

519.

BURCHARDT G.E. & GRUNDEMANN R., Les missions évangéliques, en 4 tomes, Lausanne, Georges Bridel, 1884-1887, vol. 2 : l’Afrique, 1884, 520 p. Dans le décompte pour l’Afrique subsaharienne, l’ouvrage énumère près de treize sociétés anglaises et écossaises, sept allemandes, cinq américaines, deux scandinaves et deux françaises, dont la Société des missions de Paris.

520.

GRUNDEMANN R., Allgemeiner Missions-Atlas, Gotha, Justhus Perthes, 1867-1871. Après la dizaine de sociétés protestantes, figurent dans la légende les Römische Catholischen Missionnen dont les stations sont reportées en marron sur la carte. Cette mention peut inviter à la comparaison avec les Catholiques, qui est finalement favorable car leurs positions sont généralement sous-estimées. Voir par exemple la carte de «  Madagascar   », Afrika n°17.

521.

Parcourir par exemple la carte au 1/250.000è du RP Ernest Haug de la Société des Missions évangélique de Paris, qui accompagne «  Le bas- Ogooué   » in A nnales de géographie, 15 mars 1903, pp.139-171. Le document mobilise des connaissances géologiques et linguistiques pour donner l’image la plus précise de la région.

522.

A propos des découvertes de Livingstone et en général des missionnaires protestants étrangers, le secrétaire général de la Société de géographie de Paris déplore dans le n°XIII de 1857 qu’on ne voit en eux que des agents politiques autant que des apôtres de l’Evangile. Il rappelle ensuite que « la géographie en fait son profit, et elle sera toujours reconnaissante envers ceux qui enrichissent si largement son domaine. C’est un missionnaire anglais, M. Livingstone, qui vous adressait dernièrement les détails sur certaines parties de l’Afrique méridionale (..) La science ne connaît pas d’esprit de nationalité et elle rend loyalement justice à ceux qui la servent, quels que soit leur cocarde ou leur drapeau » (p.26). Six mois plus tard, la Société décerne une médaille à l’explorateur.

523.

Voir par exemple PELET Paul, Atlas des colonies françaises, Armand Colin, Paris, 1902. Le Congo y fait l’objet d’un traitement particulier : missions catholiques et protestantes sont distinctes dans la carte n°12, «  Congo (feuillle Sud)   » ; seules les premières apparaissent dans la carte n°13, «  Congo (feuille nord)   ».

524.

De nombreuses cartes correspondent à ce premier type. Les plus significatives : «  Oukami (Afrique orientale )* », MC-1873-HT ; «  De Bagamoyo à Mondha * », MC-1878-175 ; «  Le Damara   », MC-1880-367 ; «  Du Gabon au Congo   », MC-1881-439 ; «  Ogooue et Ngounie  », MC-1882-583.

525.

STREIT Robert, OMI, Les missions catholiques ; statistiques et graphiques des missions catholiques d’après l’exposition missionnaire vaticane, Paris, Desclée de Brouwer et Cnie, 1928. Le graphique de la p.114 présente l’armée missionnaire dans le monde païen : un quart de carré est noirci au milieu de 2080 autres carrés, représentant les 121.752 missionnaires entourés des 1.043 Millions de non chrétiens. « C’est comme une goutte d’eau dans la mer ». L’effet saisissant d’inégalité appelle donc une interprétation en légende : « Pour remporter cette victoire, l’armée du front adresse à tous un pressant appel : envoyez des missionnaires, toujours plus de missionnaires sur le front immense du champ de bataille en pays païen »,pp.114-115.

526.

«  Congo (Embouchure au Stanley Pool ) », MC-1882-HT ; «  Congo (Stanley Pool à Equateur)  », MC-1886-20 : stations de Loango, Landana, Banane, St-Antoine, Mboma, St-Joseph de Linzolo, St-Paul de la Kasaï, Molira.

527.

«  Estuaire du Gabon   », MC-1894-347 ; «  Gabon  », MC-1895-152 : stations de St-Denis, Libreville, Dongila, St-Joseph des Bengas. Ste-Anne, Sette Kama, Lambaréné.. soit près d’une douzaine en 1895.

528.

«  Haute-Cimbébasie   », MC-1894-236 ; «  Cunène   », MC-1899-515 : stations de Huilla, du Jau, Chimbingito, de la Quihita, des Gambos.

529.

«  Lac Tanganyka   », MC-1890-501 : stations de Lavigerieville, Ujiji, Karema, Kiranda, Mpala.

530.

«  Bas-Zambèze   », MC-1896-500 : stations de Quélimane, Morumbala, Boroma, Zumbo, Inhambane.

531.

«  Kikouyou   », MC-1908-210. Douze des quatorze stations des Pères de la Consolata ont reçu un vocable dédié à Notre-Dame.

