1. La qualité des textes produits :

A l’écrit, « Contrairement à ce qui se passe dans l’ordre de l’oral, [la composante linguistique] ne bénéficie pas, […], de la présence des autres composantes non verbales ou situationnelles. Le savoir linguistique doit être à même de compenser des absences. » (Dabène, 1987, p.43). C’est-à-dire que les éléments spécifiques à la communication verbale tels les gestes, les mimiques, l’intonation, les données perceptibles (montrer les choses, les personnes dont on parle), l’interlocuteur et par conséquent sa rétroaction étant absents, le scripteur à l’inverse du locuteur se doit être plus claire, plus compréhensible, plus explicite pour exprimer ses idées en usant d’ « un répertoire linguistique plus étendu et plus diversifié » (Simard, 1992, p.286) ainsi qu’en respectant les normes de la langue écrite. Ce sont ces éléments qui contribueront à la qualité des textes produits : plus le savoir linguistique de l’apprenant sera développé, plus la qualité de son texte sera meilleure. Par qualité d’un texte, nous entendons un texte ayant une quantité d’informations suffisantes et linguistiquement bien structurées par l’intermédiaire d’une compétence langagière constituée :

1. Du lexique : Mesuré en termes de variété, de richesse, de spécifité, « Les qualités souvent mentionnées à [l’égard du lexique] sont l’exactitude, la correction et l’adéquation. Le scripteur doit bien choisir des mots en fonction des contenus à véhiculer, de l’entourage linguistique dans lesquels il les place et de la situation de communication où s’insère son discours. » (ibid., p.280).

2. De l’orthographe : Il est un aspect important de la production écrite car les fautes d’orthographe sont celles qui se remarquent le plus à travers le texte. Son non respect peut entraîner à la dévalorisation du message que véhicule le texte, peut poser des problèmes de lecture, de mal compréhension et même d’incompréhension.

On distingue l’orthographe lexicale, qui concerne la manière d’écrire les mots tels on les trouve dans le dictionnaire, et l’orthographe grammaticale qui concerne l’application des règles de grammaire.

3. De la morpho-syntaxe : La morpho-syntaxe, composante de la grammaire d’une langue, s’occupe des ensembles des règles qui régissent l’ordre des mots dans la phrase et des morphèmes grammaticaux flexionnelles. Cers derniers constituent les marqueurs des traits grammaticaux que sont la variation en genre et en nombre de l’adjectif et du substantif, la variation en personne, temps, mode et aspect des verbes.

La morpho-syntaxe est un aspect important de la production mais surtout de la production écrite où les normes de la langue écrite sont particulièrement à respecter du fait de son caractère différé. Dans une communication différée dans le temps, la mobilisation des outils grammaticaux de manière correcte permettra la transmission d’un message au contenu clair, explicite. Dans une communication verbale, même si une grammaire erronée peut entraîner à une mal compréhension, le partage de la situation d’énonciation entre les interlocuteurs permettra, en général, d’y remédier.

Ainsi, les apprentis-scripteurs « doivent avoir un niveau raisonnable de connaissances lexicomorphosyntaxiques en L2 pour traduire leurs idées dans une forme linguistique acceptable. » (Whalen & Ménard, 1995, p.382). Beaucoup de chercheurs s’accordent à dire qu’une compétence linguistique en L2 déterminerait davantage la qualité d’un texte (Pennigton et So, 1993, p.54 ; Cumming, 1989, p.121), qu’une compétence linguistique insuffisante ne peut permettre l’achèvement de la tâche (Devine et al., 1993, p.128) ou, même si elle s’achève, ne maintiendra pas la norme de l’écriture de la L1 car la quantité d’informations sera réduite, la syntaxe simplifiée (Kobayashi & Rinnert, 1992, p.185). En effet, l’expression étant associée à un savoir lexical, orthographique ou morphosyntaxique, pendant leur production, les apprenants dotés d’un savoir linguistique insuffisant optent pour diminuer les informations à passer car un tel choix leur permet d’user d’un vocabulaire restreint et d’une syntaxe moins complexe ; alors que les apprenants dotés d’un savoir linguistique suffisant peuvent maintenir leur niveau de rédaction de leur langue maternelle.