3.4. Bilinguisme et bidialectalisme

Après avoir situé la notion de diglossie, pour laquelle nous retenons l’utilisation, à des fins de communication différentes, de deux codes fonctionnellement différents et complémentaires, nous pouvons définir plus précisément les notions de bi-/plurilinguisme et de bidialectalisme.

Pour approfondir la définition minimaliste précédemment évoquée qui consistait à dire que tout locuteur peut être dit plurilingue à partir du moment où il a la maîtrise au minimum de deux codes (et non « langues ») différents employés régulièrement, nous allons nous appuyer sur quelques critères typologiques que proposent Lüdi & Py (1986). Ces critères vont nous permettre d’évaluer la bilingualité de nos locuteurs (uniquement ceux présents dans les sous-corpus transcrits) et de les situer sur un continuum, allant d’un individu complètement unilingue à un individu parfaitement plurilingue, sans jamais établir de dichotomies. Ce concept de bilingualité a été introduit par Hamers & Blanc (1983) qui le distinguent du concept de bilinguisme. Le premier (bilingualité) s’applique à l’individu en particulier et désigne l’accessibilité potentielle à deux codes différents, le second (bilinguisme) englobe le premier et s’applique de façon beaucoup plus large à une situation, une communauté, une société ou un territoire par exemple. Nous reprenons ces concepts pour les appliquer à la situation de bidialectalisme

C’est la bilingualité (vs bilinguisme) ou plus exactement la « bidialectalité » (vs bidialectalisme) des locuteurs qui va nous intéresser et que nous allons tenter d’évaluer à l’aide de différents critères proposés par Lüdi & Py (1986). Ainsi, nous regarderons la nature des langues en contact, le degré de maîtrise de chacune des langues, le mode d’apprentissage ainsi que les pratiques langagières, besoins personnels et sociaux. Avant toute chose, comme l’indique Trudgill (1986), une des différences majeures entre une situation de langues en contact et une situation de dialectes en contact est le fait que dans le premier cas de figure, les locuteurs sont contraints d’avoir un degré minimum de bilinguisme individuel pour communiquer et se comprendre, alors que dans le second cas, une intercompréhension étant établie entre les dialectes (ou les variantes), les locuteurs ne sont pas obligés de développer un bidialectalisme individuel. Ils auront la possibilité de s’adapter de manière ponctuelle s’ils le souhaitent, et ce pour diverses raisons qui ne sont d’ailleurs pas toujours explicites.