1.1.3.2. Cadre spatio-temporel

Pour le corpus macro, nous avons effectué des enregistrements essentiellement dans trois types de situation.

a) Les repas

Nous avons pu enregistrer au total 4 situations 129 de repas différentes. Trois interactions sur quatre ont été enregistrées sur un support numérique audio uniquement (mini-disc) et la quatrième (repas d’anniversaire d’Anna) sur un support vidéo (caméra mini-DV) et audio (mini‑disc) :

1) Le repas célébrant les fiançailles de Lola et Gilles, le 5 avril 2003 (enregistrement sur K7 audio de 1h) : les deux familles (celle de Lola et celle de Gilles) se rencontrent autour d’un repas chez Anna (mère de Lola) pour célébrer la promesse d’union de leurs enfants. Dans cette interaction, sont présents trois locuteurs d’arménien occidental (Gilles, sa mère et sa sœur) et cinq locuteurs d’arménien oriental (Lola, Lida, Anna, Cathy et Martin).

2) Le repas pour la fête de Pâques, le 19 avril 2003 (enregistrement audio de 4h20) : cette interaction se déroule chez les H, pour célébrer Pâques. Elle a donné lieu à une transcription partielle et à une analyse quantitative et qualitative. A ce repas, sont présents : NZ, et le couple VD-GD du côté occidental, et Cathy, Martin et Julie du côté oriental. Cette interaction se déroule en plusieurs parties : tout d’abord, une première partie avec pour seul locuteur occidental NZ, évêque de l’église arménienne de Lyon, qui est arrivé avant les deux autres convives. Ensuite, à l’arrivée du couple VD-GD, une petite cérémonie religieuse est mise en place par NZ, avant que dans une troisième partie, tous les participants passent à table, et conversent pour le reste de l’interaction autour de différents thèmes. Excepté dans la première partie de l’interaction qui fait l’objet d’une transcription (sous-corpus Pâques, voir Annexe IV), la tendance est aux non-adaptations, chaque locuteur utilisant son propre dialecte, avec parfois quelques interventions en français. C’est la présence d’adaptations de la part des locuteurs OR et des locuteurs OCC qui nous a amenée à centrer notre analyse quantitative et qualitative sur ce sous-corpus. Nous sommes parfaitement consciente du manque de représentativité de cette situation et de l’analyse qui en émerge, qui se base essentiellement sur trois locuteurs (deux orientaux, un occidental), mais la tendance aux non-adaptations a limité les possibilités de sélection de locuteurs adaptants, surtout du côté occidental, puisque sur les cinq enregistrés, un seul (NZ) fait des tentatives d’adaptations, et de façon très restreinte. Ainsi, le passage sélectionné sur toutes les heures d’enregistrements écoutées, est de loin le plus riche en formes adaptées de la part des deux types de locuteurs.

3) Le repas chez les amis D, le 20 mai 2003 (enregistrement audio de 3h) : le couple VD-GD a invité les H à dîner, en la présence une nouvelle fois de l’évêque NZ, et d’un autre couple d’amis. Tous les protagonistes parlent l’arménien occidental, sauf le couple Cathy et Martin. L’interaction se passe majoritairement en arménien occidental ainsi qu’en français. Dans ce sous-corpus, Cathy fait de très nombreuses adaptations à la variante occidentale. Il est à noter que la présence de l’évêque ne semble pas empêcher les autres invités de parler français.

