La représentation du monde par Rome est marquée par la projection de son autorité. La cartographie tient traditionnellement une place importante. Elle s’illustre par des fresques, des globes, des planisphères et des atlas.
L’histoire de la Papauté rend hommage à l’action des Papes en faveur des explorations et des découvertes géographiques. L’objectif qu’ils poursuivent est l’unité et la pleine possession du globe, car le message chrétien s’adresse à tous sans distinction. C’est aussi un but pour les géographes. Ainsi, l’évangélisation est considérée comme un moteur de la découverte. Pour rendre compte de ses progrès, les pontifes du Moyen Age font peindre une fresque du monde752 : Zacharie fait recouvrir son triclinium des tableaux des provinces de l’univers chrétien avec cet avertissement : « même durant leur repas, les pontifes devaient avoir constamment déployé sous leurs yeux le domaine entier de la sollicitude ecclésiastique »753. La fresque s’agrandissait à mesure que se produisaient de nouvelles évangélisations, en commençant par la Saxe. La représentation du monde chrétien se concrétise ensuite au XVIè avec les cartes murales du Vatican, disposées dans deux longues galeries754. La première réunit les régions du monde, la seconde les villes et provinces d’Italie. Ces fresques témoignent de l’intérêt du Saint-Siège pour la géographie en général et la cartographie en particulier. Mais elles assurent surtout un rôle politique, en rappelant à leurs spectateurs, qu’ils soient pontifes ou visiteurs, l’immensité du monde chrétien, c’est-à-dire l’étendue du domaine dirigé par le Saint-Siège755. Au XVIIè, la congrégation De Propagande Fide devient la seule institution de la Papauté qui soit dépositaire des progrès de la géographie religieuse. Elle rédige elle-même des mémoires statistiques et géographiques sur les régions du monde : l’Etat présent de l’Eglise romaine dans toutes les parties du monde756, présenté par le secrétaire Mgr Urbano Cerri, pour le pape Innocent XI constitue la première statistique générale du catholicisme. Dès lors, la Propagande n’aura de cesse d’accumuler les informations géographiques et chiffrées sur toutes les régions du monde.
L’idée s’inspire d’une carte murale, dite d’Auguste et d’Agrippa, qui figurait au Palais St Jean de Latran.
Rapporté par THOMASSY, M.R., Les Papes et la géographie du Vatican, Paris, 1852, p.8.
La première est débutée sous le pape Léon X et terminée sous Pie IV. La seconde, débutée par Pie IV est finie sous le pontificat de Grégoire XIII.
Lors de la signature des accords du Latran, en février 1929 le cardinal Gasparri aurait fait traverser les galeries à Mussolini pour lui faire prendre conscience de l’étendue du domaine pontifical.
CERRI, Urbano, État présent de l'église romaine dans toutes les parties du monde, écrit pour l'usage du pape Innocent XI, avec une épître dédicatoire du chevalier Richard Steele au pape Clément XI. Traduit de l'anglais, Amsterdam, P. Humbert, 1716.