La mise en scène du monde missionnaire : l’exposition vaticane de 1926

Le cadre de la missiologie naissante

Les études missionnaires se sont constituées en discipline propre, la missiologie, sous l’impulsion de la Missionswissenschaft au début du XXè781. Consacrés par le texte pontifical Maximum Illud du 30 novembre 1919, les travaux de l’école allemande appellent la création d’un grand centre de formation du missionnaire que la congrégation Propaganda Fide assurera au Collège Urbain dès l’année suivante782. Deux pionniers s’y distinguent : l’abbé Joseph Schmidlin, premier professeur à enseigner la missiologie à l’université, et le RP Robert Streit, OMI. Il est l’auteur de la colossale bibliographie missionnaire, Bibliotheca Missionum. Débutée en 1916, elle constitue la somme de tous les écrits missionnaires, établie par continent. Au premier volume s’en ajoutent cinq autres, de 1924 à 1930. L’œuvre est ensuite continuée par le RP Didinger. Considérant la science missionnaire comme le « terrain sûr et solide sur lequel repose l’activité entière des Missionnaires et des missions », il fait la promotion de la missiologie à la Propagande où il devient le responsable de la documentation. Il y crée la Bibliothèque missionnaire783. Le pontife est alors Pie XI, considéré par l’historien André Rétif comme « le Pape des missions »784. Il veut donner une impulsion à l’expansion de l’Eglise tout en rappelant son foyer romain. Il développe les notions d’universalité et de centralité que résume le terme de romanita et qui inspirent plusieurs manifestations : un Congrès eucharistique international et un Congrès international de la jeunesse catholique désignent Rome comme le centre du monde catholique. Le Saint-Siège accentue la centralisation en transférant à Rome l’Œuvre de la Propagation de la Foi en 1923 pour réunir toutes les aumônes. Enfin, le texte Rerum Ecclesiae en 1926, lance un appel pour mobiliser toute la chrétienté à l’évangélisation. Mais c’est surtout l’exposition missionnaire de 1925, organisée dans les jardins du Vatican, qui témoigne de cette centralisation. Pour elle, le spécialiste de missiologie qu’est Robert Streit est chargé d’un poste très important : la section des livres et des périodiques missionnaires.

Notes
781.

Sur la question, voir SEUMOIS André, « La S.C. de Propaganda Fide et les études missionnaires », pp.455-463, in Sacrae C ongregationis de P ropaganda F ide M emoria rerum 1622-1972, vol. III/2, 1815-1972, Rom-Freiburg-Wien, 885 p. Voir aussi l’article récent de Claude Prudhomme, « Sciences pour la mission, sciences de la mission : quel rôle pour la papauté ? », à paraître.

782.

Plus précisément à l’Athénée, dès 1920 et jusqu’en 1932.

783.

GOYAU Georges, « Nécrologie de Robert Streit », in Revue d’histoire des missions, 1er mars 1931, pp.46-50.

784.

RETIF André, « Le développement des jeunes Eglises, 1914-1939 », pp.128-168, in DELACROIX (dir.), Histoire universelle des missions catholiques en 4 tomes, T.III : Les missions contemporaines (1800-1957), Paris, Grund, 1958, 447 p.