3.2.2.2. Ratification d’un interlocuteur : rôle par rapport au(x) destinataire(s) indirect(s) 179

Une autre fonction, se rapprochant de la précédente en ce qu’elle est aussi une technique d’adressage, est l’utilisation des adaptations dans le but de ratifier un locuteur de la variante opposée. Cette stratégie apparaît beaucoup plus rarement que la précédente, parce qu’elle est plus complexe et marquée. En effet, une situation est considérée comme préférée (ou non-marquée) lorsque deux locuteurs de même variante-source l’utilisent pour communiquer ensemble, et non‑préférée (ou marquée), car moins économique, si l’un et/ou l’autre emploient, pour converser, une variante autre. Une telle situation ne pourrait se produire en présence uniquement de locuteurs de la variante-source, sauf par exemple dans des cas particuliers de discours rapportés (un participant rapporte à ses pairs les propos qu’il a entendu dans la variante-cible). Une autre possibilité pour observer un tel emploi non attendu serait alors une situation dans laquelle des locuteurs des deux variantes sont présents. Nous avons vu juste avant que dans un dilogue produit en langue-source devant un interlocuteur dont c’est la langue-cible, ce dernier pouvait se sentir exclu. A l’inverse, un dilogue produit en langue-cible (c'est-à-dire dans sa langue-source) pourrait lui apparaître comme une invitation indirecte à participer à la conversation. Les adaptations apparaissent donc, dans un dilogue, comme des propositions de ratification d’un interlocuteur dialectalement opposé, et peuvent permettre de transformer le dilogue en trilogue si l’interlocuteur accepte d’être ratifié. Comme nous l’avons dit précédemment, il a la possibilité de modifier son statut en passant d’un simple overhearer à un destinataire indirect, voire direct s’il intervient.

Notes
179.

Quand le destinataire direct est de même standard que l’émetteur.