2.3.1.2 Préoccupations linguistiques

Lorsque nous analysons les recherches effectuées concernant la production écrite en L2 il ressort « que les aspects linguistiques constituent une préoccupation importante pour les scripteurs… » (Lefrançois, 2001). Par exemple, Whalen & Ménard (1995, p. 399) nous rapportent que même si la grande majorité des révisions est effectuée au niveau linguistique en L1 et en L2, en L2 la fréquence des ces révisions augmentent de 10%. Ils ajoutent que ces scripteurs révisent 5 fois plus au niveau morphémique et 5 fois plus au niveau de l’orthographe (p.402).

D’autres recherches viennent compléter ce constat concernant les préoccupations linguistiques : L’étude de Devine & al. (1993) montre que les scripteurs placent l’exactitude grammaticale et orthographique comme étant le concept principal de la « bonne écriture » (p.208). Ainsi un apprenant de L1 affirme que pour lui “écrire bien” c’est : « écrire d’une manière cohérente, grammaticalement correct. » (p.209). A la question “Que voudrais-tu améliorer dans tes écrits ? “, un apprenant de L2 répond qu’il voudrait « améliorer les fautes qu’[il fait] dans le temps des verbes. » (p.209). Une autre apprenante de L2 toujours, « au lieu de penser la révision en termes de son contenu, elle le définit exclusivement en termes de grammaire et d’exactitude. » (p.210) et dit « Je le [le texte] lis et je corrige d’abord les fautes de grammaire et d’orthographe…Je vérifie les parties [du texte] et j’essaie de corriger les fautes. » (ibid.).

Ainsi, il est clair que les apprentis-scripteurs, et plus particulièrement ceux de langue étrangère, se focalisent davantage sur la structure de surface. Cette constante vérification des règles morpho-syntaxiques ou la constante recherche des mots appropriés devient alors une contrainte pour les processus de haut niveau car les apprenants négligent ces derniers au détriment des premiers.

Selon Gaonac’h (1990, p.48), ceci est dû à une faible ou insuffisante automatisation des processus de bas niveau qui permettent par exemple d’appliquer spontanément les règles orthographiques. Or, pour pouvoir mettre en œuvre des stratégies de communication et être compris sans ambiguïtés, l’apprenant doit avoir suffisamment automatisés ces opérations (Pendanx, 1998, p.109) qui permettront à leur tour la bonne conduite des opérations de haut niveau.

Certes, ce n’est pas parce que l’on connaît les règles de grammaire et le vocabulaire que l’on sait écrire mais, en expression écrite leur manifestation est primordiale afin d’atteindre le produit fini qu’est le texte car ces aspects de la langue : 1) affectent la qualités des textes ; 2) permettent le transfert des stratégies.