4) Le repas d’anniversaire d’Anna, le 1 er juillet 2003 (enregistrement audio et vidéo de 2h) : Cathy a décidé d’organiser chez elle un repas pour l’anniversaire de sa cousine Anna. Sont présents : Anna, Lola, Lida, Julie, Cathy et Martin pour les locuteurs OR et Gilles, seul locuteur occidental. Ce corpus est encore bien différent des autres puisque de par le type de locuteurs présents, l’économie des choix de langues est particulière. Cet enregistrement a été transcrit de manière partielle (sous-corpus Anna, voir Annexe V) Nous constatons ainsi deux tendances :

  • tendance aux non-adaptations : elle peut facilement s’expliquer par la présence minoritaire mais aussi par son statut (relations verticale et horizontale) du seul locuteur d’arménien occidental (Gilles). Toutefois, il est à noter que très souvent, lorsque certains locuteurs comme Cathy, Martin ou Anna s’adressent directement à lui, ils essayent de produire des adaptations. L’inverse en revanche n’est pas observé ;
  • utilisation massive du français : la seconde tendance porte sur les échanges en français qui sont extrêmement nombreux dans cette interaction et qui s’explique essentiellement par la présence des jeunes locuteurs (Lola, Lida, Julie et Gilles) qui ont toujours eu pour habitude de parler français entre eux. Cette situation se distingue donc des autres par la présence abondante du français.

b) Les bénédictions

Deux fois par an, pour Noël 130 et Pâques, le prêtre de l’église arménienne de Lyon se déplace dans les familles arméniennes qui le souhaitent pour bénir le foyer. Ces bénédictions durent une dizaine de minutes et sont précédées et suivies, en général, de conversations à bâtons rompus, durant lesquelles, les dernières nouvelles personnelles ou générales sont échangées.

Nous avons enregistré ces bénédictions à trois reprises 131 . Deux ont été enregistrées sur un support numérique audio uniquement (mini-disc) et une troisième sur un support vidéo (caméra mini-DV) et audio (mini-disc), sur une période de deux années :

  • pour Nöel, le 9 janvier 2003 (enregistrement audio de 45 min). Cet enregistrement a fait l’objet d’une transcription partielle (sous-corpus Prêtre, voir Annexe VI) ;
  • pour Pâques, le 30 avril 2003 (enregistrement audio de 45 min) ;
  • pour Noël, le 6 janvier 2004 (enregistrement audio et vidéo de 1h).

Le déroulement de ces trois enregistrements est quasi-identique, aussi avons-nous choisi de les regrouper.

Ces trois situations enregistrées avec Cathy, Martin et Julie comme locuteurs OR et le prêtre comme locuteur OCC, sont des illustrations de cas d’adaptations unilatérales. Après les avoir écoutées à plusieurs reprises, nous constatons que le prêtre ne produit aucune adaptation à destination de ses interlocuteurs. Le peu de formes adaptées qui sont émises, et qui ne représentent qu’une minorité des formes présentes dans les trois corpus, le sont exclusivement par Cathy et Martin.

c) Les visites

1) Visite à la boutique de prêt-à-porter de VD le 17 mai 2003, avant le repas du 20 mai 2003, (enregistrement audio de 20 min) : cette interaction se déroule entre Cathy (locutrice d’arménien oriental) et VD (locutrice d’arménien occidental). Julie est également présente, mais elle ne participe que sommairement aux échanges, étant occupée à flaner dans la boutique de VD. Nous avons dans ce dilogue un autre exemple de conversation où l’utilisation du français est abondante, ce code étant le plus souvent amené par VD.

2) Visite chez Chantal, le 30 mars 2005 (enregistrement audio d’1h) : la particularité de cet enregistrement est qu’il aurait dû être effectué en présence d’un locuteur d’arménien occidental (le mari de Chantal), mais un imprévu a fait qu’il ne s’est finalement déroulé qu’en présence de locuteurs parlant tous la variante orientale. Il se déroule entre Cathy, Martin et Chantal, et pourrait servir de corpus témoin, dans lequel ne figure aucune adaptation de la part des locuteurs OR.

Notes
129.

Une cinquième situation avait été enregistrée, mais les locuteurs, ne se sentant pas à l’aise, avaient demandé à mettre un terme à l’enregistrement.

130.

Nöel est célébré chez les Arméniens le 5 janvier au soir et le 6.

131.

Un quatrième enregistrement avait été prévu en janvier 2006, mais un problème technique l’a rendu inexploitable.