3.1.4. Les Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication : Internet

Depuis que l’enseignement des langues s’est dirigé, à partir des années 70, vers une approche dite communicative qui engage avec elle des exigences que tout outil pédagogique se doit d’assumer, l’objectif de tout cours de langue est d’entraîner l’apprenant à acquérir une compétence de communication. Cependant, en dépit de l’espace clos de la salle de classe qui transforme les apprenants en récepteurs passifs, ces exigences et cet objectif communicatif ont toujours eu du mal à se concrétiser jusqu’à l’avènement des Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication (NTIC) au début des années 90.

Les NTIC, qui

‘« regroupent tous les outils permettant d’utiliser, de transférer ou de partager des données numériques (textes, images, sons…) à partir de Cdrom, à travers des réseaux locaux ou le monde via Internet, […] permettent une plus grande diffusibilité de l’information, une interactivité, un asynchronisme, [un synchronisme] et peuvent favoriser aussi bien le travail individuel (autoformation) que le travail collectif. » (Denef, 2001, p.41). ’

Ainsi sont exclus des NTIC les divers outils tels le téléviseur, le magnétophone, le magnétoscope, le caméscope… qui ont certes également réduit les barrières de la communication et de l’information mais pas de manière si foudroyante, si “saisissante” que l’ont fait les outils NTIC. A ce propos Dieuzeide (1994, p.13-14) affirme que ces premiers outils font partie de la panoplie de la Technologie de l’Information et de la Communication (TIC) et non des NTIC et se justifie par le fait que la différence fondamentale entre ces deux concepts réside dans :

‘« L’accroissement considérable de vitesse et de puissance dans la capacité d’enregistrement, de stockage et de représentation de l’information écrite et visuelle grâce à la miniaturisation, la portabilité, la numérisation et la compression […] [tel le Cdrom] qui entraînent une présence croissante des messages textuels, sonores et visuels dans vie quotidienne. » (ibid, p.14). ’

Par conséquent dans la panoplie des NTIC, qui, une fois intégrées dans l’éducation, ont pris pour nom TICE (Technologies de l’Information et de la Communication pour l’Enseignement), se trouvent les outils comme la télévision numérique, le câble, le téléphone portable, l’ordinateur portable, les satellites et bien sûr le réseau Internet. Cependant, dans le contexte de l’émergence de ces nouvelles technologies dans l’enseignement des langues, c’est davantage ce dernier outil, c’est-à-dire Internet, qui a réussi à concrétiser le mieux les exigences de l’approche communicative dans les salles de classe.

Effectivement, Internet, qui est « un nouveau média interactif, dont la particularité par rapport à l’écrit, la radio et la télévision, est de comprimer dans un temps plus restreint, et dans un espace compacté, un grand nombre de canaux de communication humaine : l’image, l’écrit, le son, la vidéo, etc. » (Joël de Rosnay, cité par Tomé, 1999), étaye les principales caractéristiques de l’approche communicative car il permet par le biais de ses services de communication synchrones (chat, visioconférence) et asynchrones (courrier électronique), de documentation (Web) :

Brammerts & Calvert (2002, p.31) écrivent à propos de la communication via Internet qu’ :

‘« On a toutes les chances d’accroître la motivation d’apprendre : en effet, d’une part les partenaires communiquent avec un vrai natif et prennent plaisir à discuter de sujets qu’ils ont librement choisis ensemble, et d’autre part il s’agit d’un apprentissage par la pratique qui peut se dérouler sans pressions extérieurs et qui permet de vivre dans l’immédiat les progrès réalisés. ». ’ ‘« de former des utilisateurs autonomes capables de fonctionner de manière efficace dans les situations auxquelles ils se trouvent confrontés, de satisfaire au mieux leurs besoins de communication langagière, c’est-à-dire de devenir membres d’une communauté de discours. » (Bisaillon, 1995, citée par Blin, 1998, p.218). ’

Avec ses moyens de communication entre natifs, Internet exploite largement ce concept puisque c’est à l’apprenant que revient de prendre les décisions au sujet de son apprentissage ; il se fixe des objectifs et réfléchit aux différentes manières de les atteindre en collaboration avec un partenaire (Brammerts, 2002, p.23).

Par conséquent, sont des documents authentiques les courriers électroniques reçus d’un natif mais aussi les textes (oraux ou écrits) que l’on trouve sur le Web.

Donc, nous voyons qu’un nouvel outil pédagogique est venu s’ajouter à l’enseignement / apprentissage des langues étrangères et que par ce biais l’ordinateur est encore une fois présent. Mais en fait, ce qui est une réelle nouveauté pour la didactique des langues c’est que, pour la première fois, un outil technologique est venu faciliter et promouvoir l’apprentissage en se référant à une méthodologie : l’approche communicative. Effectivement, l’usage de l’ordinateur puis celui d’Internet date, par ordre, des années 80 et des années 90, alors que l’apparition de l’approche communicative date des années 70. Or, jusqu’à lors, c’était en fonction des technologies que naissaient les méthodologies telle la méthode audio-orale qui s’est révélée avec l’apparition des magnétophones. Comme le dit Germain (Préface de Desmarais, 1998, p.12) : « La technologie, cette fois, est venue se greffer, tant bien que mal, à une approche préalablement constituée. ».

Sans Internet, l’ordinateur occupait déjà une place importante dans la didactique des langues ; avec Internet, il est devenu un outil primordial de communication, de vitesse, de recherche, de documentation et de publication. Il a beaucoup profité à l’enseignant de langue et à l’acquisition des quatre compétences (compréhension et production écrite/orale), mais « C’est sur le plan de la production écrite que l’ordinateur a été surtout utilisé, d’abord pour l’enseignement de la production écrite en langues maternelles, puis non maternelles. » (Desmarais, 1998, p.71).

Dans la suite de notre recherche c’est de cette assistance de l’ordinateur pour la production écrite en L2 que nous traiterons puisque c’est cette discipline qui motive notre recherche.