2.2.3.3. L’hypothèse

Le but de notre travail étant d’analyser les tentatives d’adaptation que vont faire les locuteurs au cours de leurs conversations, nous formulerons ici la même hypothèse que celle proposée pour le système verbal. En effet, nous retrouvons le même type de continuum qui nous permet de mettre en place différents degrés d’adaptation possibles et nous pouvons dire qu’a priori plus on se placera loin sur cette échelle, moins les adaptations seront attendues puisqu’elles seront considérées comme étant les plus complexes des deux systèmes.

Ainsi d’un côté, un locuteur peu assuré aura tendance à utiliser des formes pronominales communes aux deux variantes (degrés 1 et 2) et s’il a besoin de recourir à des pronoms qui seront différents, il restera très probablement dans sa propre variante, prenant alors le risque de causer quelques malentendus au fil de la conversation avec son interlocuteur dialectalement opposé, risque qu’il prendrait par ailleurs s’il employait de façon erronée des formes de l’autre variante qui ne seraient pas ratifiées par ce même interlocuteur.

D’un autre côté, on peut également supposer qu’un locuteur plus familier avec la variante voisine aura identifié ces formes pronominales qui sont différentes de son propre système et tentera lui-même de les employer. Ainsi, celui-ci parviendra jusqu’aux degrés 4 et 5 de l’échelle, c’est-à-dire qu’en plus de connaître les formes divergentes, il va jusqu’à essayer de s’en servir. Si le participant arrive à utiliser des pronoms qui ont un autre aspect que ceux de son système, pour exprimer la même idée (degré 4), sa capacité d’adaptation est intéressante, mais s’il peut aller jusqu’à employer des formes qui sont complètement absentes de son propre système (degré 5), il montrera une aptitude très élevée dans la variante opposée.