3.4.3. Degré de maîtrise

Le troisième critère typologique présenté par Lüdi et Py (1986) pour situer le locuteur plurilingue est le degré de maîtrise de chaque code. Il n’est pas ici question d’évaluer de façon indépendante la compétence que possède un locuteur dans chacune des variétés qu’il emploie, comme s’il s’agissait d’un locuteur monolingue avec une « compétence idéale », mais de mesurer les compétences qu’il a de chacune des variétés les unes par rapport aux autres. Ainsi, un continuum est à nouveau établi, distinguant cette fois-ci la compréhension auditive de l’expression orale, et répartissant les locuteurs d’un pôle de non-compréhension et de non-expression totales à un pôle de compréhension et d’expression convenables, autrement dit suffisants pour entretenir une conversation avec un locuteur dialectalement opposé. Le tableau précédent montre le degré de maîtrise approximatif de la variante opposée pour chaque locuteur. Celui-ci dépend bien entendu des usages qui sont faits de la variante-cible et de la variante-source. Nous verrons ainsi à quel point les connaissances dans la variante-cible peuvent être liées au degré de maîtrise que le locuteur a de sa propre variante-source.

‘Le degré de compétence dans chaque langue dépend de la fonction de la langue, c'est-à-dire des usages que le bilingue fait de la langue et des conditions dans lesquelles il l’utilise. Les fonctions peuvent être externes ou internes. (Mackey, 1976 : 375)’