2.2.1. Locuteurs OR

  • La famille H : composée de quatre membres, dont trois sont présents dans les enregistrements.
    • Cathy

Cathy est un des principaux locuteurs : elle est présente dans tous les enregistrements. L’arménien (littéraire oriental) a toujours fait partie de son cursus scolaire, et elle a appris le français au lycée, durant quelque années, en tant que langue étrangère, bien avant de venir en France. Quant à l’arménien occidental, elle l’a découvert en arrivant en France, lors de ses premiers contacts avec les locuteurs de la diaspora de Lyon (dès 1979). C’est alors au fil des rencontres et des discussions avec eux qu’elle a développé ses connaissances dans cette variante et a repéré certains points de divergence aux niveaux phonologique, morphologique et lexical, qu’elle essaye de réemployer. C’est très certainement ses bonnes compétences dans sa variante d’origine qui lui ont permis de développer cette sensibilité à une autre variante.

  • Martin

Martin est le second locuteur présent dans tous les enregistrements. L’arménien n’a fait partie de ses enseignements qu’à l’école primaire, la suite de ses études ayant été poursuivie en iranien et en anglais. Quant au français, il l’a appris de façon intensive pendant deux ans, une fois arrivé en France, en 1979, à l’université. Comme Cathy, Martin a découvert l’arménien occidental en s’installant en France et en entrant en contact avec les locuteurs déjà présents sur le territoire. Il semble également avoir repéré, comme son épouse, certaines caractéristiques propres à la variante opposée, mais semble moins à l’aise lors de la production de celles-ci, ce qui pourrait, comme précédemment, s’expliquer en partie par le fait que sa base littéraire orientale semble d’emblée plus fragile que celle de Cathy, son enseignement n’ayant duré que pendant l’école primaire.

  • Julie

Julie est la fille de Cathy et Martin. L’acquisition de l’arménien ne s’est faite pour elle qu’au sein de la sphère familiale et n’a jamais été l’objet d’un enseignement extérieur. Elle est la seule locutrice de ce profil. Pratiquement née en France, elle a suivi un parcours scolaire français. Sa maîtrise de l’arménien (oriental) est donc relativement fragile, même si Julie essaye de conserver cette langue au maximum dans les échanges quotidiens avec ses parents. De plus, son usage de l’arménien n’est pas littéraire, mais essentiellement oral (même si elle a certaines compétences en lecture et écriture). S’agissant de la variante occidentale, elle a été en contact avec celle-ci uniquement de manière indirecte, assistant aux discussions entre ses parents ou d’autres locuteurs OR et les membres de la diaspora originelle. Elle n’a jamais eu besoin de la comprendre ou de la pratiquer (elle était représentée et assistée si nécessaire par ses parents qui reformulaient les propos échangés d’un côté ou de l’autre, comme des sortes de traducteurs), ce qui a constitué très longtemps une difficulté majeure pour elle, ses connaissances dans sa variante d’origine étant elles-mêmes fragiles.

  • La famille N : composée à l’origine de quatre membres, dont trois sont présents dans un enregistrement, auxquels il faut ajouter Gilles, locuteur d’arménien occidental, futur époux de Lola au moment des enregistrements.
    • Anna

Anna n’a pratiqué l’arménien que dans sa sphère familiale puis en autodidacte, tout son cursus scolaire s’étant fait en iranien. Elle a commencé à apprendre le français lorsqu’elle résidait encore en Iran, à l’âge de 30 ans, avec un professeur particulier à domicile. Quant à l’arménien occidental, elle possède les mêmes repères que Cathy et Martin, à cette exception près qu’elle s’apprête (au moment des enregistrements) à accueillir au sein de sa famille le futur mari d’une de ses filles, qui parle arménien occidental, avec lequel les contacts avec cette variante sont beaucoup plus fréquents.

  • Lida

Lida, fille aînée d’Anna, a appris l’arménien (oriental) tout d’abord à la maison, son enseignement dans le primaire étant presque fait entièrement en anglais avant d’être complété par de l’iranien, puis par du français à domicile, avant d’arriver en France pour intégrer le collège et poursuivre un cursus classique. Au lycée, elle a eu la possibilité durant trois ans de choisir l’arménien littéraire occidental comme langue en option, pour le présenter à l’épreuve du baccalauréat. Malgré ces connaissances du standard littéraire, elle ne semble pas réellement à l’aise pour employer l’arménien occidental lorsqu’elle est en contact avec des locuteurs OCC (dont le mari de sa sœur), privilégiant l’arménien oriental et le français.

  • Lola

Lola, la fille cadette d’Anna, possède à peu de choses près le même profil que Julie. Elle est née en France, mais entretient un rapport particulier avec l’Iran : son père y résidant la plupart du temps, elle y est retournée très régulièrement, notamment dans son enfance. Durant de nombreux étés, elle a pris des cours particuliers d’arménien oriental et possède une base extrêmement solide, qu’elle a enrichie plus tard en fréquentant la communauté arménienne de Lyon, par l’apprentissage de l’arménien occidental. Cet apprentissage a été complété par une année de cours au lycée pour préparer l’épreuve de langue en option au baccalauréat, mais également et surtout par la rencontre avec son futur mari qui a démultiplié ses contacts avec cette variante. Lola possède ainsi de très bonnes connaissances dans les deux variantes et les pratique extrêmement bien, avec tout de même une préférence pour sa variante d’origine.