2.2. Présentation des groupes de locuteurs et des locuteurs

Dans le chapitre précédent (cf. p.164), nous avons présenté un tableau regroupant la manière dont ont été acquis ou appris les différents codes à disposition de tous les locuteurs présents dans notre corpus micro, ainsi que leur maîtrise actuelle en compréhension et en expression. Rappelons que nous avons deux groupes de locuteurs ayant des parcours et des histoires personnels différents. Tous les locuteurs d’arménien oriental faisant partie du corpus viennent d’Iran. Ils sont arrivés dans les années 79-80, au moment de la Révolution Islamique et ont décidé de reconstruire leur vie en France. En revanche, du côté des locuteurs d’arménien occidental, les origines sont diverses :

  • Gilles et le prêtre viennent de Turquie ;
  • NZ vient du Liban ;
  • le couple VD-GD vient initialement de Roumanie et a vécu quelques années en Algérie avant d’arriver en France.

Nous ne présenterons ici que les locuteurs présents dans les sous-corpus qui ont été choisis :

  • corpus Pâques,
  • corpus Prêtre,
  • corpus Anna.

Comme pour la présentation du corpus, nous conservons une présentation sous forme de fiches descriptives pour ne pas alourdir la lecture. Nous avons là encore repris certains des descripteurs présents dans la base de données CLAPI, et propres aux locuteurs, et nous en avons ajouté d’autres, spécifiques à la situation étudiée ici. Ainsi, nous avons attribué un pseudonyme à chacun des locuteurs, puis nous avons indiqué :

  • l’année de naissance et l’âge au moment des enregistrements : les écarts générationnels peuvent expliquer certains choix de codes, notamment, dans le cas des locuteurs de la plus jeune génération (présents dans le corpus Anna) qui utilisent massivement le français pour communiquer entre eux et un mélange d’arménien et de français pour communiquer avec les parents ;
  • la variante et le lieu de naissance : le lieu de naissance donne par défaut (la plupart du temps) la variante d’origine (orientale ou occidentale) que parle le locuteur ;
  • la situation au moment de l’enregistrement : nous indiquons la profession des participants, qui a une importance pour expliquer par exemple les relations verticale et horizontale que certains locuteurs entretiennent entre eux. C’est le cas dans les corpus Pâques et Prêtre où les choix de codes ou la domination d’un code sur un autre peuvent être expliqués par les relations entre les participants et les professions incarnées par certains (représentants de Dieu) ;
  • locuteur figurant dans le corpus : nous permet de savoir dans quels corpus sont présents les locuteurs ;
  • langues 1, 2, 3 du locuteur : nous rappelons les langues que connaissent les locuteurs. La langue 1 (pour éviter l’expression ambiguë parfois de « langue maternelle ») est la langue qui a été acquise en premier, en général dans la sphère familiale, et qui explique là aussi la variante d’origine du locuteur. La langue 2 est la première langue différente de la langue 1 apprise à l’école (la langue 1 peut avoir été apprise aussi à l’école pour certains locuteurs). Celle-ci est moins parlée voire pas du tout parlée dans la sphère familiale. Quant à la langue 3, lorsqu’elle est mentionnée, elle représente pour la plupart des locuteurs la langue apprise dans le pays d’accueil (la France) au moment de la migration. Il s’agit donc du français, langue parlée pour tout contact extérieur, et qui, selon les locuteurs, envahit de plus en plus la sphère privée ;
  • langue des parents : sert uniquement d’indication pour confirmer la variante d’origine des locuteurs ;
  • lieux de résidence successifs, pays d’origine et âge d’arrivée en France du locuteur : nous permet de savoir le ou les mouvements migratoires qu’a dû effectuer le locuteur, ainsi que le nombre d’années de résidence dans chaque pays, qui pourraient notamment expliquer les difficultés et différences dans la maîtrise des codes.