4.4.6. Lacunes lexicales

Dans cette catégorie, nous retrouvons des mots que le locuteur ne connaît pas en arménien ou dont il ne se souvient plus. L’équivalent français agit en tant que bouche-trou lexical (lexical gap filler) : il existe bien un mot approprié dans la langue de base, mais le locuteur ne le maîtrise pas ou ne le s’en souvient plus, il se rabat donc sur l’autre langue.

‘[…] chacun d’entre nous ne peut maîtriser qu’une partie du vocabulaire total de sa langue, et naturellement les domaines rarement activés sont les plus affectés. […] Il arrive souvent qu’un bilingue – comme un unilingue – ait des difficultés à trouver le mot approprié à une situation de communication. Dans la mesure où il maîtrise moins bien une de ses langues dans certains domaines, ou simplement où il l’utilise moins souvent dans ces domaines, ce genre de difficultés peut devenir relativement fréquent. Les moyens de les surmonter sont fondamentalement les mêmes que ceux qui s’offrent à l’unilingue (lequel peut parfaitement faire aussi appel à des connaissances de langue étrangère), à cette différence près que le bilingue a l’avantage appréciable de pouvoir mettre en œuvre son second lexique quand la situation le permet. (Lüdi & Py, 1988 : 149)’

Le relevé de ces quelques exemples nous a permis de constater que le phénomène d’alternance codique entre le français et l’arménien dépend d’un faisceau de facteurs indissociables les uns des autres, comme la maîtrise de la langue, l’âge des participants, la situation interactionnelle ou les relations entre les protagonistes. D’un point de vue général, les jeunes locuteurs sont ceux qui s’expriment le plus fréquemment en français. Enfin, parmi les fonctions conversationnelles que peut endosser le CS, il semble que la catégorie la plus importante est celle des lacunes lexicales. Il est certain que ces premières ébauches mériteraient d’être approfondies dans un autre travail se consacrant entièrement au code-switching français-arménien.