4.2. La situation de communication et la relation interpersonnelle

Selon les différents participants qui sont présents dans la situation de communication et selon les relations qu’ils entretiennent, le recours au français est plus ou moins abondant, parce qu’il est plus ou moins bien toléré par les uns et par les autres. Ainsi, dans une conversation familière, par exemple entre amis ou membres de la même famille, avec des liens forts, une histoire familiale, amicale et conversationnelle commune, des valeurs sociales identiques, le CS sera accepté et sera considéré comme un mode de communication à part entière. Alors que dans une situation formelle, avec une relation horizontale et verticale plus distante, le recours au CS sera beaucoup plus contrôlé. Le sous-corpus Anna est à nouveau un bon exemple de la première configuration décrite puisqu’il s’agit d’une interaction enregistrée au sein de la même famille. Ensuite, certains passages du sous-corpus Pâques illustrent bien aussi cette possibilité : il s’agit des passages conversationnels entre la famille H et le couple VD-GD 183 . En revanche, le sous-corpus Prêtre et le reste du sous-corpus Pâques sont des illustrations de la deuxième configuration, avec des exemples de relations formelles et/ou hiérarchiques.

Prenons des extraits du sous-corpus Anna et du sous-corpus Prêtre pour illustrer le contraste entre les deux situations, aisément expliquées par les différences dans la relation interpersonnelle :

Remarque : nous avons pris uniquement quelques exemples isolés, majoritairement arméniens, mais contenant des items français. Nous n’avons pas relevé les passages entièrement (ou majoritairement) en français, qui apparaissent essentiellement lorsque les jeunes discutent ensemble. Ce que nous cherchions à montrer ici, c’est que l’alternance codique est fréquente et est utilisée par tous les protagonistes.

‘[…] in a formal speech situation between persons who have little in common code-switches may be avoided because factors relating to prestige, language loyalty and formality influence the language behaviour in such a way as to concentrate the mind of the speaker on trying to approximate or keep to monolingual standards. (Hoffman, 1991: 113)’
Notes
183.

Le corpus enregistré au magasin de VD entre Cathy et VD est essentiellement en français.