532.

Le RP Lejeune attribue les noms de Germainville, Paris, Nazareth, St Pierre, St Latuin ; «  Bas-Ogooué   », MC-1896-556. En 1903, la mission des Falls dispose de 19 postes religieux, dont 11 portent un nom européen : St-Joseph Léon, St-Léopold, St-Edmond, Ste-Adèle, St-Christophe sur la rive gauche du Congo, St-Léon, St-Gabriel, St-Jean, St-Vincent sur la rive droite, St-Christophe et St-Augustin sur un affluant ; «  M. Des Falls   », MC-1903-341.

533.

Le Gabon n’est toutefois pas le cas le plus représentatif car son territoire reste relativement épargné par le partage. En revanche, le V.A. doit céder à ses voisins plusieurs portions de terrain.

534.

«  Oukami   », MC-1873-HT ; «  de Bagamoyo à Mondha   », MC-1878-175 ; «  Zanguebar central   », MC-1882-HT ; «  à travers le Zanguebar   », MC-1884-18 ; «  Zanguebar  », MC-1887-298. Le nombre de stations est respectivement de un, deux, quatre, quatre et six pour chacune de ces cartes.

535.

Le pays Kikouyou est à la mode après 1900, mais sans qu’il ne constitue une mission indépendante. Les spiritains responsables du Haut-Zanguebar proposent une première carte dès 1902 : elle recense trois stations, «  Kikouyou   » MC-1902-482. Intégrée à la nouvelle mission du Kenya érigée en 1905 et confiée à l’Institut des Missions de la Consolata, elle donne lieu à deux autres cartes quelques années après : en 1907 sont recensées six stations, « Kikouyou », MC-1907-17 ; enfin, une dernière carte un an après compte près de quatorze stations dont douze fondées par les Pères de la Consolata : «  Kikouyou   », MC-1908-210. Ce troisième document, le plus grand et le plus précis, dressé par le RP Perlo, v.ap. du Kenya, atteste d’une meilleure connaissance du terrain. En 1917 reparaît la première carte, mais sous un titre différent : « Kikouyou et Oukamba », MC-1917-438.

536.

Le figuré est déjà présent dans les atlas recensés par François de Dainville, dès les cartes catalanes de 1375. Elaboré selon lui au XVIè s., le langage de la géographie attribue la croix latine à la religion catholique. Les atlas des XVI, XVII et XVIIIè reprennent le motif en faisant varier sa base : un simple cercle, toujours creux, ou un bâitment, représentant souvent un clocher ou une église. De DAINVILLE F., Le langage des géographes, Paris, Picard, 1964, p.308-309, figure 45.

537.

«  Mandchourie orientale   », MC-1895-187, dressée par Mgr Guillon, v.ap. de Mandchourie, dessinée et publiée par Adrien Launay des Missions Etrangères.

538.

La carte de l’Ounyanyembé a retenu 22 toponymes et deux lignes astronomiques : trois lacs, une rivière, trois localités, quatre noms de pays, le nom du V.A. et dixde stations. «  Ounynanyembé  », MC-1914-553.

539.

Les toponymes sont moins nombreux, excédant rarement la quarantaine.

540.

Cette tendance correspond aussi avec de nouvelles consignes de représentation adoptées par la revue. Cf. infraChapitre IV 2) c) Les dimensions.

541.

Les cartes missionnaires françaises abordent peu le découpage intérieur de la mission. En revanche, les Spiritains anglais font apparaître stations and their boundaries. Elles donnent l’impression d’une mission déjà structurée, bien que certaines soient très récentes. Voir par exemple «  P..A.. du Bas-Niger   », 1917, OPM, G-98 Bas Niger, G 06816. 

542.

Le questionnaire-type des Spiritains sur la visite provinciale daté des années 1900 évoque le district. Il constitue la portion territoriale de base, auprès de laquelle seront recueillies toutes les informations. La visite provinciale se résume alors à la tournée des chefs lieux de district.

543.

La revue présente la carte du RP Grison sur la mission des Falls comme « une étude très remarquable, non seulement au point de vue évangélique, mais encore au point de vue purement scientifique et géographique (..) elle place sous nos yeux des localités dont le nom n’avait jamais figuré dans notre bulletin » ; « Au cœur du continent noir », in MC, 1907, n°2001, p.490. Une autre exception : la carte du Loango du RP Le Scao en 1908, pour laquelle la revue annonce que « rien d’aussi détaillé n’avait encore paru sur cette partie de l’Afrique équatoriale et l’abondance des renseignements inédits qu’elle contient en fait une œuvre d’une grande valeur » ; «  Loango   », MC-1908-319.

544.

«  Haut-Congo   », MC-1915-597. Le voyage s’est effectué à partir de Thielt-St-Pierre, au Sud-Est du lac Kivu.