3.3.1. Niveau relationnel

3.3.1.1. Marqueurs de relation verticale ou horizontale

Le fait de conserver sa variante d’origine peut également être un moyen de marquer une certaine distance ou d’endosser un rôle particulier. Par exemple, dans le corpus Pâques, un extrait est particulièrement intéressant à étudier dans ce cadre-là. Il s’agit du dilogue entre NZ et Julie, fille du couple Cathy-Martin. Après une brève adaptation lexicale (vonts, qui signifie « comment » en arménien oriental d’Arménie) pour ratifier Julie comme interlocutrice principale, NZ poursuit tout son échange en conservant l’arménien occidental, face à une locutrice qui ne maîtrise explicitement pas cette variante. La seule explication que nous puissions donner dans un tel cas (NZ possédant clairement une double-compétence dialectale), est qu’en s’adressant à un jeune locuteur d’arménien, il se place dans la peau d’un maître face à son élève. Il adopte alors une langue épurée, non mixte, qu’il maîtrise, et qui est peut-être pour lui, malgré tout, la plus représentative en France de la diaspora arménienne. Il est possible qu’il veuille montrer l’exemple du « bien parler » à un jeune locuteur. Toujours est-il que malgré tout, un tel cas où chaque locuteur maintient sa variante est une preuve supplémentaire que l’intercompréhension est bien effective entre les locuteurs de variantes différentes, même si leur maîtrise des langues est inégale. Il suffit de regarder le dernier échange (l.391-396) de cet extrait, qui montre comment NZ reconstruit dans sa propre variante ce que Julie vient d’énoncer dans sa variante à elle.