Chapitre un : Des catastrophes fondatrices

La variété régionale des situations conduit à envisager plusieurs exemples de volcans actifs, considérés comme les plus éloquents d’un archipel qui en compte une centaine au total. Certaines des catastrophes qui vont être présentées ici ont été suffisamment menaçantes pour nécessiter une évacuation (monts Unzen et Usu, Miyake-jima). La plupart sont parmi celles qui ont marqué les trois dernières décennies, pour pouvoir les traiter dans un contexte social46 cohérent et homogène. Néanmoins, les éruptions se succédant aux mêmes endroits, certaines catastrophes anciennes seront aussi évoquées, car elles participent de la toile de fond des épisodes récents, comme au Sakurajima. Ces épisodes sont « fondateurs » à plus d’un titre, tant pour charpenter ce travail de thèse que pour délimiter des territoires du risque volcanique au Japon.

D’autres volcans actifs seront aussi évoqués au fil de la thèse, sans être présentés en détail dans cette première partie : ils seront mobilisés moins pour le caractère catastrophique de leur activité récente que pour leur contribution ponctuelle à la démonstration, en raison les particularités de la vulnérabilité à leurs abords (Asama-yama), pour les contre-mesures qui leurs sont dédiées (Komaga-take, Fuji-san), ou encore les représentations et des pratiques dont ils font l’objet (Osore-zan).

Outre cette géographie variable du corpus, il convient de signaler aussi que certains des « grands » volcans de l’archipel ont été délibérément laissés de côté, bien que l’intensité (Bandai), la durée de retour (Aso-san), parfois l’actualité de leurs éruptions (Izu-Ôshima) en fissent de bons candidats à l’étude. Le trop grand éloignement ou l’absence de peuplement (Tori-shima), les opportunités du terrain aussi (volcans du Tôhoku), expliquent leur minime prise en compte dans le corpus. Ils seront présentés brièvement dans cette introduction. Malgré tout les volcans sélectionnés pour une étude détaillée donnent bien une vision représentative des situations dans l’archipel, entre les volcans proches du centre et ceux qui sont périphériques, ceux qui ont des cycles éruptifs à « durée humaine » et ceux qui ne se manifestent qu’à plusieurs siècles d’intervalle, ceux qui sont attractifs et ceux qui sont plus confidentiels.

Pour des raisons pragmatiques, il était impossible d’envisager de traiter de manière exhaustive la centaine d’édifices actifs de l’archipel, ce qui a conduit à faire des choix et à remettre à plus tard l’étude de certains d’entre eux, qui ont pourtant connu des éruptions historiques majeures (mont Bandai, 1888, Kuchinoerabu-jima, 1930), des réveils avortés (mont Iwate, 1999), ou bien encore font l’objet de pèlerinages (Ontake-san, Haku-san). Au total une majorité des volcans quaternaires japonais ne sera pas évoquée, notamment parmi ceux dont l’activité trop épisodique ou ancienne reste peu audible pour la société et ne donne pas matière à une réflexion sur l’interface.

Notes
46.

Au sens le plus large, incluant l’état de la science, le cadre politique, etc.