3. Un refus du zonage persistant

Les « cartes de prévention » japonaises s’apparentent aux « cartes informatives des phénomènes naturels » des Plans de Prévention des Risques203, mais ne présentent donc ni une échelle d’aléa, ni les enjeux, ni le potentiel d’endommagement qui font partie intégrante de la cartographie menant au plan de zonage français, comme dans le projet de PPR volcan pour la Martinique par exemple ou dans les cartes de risques volcaniques ailleurs dans le monde204. Leur parti pris délibéré, transposant la philosophie du roseau (ployer, et non résister ou consolider), est de ne pas assigner de zonage à l’occupation de l’espace. On peut considérer qu’il s’agit d’un point fort, dans la mesure où il n’y a guère d’autre issue que de quitter les lieux, en cas d’éruption explosive dont l’évolution reste difficilement prévisible. Mais ce choix évacue aussi le problème de la définition ou de la négociation des limites du zonage en secteur urbain, souvent soumises à des pressions contradictoires, et laisse libre cours au développement.

Aussi incroyable que la situation apparaisse, dans un pays réputé tant pour ses aléas naturels que pour ses performances technologiques, il n’existe donc pas au Japon de législation coercitive en matière de zonage de l’occupation du sol dans les secteurs à risques. Les périmètres sabô rentrent toutefois dans la juridiction publique, qui permet tout de même de transformer radicalement leur occupation et leur utilisation (cf. infra). Les seules limites proposées sur le papier des cartes de risques semblent intangibles, puisqu’elles décrivent avant tout des phénomènes passés, ou des distances temps.

Notes
203.

Garry (1997).

204.

Lavigne (1998), Thouret (2002).