Le Japon ferme le continent asiatique en face de la Russie, de la péninsule coréenne et de la Chine. Il possède une morphologie d’ensemble dentelée et filiforme, qui s’étire sur près de 3 000 km de l’archipel des Kouriles au nord-est à celui de Yaeyama 八重山列島au sud-ouest, sans dépasser 400 km de large dans la partie la plus épaisse de l’île principale. L’archipel est volcanique et fait partie du cercle de feu péripacifique, une ceinture tectonique qui regroupe l’essentiel des subductions océaniques de la planète, accapare deux tiers des volcans holocènes, 80% de l’énergie sismique libérée et 90% des volcans actifs du globe95.
Tandis que la bordure américaine du Pacifique est assez simplement organisée, avec une subduction compressive donnant naissance à des cordillères quasiment ininterrompues de la Terre de feu à l’Alaska, le côté asiatique, lui, présente une structure beaucoup plus complexe et morcelée, sujette à des interprétations divergentes. Sur la carte 2-1, on peut observer que la délimitation des plaques océaniques ne pose pas de problème, puisque celles-ci sont rendues manifestes par des subductions. Au niveau des plaques continentales, par contre, les modèles diffèrent. Pour le seul Japon, la position de la césure est tantôt localisée au milieu de Hokkaidô (cartons 1 et 2), tantôt dans la partie médiane de Honshû 本州, l’île principale. Les interprétations n°1, 4 et 5 suggèrent également l’existence d’une cassure régionale au niveau de Kyûshû. En tout, la formation de l’archipel japonais met en jeu au moins quatre plaques tectoniques, avec une subduction mixte96 : elle est compressive au droit d’une mer du Japon (日本海 / mer de l’Est) en cours de fermeture, mais extensive plus au sud avec des bassins qui s’ouvrent en arrière-arc (Ryûkyû 琉球列島, Ogasawara-Bonin 小笠原-ボニン諸島).
La disposition des volcans, les produits éruptifs et les aléas induits reflètent cette configuration hétérogène dans laquelle plusieurs plaques océaniques sont subduites sous la marge eurasiatique. L’échelle moyenne est la mieux connue, car l’analyse méso-géographique permet la description topographique et l’observation des manifestations éruptives. Pour mieux replacer ces données acquises par les volcanologues dans leur contexte d’ensemble et en montrer les limites dans le détail, les facteurs d’aléa seront présentés d’abord à l’échelle d’ensemble avec la géodynamique régionale, ensuite par une classification des manifestations possibles selon les types d’éruptions, et enfin à travers les cas particuliers locaux. La description de la topographie, notamment volcanique, de l’archipel, précèdera l’explication de la structure tectonique qui a contribué à lui donner ses volumes actuels.
Mazzotti (1999), Siebert et Simkin (2002-).
Cf. Jolivet (2003) et Lallemand (2005) pour une description détaillée de ces deux styles de subductions.