Le sens de la visite adlimina

Chaque évêque promet juste avant sa consécration de visiter personnellement et régulièrement les limina apostolorum : il viendra se recueillir dans les basiliques des saints apôtres Pierre et Paul bâties sur la via Ostiense à Rome, puis demandera l’audience pontificale avant de regagner son diocèse. Ce pèlerinage est une obligation, codifiée par Grégoire VII en 1076 ; elle fait l’objet d’aménagements successifs, notamment pour les évêchés les plus lointains, selon un ordre qui traduit une certaine représentation du monde661. Mais en cas d’empêchement, l’évêque peut envoyer un délégué qui le remplacera, car l’un des buts de la visite est surtout de rendre compte de l’administration du diocèse que le Saint-Siège a confié. La mission répond aux mêmes exigences, mais c’est la Propagande qui en fixe les modalités, dès le XVIIIè : chaque v.ap. est tenu d’assurer une visite annuelle à Rome. En 1828, on permet au v.ap. du Tonkin oriental d’envoyer un procureur à sa place. En 1838, un décret réunit les nouvelles dispositions662. A partir de 1843, le v.ap. doit faire une relation sommaire annuelle de son vicariat et une plus étendue tous les cinq ans, qui tienne lieu de visite.Le 24 avril 1864, la Propagande dresse un catalogue de 65 questions pour la renseigner le plus complètement possible sur l’activité de chaque mission. Le 1er juin 1877, Pie IX renouvelle le questionnaire par 63 paragraphes.

Ainsi, le pèlerinage à Rome a pour objectif de réactiver l’autorité directe du Pontife sur chaque évêque lui rappelant les comptes qu’il doit rendre : au Pape en particulier et à son gouvernement en général. Le mouvement centripète du va-et-vient des évêques ne s’apprécie que depuis Rome, comme invite à le faire l’Annuaire pontifical de 1911 :

« Il est beau de voir tous les évêques de la catholicité venir à Rome à des époques déterminées pour se prosterner au tombeau du Prince des apôtres »663.

Ces pèlerins renvoient une double image d’immensité et d’universalité du catholicisme et confirment par leur présence la centralité de Rome. Quant aux rapports, annuels et quinquennaux, ils occupent une place fondamentale. S’ils économisent aux Evêques un voyage à Rome, grâce à eux, le Saint-Siège peut se rendre compte de l’état de l’Eglise dans les différentes parties du monde et mener une véritable direction de l’évangélisation. Les cartes et les chiffres deviennent nécessaires pour aider la représentation.

Notes
661.

Le Pontifical romain fixe le rythme suivant : une visite tous les trois ans pour les évêques d’Italie, quatre pour ceux de France, d’Allemagne ou d’Espagne, cinq pour les rivages méditerranéens de l’Afrique comme pour les contrées les plus éloignées d’Europe, dix pour les évêques d’Asie et les autres parties du monde.

662.

Le décret général du 31 octobre 1838 reprend ceux du 17 juin 1747 et du 2 avril 1759.

663.

« La visite ad limina », in Annuaire pontifical, 1911, pp.380-388.