2.3.2.3. Les besoins du scripteur

Lors de la tâche rédactionnelle, les apprenants ressentent essentiellement des besoins d’ordre linguistique, référentiel et motivationnel.

1. D’ordre linguistique :

Le savoir linguistique constitue un aspect important de l’expression écrite tant au niveau de la qualité des textes que la réalisation des transferts du processus de rédaction. Le scripteur, qui souhaite écrire de façon à s’exprimer avec clarté tout en transmettant son contenu textuel à l’aide de ses habiletés rédactionnelles, doit se doter d’un bagage linguistique.

Or, lors de l’étude des recherches effectuées dans le domaine de la production écrite en langue étrangère, il est constaté que même « les scripteurs avancés en L2 sont encore dérangés par des considérations linguistiques… » (Lefrançois, 2001) : quelque soit leur niveau de maîtrise de la langue cible, ce savoir demeure toujours un besoin indispensable pour les apprenants.

C’est pourquoi, nous pensons, qu’hormis le cours de grammaire, le cours d’expression écrite lui-même devrait répondre à ce besoin et qu’une partie de son enseignement doit consister à développer ces processus de bas-niveau. Et ceci, non pas en se bornant à un enseignement traditionnel de la grammaire, de l’orthographe ou du vocabulaire à travers des exercices dits classiques (exercices à trous,…) mais en familiarisant l’apprenant avec les règles linguistiques, en les lui rappelant de manière à ce qu’il puisse écrire de manière plus satisfaisante.

D’ailleurs, à ce propos Bisaillon (1991, p.1-2) note que la performance des apprenants en situation d’exercices à trous visant à vérifier l’acquisition d’une règle grammaticale et leur performance lors de l’application de ces règles en situation d’écriture diffère beaucoup. Effectivement, « plusieurs étudiants qui ont des résultats satisfaisants (80% et plus) en situation d’exercice semblent tout oublier en situation d’écriture libre…[qui consiste à écrire] librement sur un sujet imposé ou non. » (ibid.). Simard (1983, cité par Bisaillon, ibid.) en conclut de même dans ses recherches concernant la maîtrise de l’orthographe.

Suite à cela, nous proposerons ici quelques pratiques qui pourraient aider le scripteur en matière de linguistique pour accomplir sa tâche rédactionnelle :

  • Rappeler des points de grammaire : Selon les notions de grammaire à utiliser lors de la rédaction, l’enseignant pourrait en faire un rappel en classe en assurant une interaction avec et entre les apprenants. Par exemple, s’il est question d’écrire un texte au passé, au lieu de leur fournir les règles, il leur demandera avec quels temps on s’exprime au passé, quelles sont les différences entre le passé simple, le passé composé et l’imparfait, comment on forme ces temps…
  • Faire de l’expression écrite dirigée : Avant de conduire les scripteurs à de l’expression écrite libre, l’enseignant pourrait d’abord les faire travailler à l’aide de canevas. Par exemple, en leur fournissant une liste de vocabulaire en rapport avec le sujet, en préparant le plan du texte à produire ensemble….
  • Créer une liste de vocabulaire : Selon le sujet de rédaction, l’enseignant pourrait faire faire un remue-méninges en classe à propos du lexique. Ces mots pourraient également être recopiés dans un cahier et lorsque l’apprenant sera devant une production libre, il le consulterait au besoin.
  • Usage d’ouvrage de référence : Il faudrait inciter les scripteurs à utiliser des ouvrages de références que ceci soit pour la grammaire, l’orthographe ou le vocabulaire. Le dictionnaire ou la grammaire, par exemple, sont d’une aide précieuse car beaucoup de réponses à leur question s’y trouvent. Cependant, il est aussi vrai que certains scripteurs ne sachant les utiliser, ne réussissent pas à trouver ce qu’il cherche. Dans ce cas, il revient à l’enseignant de leur apprendre à utiliser un ouvrage de référence.
  • Intervention de l’enseignant : Pour l’apprenant « le facteur humain demeure un élément important. » (Fortier & Préfontaine, 1989, p.296). Recevoir une aide personnalisée d’un lecteur extérieur et particulièrement de son enseignant lui semble plus bénéfique car selon lui ce dernier est celui qui connaît mieux la langue, celui qui peut lui répondre le plus clairement et la solution qu’il apportera sera directement adaptée à son besoin. De plus, « le moment de l’intervention auprès d’un scripteur qui a besoin d’aide étant très important, presque autant que l’aide elle-même. » (ibid., p.293), si cette intervention survient au même moment où il en a besoin, par exemple « lorsqu’il cherche des mots pour exposer ses idées » (ibid.), l’aide de l’enseignant devient des plus précieuses.

Cependant, cette intervention n’est possible qu’en classe et lors des devoirs à faire à la maison l’apprenant n’aura sous la main que ses ouvrages de références.