I. Deux visages de la vulnérabilité : parcs naturels et îles-volcans 

Si le volcanisme à dominante andésitique caractéristique de toute la ceinture de feu est potentiellement redoutable. Cela ne se traduit pas nécessairement par un niveau de risque élevé, car la majorité des volcans actifs japonais est située dans des zones de faible densité démographique, comme le montre la carte 3-1. Les cratères actifs sont à l’écart des villes, qui regroupent actuellement plus de 86% de la population139. Cette configuration exclut une vulnérabilité du type de celle de Quito ou encore du Vésuve, par exemple. Les seules exceptions qui portent ombrage à une ville de plus de 500 000 habitants, déjà évoquées, sont des cas particuliers : le Sakurajima, face à Kagoshima, a une activité quasi permanente mais d’intensité assez modérée, tandis que le mont Fuji est assoupi depuis trois cents ans. Plusieurs volcans actifs font même partie des « cent lieux les plus reculés du Japon d’aujourd’hui », un catalogue proposé dans le numéro de septembre 1989 de la revue Tabi旅 (« Voyage ») du tour opérateur JTB140 : le massif des Daisetsu-zan (Tokachi-dake), le Mont Osore, Aoga-shima, le Mont Aso, les archipels de Mishima (Satsuma Iô-jima) et des Tokara (Suwanose-jima).

La carte montre aussi immédiatement les conséquences de l’émiettement insulaire : les petites îles volcaniques, bordées par l’océan pacifique ou la mer de Chine, constituent d’abord un risque local et bien délimité. Si la connexité de V. November pouvait être quantifiée par un indice synthétique, la valeur des éruptions dans ces îles resterait très faible. Au contraire, les éruptions des volcans du Hondo peuvent avoir des répercussions plus lointaines, comme le rappelle l’extension des dépôts des plus grandes éruptions (cf. carte 2-3). Le cas des îles éloignées (ritô) sera donc abordé séparément.

Carte 3-1 – Volcans actifs et densités de peuplement en 2005
Carte 3-1 – Volcans actifs et densités de peuplement en 2005

Notes
139.

Il s’agit de la valeur pour les « villes » au sens statistique, shi 市, au recensement de 2005. Théoriquement les shi comptent au moins 50 000 habitants agglomérés, mais en pratique c’est parfois beaucoup moins, et certaines s’apparentent plus à des campagnes. Il faut garder en tête le taux de l’année 2000 (78,6%), car depuis cette date un important mouvement de regroupement communal (cf. troisième partie de ce chapitre p.123) a conduit à la création de shi sans que la population totale, la densité ni le solde migratoire ne progressent réellement.

140.

Cité dans Wikipedia Japon, articleNihon no hikyô hyaku sen 日本の秘境百選
(http://ja.wikipedia.org). On peut s’interroger sur le caractère « inexploré » et « reculé » d’un lieu évoqué par un magazine touristique, et sur les critères de classement retenus… Par expérience personnelle, ces six volcans sont indéniablement malaisés à atteindre, peu peuplés et/ou partiellement interdits d’accès. Depuis 2006 un site internet recense les cent, avec une trentaine d’autres listes de « cent…. » représentatifs : paysages, festivals, quartiers… (http://japan100selection.net/Hikyo.html). Ces collections ont été popularisées par l’ouvrage de Fukada Kyûya 深田久弥(1903-1971), Nihon hyaku meizan 日本 百名山(« Cent célèbres montagnes du Japon », publié en 1964). Les estampes paysagères utilisaient aussi largement ce principe de la collection et de la série thématique.